Lors d’une table ronde organisée vendredi 14 décembre à Tunis, par l’Union nationale de la femme tunisienne, le secrétaire général adjoint de l’Union nationale des syndicats des forces de la sureté tunisienne, Mourad Ben Othman, a dévoilé que 10% des terroristes en Tunisie sont des femmes dont l’âge varie entre 14 ans et 35 ans.
De victime en active du terrorisme
Présentant le cadre de cette rencontre qui portait sur la prévention et la lutte contre la participation de la femme aux activités terroristes, la présidente de l’UNFT, Mme Radhia Jéribi, a mis en garde contre ce revirement inquiétant illustré par la transformation de la femme, de victime de terrorisme et de violence, en terroriste active et productrice de violence. Elle a évoqué le cas de la femme terroriste ayant participé, en 2012, à l’opération terroriste de Oued Ellil, aux environs de Tunis, et qui s’était servi de son enfant en bas âge, comme bouclier humain, en tirant sur les forces de l’ordre assiégeant sa maison. Elle a signalé aussi le cas de la terroriste qui s’est fait exploser fin octobre dernier dans le Centre ville de Tunis.
La déception et la précarité
Se référant à l’expérience de l’Organisation féminine dans le traitement de quelques cas de femmes en passe de bousculer dans le terrorisme, elle a attribué ce dérapage, principalement, à la déception, la précarité et la marginalisation. Elle a estimé que la lutte contre le terrorisme au féminin et de façon générale commande d’agir sur ces causes, dans le cadre d’une action collective tous azimuts, économique, sociale, éducative, religieuse, sécuritaire et judiciaire.
Irrécupérables !
Dans sa communication, le secrétaire général adjoint de l’Union nationale des syndicats des forces de la sureté nationales a insisté sur l’importance de la prévention, car, a-t-il dit, quand la personne s’engage dans la voie du terrorisme actif, elle devient irréparable et irrécupérable, comme l’atteste le cas des terroristes de 2006 de l’opération de Soliman, qui après avoir été graciés et aidés par l’Etat pour se réintégrer dans la société, ont récidivé et rejoint les rangs des nouvelles mouvances terroristes. Il a estimé que ces terroristes sont des ennemis de la société et de la patrie et qu’il faut les combattre sans merci, notant que la Tunisie a acquis une expérience très riche en matière de lutte contre le terrorisme au point que la garde nationale tunisienne est classée première dans le monde, sur ce plan.
Chercher la femme
Mourad Ben Othaman a signalé que les femmes deviennent terroristes sous l’influence d’individus déjà engagés dans cette voie et auxquels ces femmes sont particulièrement attachées, comme leurs frères, leurs maris ou leurs amis, tandis que le recrutement des femmes par les groupes terroristes est confié essentiellement à des femmes comme elles, dévouées à leur cause.
L’accent a été mis, en outre, sur les risques encourus dans ce domaine par les enfants en situation précaire, comme les enfants d’époux terroristes tués ou incarcérés, car, outre leur situation socioéconomique précaire, ces enfants nés à l’étranger dans des foyens de conflits comme la Syrie et la Libye n’ont pas d’identité officielle. Mourad Ben Othaman en a signalé quelques uns en Syrie dont le père est incarcéré en Tunisie et la mère, en liberté, se trouve aussi en Tunisie.
Le président de l’Association d’amitié tuniso-franco libyenne, Jamel Karouani, présent à la rencontre, a indiqué qu’il en existe près d’une centaine d’enfants tunisiens dans cette situation en Libye, dans un centre de rétention spécial.
Il a évoqué aussi les risques auxquels sont exposés, dans ce domaine, les jeunes tunisiens et maghrébins, en général, en France, signalant la multiplicité des mosquées anarchiques et informelles ouvertes dans des garages et dépôts du genre, dans ce pays, qui servent à endoctriner et à recruter ces jeunes tunisiens et maghrébins, notamment ceux qui se trouvent dans des situations précaires, à l’instar de l’auteur de la dernière fusillade dans la ville française de Strasbourg. Il a indiqué que ces mosquées anarchiques servent aussi à collecter de l’argent pour la cause terroriste, déplorant le laxisme des autorités françaises, sur ce plan.
Salah Ben Hamadi