TUNIS – UNIVERSNEWS Dans un contexte international -et même national, marqué par deux phénomènes politiques qui prennent le dessus, à savoir les élections américaines, européennes avec, aussi, les présidentielles tunisiennes, en fin d’année, et les problèmes économiques qui sont, sûrement, le baromètre pour évaluer l’action de tel ou tel candidat.
La Tunisie qui est en train de subir le fardeau d’une décennie noire dirigée par l’islamisme politique semble ne pas pouvoir se sortir du bourbier, même en comptant sur ses propres moyens… puisque ses citoyens devront bûcher plus dur et le pays a besoin de pas moins de 16 milliards de dinars pour boucler l’année 2024.
Cette année sera marquée, principalement, par cette question des élections, en particulier aux Etats Unis où les candidats à la présidentielle seront à la merci des lobbies d’influence, surtout israéliens. Ce qui met le pays dans de mauvais draps qu’on le veuille ou non.
Pour l’Europe, les élections au parlement de cette entité auront comme premier casse-tête la question de l’immigration illégale et, comme on le sait, la Tunisie est au premier plan, puisque le Vieux continent veut en faire le dépotoir de l’Afrique et une zone d’accueil et de résidence pour les Subsahariens… ce qui n’est pas pour servir ses intérêts, aussi. Et tout cela ne peut que faire présager d’une année des plus dures pour une Tunisie ballotée à tous vents… et qui doit attendre la fin de l’année pour les élections présidentielles, avec tous les développements possibles.
Si les facteurs socio-politiques dégradés sont déterminés selon les appréciations, les données économiques demeurent quant à elles essentielles et les chiffres sont évidemment têtus, objectifs et n’acceptent aucune interprétation…!!!
Certains tirent la sonnette d’alarme, alors que d’autres, selon leur appartenance et leur affiliation, tentent d’estomper la réalité des choses et concentrent leur attention, uniquement, sur certains côtés positifs… qui n’en sont pas, si on approfondit l’analyse.
Toutefois, Je me contente de me référer à l’analyse exhaustive de l’incontestable économiste de renommée, Hechmi Alaya qui évoque en détails ce qui a été fait et le résultat qui a été atteint. Il juge que le bilan économique est affligeant.
Croissance au niveau zéro, inflation épique, chômage élevé, finances publiques en déconfiture, dette insoutenable, attractivité grandement fissurée, pays qui se dévitalise de ses compétences… en un mot, un pays au bord de la rupture. Il a énuméré et développé les maux de cette économie, durant l’année 2023, avec des projections sur l’avenir du pays.
1 – CROISSANCE ÉCONOMIQUE L’économie tunisienne bascule en récession. La Tunisie s’achemine vers un nouveau recul de la croissance au 4ème trimestre, si bien que la croissance 2023 devrait être proche de zéro
2 – INFLATION : L’inflation persiste et le niveau de vie matériel du Tunisien se dégrade. L’inflation (à deux chiffres) a fait un retour tonitruant en Tunisie bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Loin de désarmer, elle est restée élevée en 2023 car il s’agit d’un phénomène tuniso-tunisien dont les causes sont structurelles et qui a largement bénéficié d’une liquidité abondante générée par le recours de l’État au financement monétaire
3 – EMPLOI & CHÔMAGE : Le chômage et la précarité poussent les jeunes, les compétences et les entrepreneurs à l’exil. En 2023, l’économie tunisienne a détruit près de 64 mille emplois et la recrudescence du chômage a particulièrement affecté les jeunes, les diplômés et les femmes.
4 – ÉPARGNE & INVESTISSEMENT : Un déficit d’investissement inquiétant qui amplifie la désindustrialisation de la Tunisie. Les investissements dans l’industrie, les activités de services et dans l’agriculture sont en recul non-stop depuis des années. En 2023, (entre septembre 2023 et septembre 2022) le tissu industriel s’est appauvri de 113 unités dont, 21 sont «totalement exportatrices».
5 – FINANCES PUBLIQUES : Une «mauvaise» austérité budgétaire qui aggrave la crise, empile les déficits et accroît le risque de défaut. La Tunisie affiche en 2023 et pour la troisième année consécutive, une situation de ses finances publiques parmi les plus dégradées de son histoire
6 – MONNAIE & FINANCEMENT : La crise des finances publiques neutralise la politique monétaire et met en péril le statut de la Banque centrale
7 – COMPTES EXTÉRIEURS : La baisse du déficit commercial est un signe de mauvaise santé économique. Les crédits à l’État ont continué de croître à un rythme effréné en 2023 mais les créances sur l’économie affichent le rythme de progression le plus faible depuis plus de 15 ans
8 – DETTE : Un endettement suicidaire qui menace la stabilité du dinar.
9 – IMAGE & ATTRACTIVITÉ : Le pays modèle est devenu un anti-modèle et des notations des plus catastrophiques. La série a été inaugurée dès le début de l’année par l’Agence de notation US Moody’s (janvier: de Caa1 à Caa2 avec perspective négative). Elle a été suivie en février par un warning de Standard & Poor’s quant au risque de défaut qu’encourt le pays en cas de rupture avec le FMI. En juin, c’est autour de Fitch Ratings de décider de dégrader la notation souveraine de la Tunisie de «CCC+» à «CCC-). Un rating qui a été confirmé à la fin de l’année (décembre). En août, c’est au tour de l’agence de Notation japonaise Rating Investment and Information Inc d’annoncer la dégradation de la notation de la Tunisie de B+ à B- avec maintien de la perspective négative.
Il est évident que la descente en enfer a commencé depuis le 14 janvier 2011, caractérisé par le pouvoir « offert » a l’islam politique d’Ennahdha ; mais entretemps rien n’a été concrètement fait pour mettre fin à cette chute dans les abysses !!!
MUSTAPHA MACHAT