- La priorité des priorités est la loi de finances complémentaire de 2021 et la loi de finances de 2022.
- Le gouvernement Bouden doit présenter immédiatement sa vision et sa feuille de route.
- Prendre le taureau par les cornes et commencer à mettre en place les réformes.
Quelles répercussions de l’abaissement, par Mood’ys, de la note souveraine de la Tunisie à « Caa1 » avec perspective négative ?
Les répercussions consistent essentiellement dans les difficultés d’accès au financement extérieur. Je tiens à rappeler que la Tunisie serait obligé de sortir sur les marchés internationaux, mais avec l’abaissement de la note à « Caa1 » avec perspective négative, elle serait perçue comme un créancier qui a des difficultés financières.
Il est vrai que la Tunisie reste solvable, mais pour boucler le Budget de l’Etat de 2021 et éventuellement préparer le Budget de l’Etat de 2022, cette opération de sortie sur les marchés internationaux serait difficile. Même si on pourrait accéder au financement extérieur, le coût serait très élevé vu que notre profil de risques est élevé suite à cette notation. Sachant que la notation, en elle-même, est en principe objective et se base sur des critères objectifs et bien loin de toutes appréciations politiques.
Par ailleurs, la Tunisie va certainement trouver des difficultés pour mobiliser des financements pour boucler son budget 2021 et préparer celui de 2022. Néanmoins, la question de solvabilité ne se pose pas parce que la Tunisie reste un pays solvable mais qui passe par des difficultés économiques énormes.
L’Union Européenne vient de fixer ses conditions pour déterminer l’accompagnement de la Tunisie. Que pensez-vous?
De toute façon, il faut mettre en place en Tunisie les solutions dressées, pendant ces dernières années, par la majorité des experts pour sortir de l’impasse, y parmi la lutte contre l’économie parallèle, le changement de la monnaie, la réforme du système fiscal, l’allègement des procédures administratives, la révision de certaines lois pour favoriser l’investissement…
Pour ce faire, il faut aujourd’hui avoir la volonté et le courage pour prendre le taureau par les cornes et commencer à mettre en place les solutions proposées. D’ailleurs, il faut que l’objectif stratégique devienne un objectif opérationnel. Et c’est malheureusement ce qui nous manque aujourd’hui en Tunisie.
De ce fait, quelles que soient les conditions d’accompagnement ou les critères d’évaluation de l’Union européenne ou les autres partenaires de la Tunisie, l’important aujourd’hui est de se lancer dans les réformes et de livrer une vision claire.
Quelles sont les prioritaires majeures, notamment économiques et financières, pour le gouvernement Bouden?
Aujourd’hui, la priorité des priorités est la loi de finances complémentaire (LFC) de 2021 et la loi de finances (LF) de 2022. Sachant que depuis le 25 juillet jusqu’à l’heure actuelle, on n’a même des projets de LFC et de LF.
Après, les chantiers de réformes sont sur tous les plans, à savoir :
- Maîtriser et baisser le taux d’inflation afin d’améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens ;
- Encourager l’investissement tout en optant pour une refonte totale de l’Administration, une simplification des procédures, une application des lois qui existent déjà et une révision de certaines qui sont complexes, une mise en place des mesures fiscales encourageantes, une amélioration de l’attractivité du pays ;
- Intégrer le secteur informel dans le formel via le changement de la monnaie par exemple…
Pour conclure, dans l’immédiat, le gouvernement Bouden doit dresser un discours au peuple tunisien pour nous présenter sa vision, sa feuille de route et son programme.
M.N.