- Saïed aux congressmen US : « Vous êtes juristes et vous devez savoir que la souveraineté revient au peuple en premier lieu…»
- Les Etats-Unis d’Amérique persistent à exiger un retour à la démocratie parlementaire
- Encore une fois, de grandes différences entre les comptes-rendus de Carthage et de Washington
Le président de la République, Kais Saied, a reçu, samedi soir, au palais de Carthage, une délégation du Congrès américain, composée notamment des sénateurs Chris Murphy et John Ussouf.
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat a souligné que les mesures exceptionnelles annoncées, le 25 juillet dernier, s’inscrivent dans le cadre du plein respect de la Constitution, contrairement aux fausses allégations et aux informations « erronées » et « mensongères » relayées à ce sujet, assurant que ces mesures » visent à protéger l’Etat tunisien » contre toute tentative destructrice.
La rencontre a été l’occasion de réaffirmer la volonté commune d’approfondir davantage les liens d’amitié historiques établis entre la Tunisie et les États-Unis d’Amérique, et de continuer à travailler ensemble pour un avenir meilleur du partenariat stratégique scellé entre les deux pays.
L’accent a été également mis sur les valeurs de liberté, de justice et de démocratie que partagent les deux pays, ainsi que sur leur attachement aux principes des droits de l’homme, des libertés, de la souveraineté des peuples, du respect de la constitution et de la lutte contre la corruption.
Et pour terminer, Kaïs Saïed a fustigé le fait que « certains s’adressent aux parties étrangères pour porter préjudice à l’image de leur pays et à celle de leur Président. Ils paient des sommes d’argent pour faire du lobbying. J’appelle donc nos amis américains à comprendre les aspirations du peuple tunisien, de se rappeler comment les citoyens sont sortis en masse, en ce 25 juillet pour exprimer leur joie. Pour le peuple, c’était comme si un cauchemar prenait fin ».
Et pour finir en « apothéose », le chef de l’Etat a, sur un ton ferme, rappelé que la Tunisie est un Etat souverain comme le stipule la constitution. « Et comme vous êtes juriste à ce que je sache, vous devez savoir que cette souveraineté revient au peuple en premier lieu », a-t-il tenu à conclure en substance.
Toutefois, et comme à chaque fois, on constate qu’il y a des différences et des nuances de taille entre le communiqué officiel de la préisdence de la République Tunisienne et le compte-rendu de la partie américaine. D’abord, voici ce qu’a indiqué le sénateur Chris Murphy dans son tweet :
« Je viens de rencontrer le président tunisien Kais Saied au Palais de Carthage. En voici ma lecture rapide en trois points :
1/J’exhorte à un retour rapide sur la voie démocratique et à une fin rapide de l’état d’urgence
2/ J’ai précisé que le seul intérêt des États-Unis est de protéger et de promouvoir une démocratie et une économie saines pour les Tunisiens. Nous ne favorisons aucun parti et nous n’avons aucun intérêt à pousser à un programme de réforme plutôt qu’un autre. Ces questions sont à décider par les Tunisiens.
3/Je lui ai assuré que les États-Unis continueraient à soutenir une démocratie tunisienne qui réponde aux besoins du peuple tunisien et protège les libertés civiles et les droits de l’Homme ».
Les premières conclusions qui s’imposent est qu’aussi bien le président Saïed que les politiciens américains sont restés sur leurs positions. D’un côté, le chef de l’Etat reste persuadé qu’il a appliqué la Constitution et quil a sauvé le pays d’un péril imminent voire déjà étouffant la vie dans le pays
Et de l’autre, Washington réitère, à chaque fois, la nécessité de retourner à une démocratie parlementaire sans préciser s’il s’agit du parlement gelé, car pour les Américains, comme pour les Européens, on ne peut concevoir une démocratie sans l’existence d’un parlement.
Mais la question que l’on doit se poser est la suivante : «Avec leurs navettes successives, les Américains cherchent-ils à écouter et comprendre la vision de Saïed ou bien ou alors à imposer un processus quelconque pour la configuration politique et la feuille de route à suivre.
Il faut dire que les divergences ne se limitent pas à la démocratie parlementaire, mais également à la nécessité de nommer un chef de gouvernent et une équipe pour conduire les réformes selon les Américains alors que Saïed a insisté, lors de sa rencontre avec le président de l’UTICA qu’il n’y a pas besoin de compétences pour gérer les affaires du pays puisque l’administration grouille de personnes compétentes et que les affaires marchent très bien ainsi…
Noureddine HLAOUI