Trente-huit associations et organisations tunisiennes ont exprimé leur solidarité avec le personnel de l’agence Tunis-Afrique-Presse (TAP) qui a annoncé, suite à la réunion syndicale tenue le 6 avril, son refus catégorique de toute collaboration avec Kamel Ben Younes, désigné par le Chef du gouvernement Hichem Mechichi pour succéder à la journaliste Mouna Mtibaâ à la tête de l’agence.
Dans une déclaration conjointe, les organisations soulignent que cette nomination « s’inscrit dans le cadre d’un plan pour imposer l’hégémonie des partis au pouvoir sur des médias publics financés par le contribuable ».
Elles appellent le chef du gouvernement à revenir sur sa décision et à « cesser de récompenser les partis qui le soutiennent en leur permettant de dominer les médias publics et les autres institutions de l’Etat ».
Elles l’invitent, également, à renoncer à « favoriser les serviteurs de ces formations politiques au détriment des personnes hautement qualifiées et non assujetties à ces dernières et aux lobbys financiers ».
Elles relèvent, dans ce sens, que la décision de mettre fin aux fonctions de la Présidente directrice générale de l’agence TAP, informée par un appel téléphonique de la présidence du gouvernement, « n’a pas été prise sur fond d’une évaluation objective de sa prestation depuis sa nomination en juin 2020, à la tête de cette institution d’information publique ».
Les signataires pointent une tentative de prendre le contrôle d’une institution « objet depuis sa création en 1961, du dévouement de générations d’hommes et de femmes journalistes qui ont fait des sacrifices pour son autonomie et pour la libérer de l’hégémonie du pouvoir politique ».
Les associations et organisations nationales rappellent que la position du personnel de l’agence TAP à l’égard de cette nomination est due à l’implication du journaliste Kamel Ben Younes, avant la Révolution, dans des violations de la liberté de la presse, de la liberté d’expression et de la liberté syndicale, ainsi que dans la propagande au service de la dictature, outre ses tentatives pour saper l’autonomie de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, sans compter son implication dans la violence contre la femme, et le fait qu’il continue, après la Révolution, à servir « des agendas politiques suspects et connus de tous ».
Elles expriment également leur solidarité avec le personnel de Shems FM, en sit-in depuis le 15 mars dernier, pour protester contre la nomination, comme directrice générale de cette radio confisquée depuis 2011, d’une journaliste connue pour son allégeance à la présidence du gouvernement.
Il souligne que la décision de sa nomination ne tient pas compte de la « situation financière difficile » que traverse son institution qui a, de son point de vue, besoin d’un gestionnaire administratif et financier possédant une expertise dans le domaine de la gestion.
Le personnel de l’agence Tunis-Afrique-Presse observe, depuis mardi, un sit-in ouvert pour protester contre la nomination de Kamel Ben Younes, considérée comme « ouvertement politique et partisane ».
Les associations et organisations signataires de la déclaration de soutien à l’agence TAP sont:
– Le syndicat national des journalistes tunisiens
– La Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme
– Association tunisienne de défense des libertés individuelles
– Association tunisienne des femmes démocrates
– Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique
– Centre de Tunis pour la liberté de la presse
– Association histoire et mémoire commune pour la liberté
– Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat
– Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
– Association tunisienne pour la justice et l’égalité
– Association Attalaki pour la liberté et l’égalité
– Association Citoyenneté, Développement, Cultures & Migrations Des Deux Rives
– Association de solidarité civique-Tunisie
– Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement
– Association Tunisienne d’Action Culturelle
– Association Wachm
– Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort
– Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
– Forum Attajdid pour la pensée progressiste
– Free Sight Association
– L’Association Arts et Cultures des deux Rives
– L’association Création et Créativité pour le Développement et l’Embauche
– L’association Perspectives el Amel tounsi
– La Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
– La Fondation Hassen Saadaoui pour la démocratie et l’égalité
– La ligue des électrices tunisiennes
– L’association L’ART RUE
– L’association Tunisienne de Prévention positive
– L’Association tunisienne de soutien aux minorités
– Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique
– Ligue des écrivains tunisiens libres
– L’union des Tunisiens pour l’Action Citoyenne
– Nachaz-Dissonances
– No Peace Without Justice
– Organisation 23_10 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique
– Organisation contre la torture en Tunisie
– Tunisian forum for youth
– Union Tunisienne des médias associatifs