- Une vendetta mystique un peu embrouillée, mais très vite captivante.
Une coproduction anglo-américaine, imaginée par l’acteur britannique, met en scène un ancien soldat de retour à Londres après la mort de son père, en 1814. Un thriller en costume sombre et soigné, qui séduira surtout les fans de Tom Hardy.
Impressionnant ces dernières années dans Peaky Blinders, Tom Hardy est de retour dans une série historique : Taboo .. Un conte noir et mystique, qui a été diffusé sur la BBC.
Un Londres boueux et pestilentiel
Créé par Tom Hardy lui-même, avec son père, Chips Hardy et Steven Knight (le papa de Peaky Blinders, évidemment), ce sombre drama nous emmène dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, juste avant la révolution industrielle. Nous sommes en 1814 et James Delaney, que tout le monde croyait mort, revient d’Afrique après avoir disparu pendant une décennie. Il vient assister aux funérailles de son père, à Londres et hérite de ce qui reste de son entreprise commerciale, notamment une parcelle de terre située sur la côte ouest américaine, ardemment convoitée par l’Empire britannique et les tous nouveaux Etats-Unis…
Présent dans tous les plans ou presque, le sculptural comédien anglais en impose, par son charisme, son phrasé si particulier et son regard assassin. Il en fait même parfois un peu beaucoup, si bien que Taboo en devient, par moment, dangereusement théâtral. La puissante atmosphère à la Dickens, établie par les décors glauques d’un Londres version Oliver Twist, appuie constamment ce sentiment.
Taboo semble ainsi donner la priorité au style et se complaire dans une certaine noirceur, sur le fond comme sur la forme. Mais sans perdre de temps, elle déroule son intrigante histoire de vengeance, avec un rythme appréciable. Une vendetta un peu embrouillée dans un mysticisme qu’il faut appréhender tout en douceur, mais solidement ancrée dans l’Histoire britannique. Et très vite, on se laisse embarquer par le charme magnétique de ce James Delaney.
Un Tom Hardy show filmé comme une peinture impressionniste
Tom Hardy est un des acteurs les plus fascinants de sa génération. Depuis sa révélation en 2008 dans Bronson, de Nicolas Winding Refn, il s’est fait une spécialité des rôles physiques, jouant brillamment de sa présence animale, intimidante et troublante, de The Dark Knight Rises à Mad Max : Fury Road, en passant par The Revenant. Un interprète qui compte sur sa voix grave et son accent à couper au couteau pour composer des personnages qui en imposent mais rarement bavards. Après avoir rejoint il y a deux ans l’équipe de Peaky Blinders, il s’est associé à son créateur, Steven Knight, ainsi qu’à Ridley Scott, producteur, et à son père Edward « Chips » Hardy, romancier et scénariste, pour imaginer sa propre série.
Certains déploreront également le manque de second degré de Taboo. Bien sûr ! Impossible d’éviter la comparaison avec Peaky Blinders, qui se lâche beaucoup plus que ce nouveau bébé made in Steven Knight. Tout est très sérieux dans Taboo, ce qui provoque parfois le sentiment d’avoir à faire à une série prétentieuse.
Il faut dire finalement que le scénario et les échanges entre les personnages sont assez exigeants. Ils demandent une solide connaissance du contexte géo-politique de l’époque, comme l’existence de la Compagnie britannique des Indes orientales ou la crise de Nootka, véritable incident diplomatique qui s’est déroulé en 1789.