C’est la première fois que le chef de l’Etat répond directement aux députés gelés évoquant leur détermination à organiser une plénière pour laquelle ils ont mis le paquet dont notamment la mise au point d’une série de motions et recommandations. Une première du genre depuis le gel des activités de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Mais grâce à Abir Moussi, présidente du Parti Destourien Libre (PDL) et à ses révélations fracassantes divulgués samedi 26 mars 2022 à Monastir, les Tunisiens en savent des détails sur ce que manigances les islamistes « soutenus » par des « députés » opportunistes qui n’arrivent pas à digérer leur mise à l’écart par l’action du 25 juillet 2021 menée par Kaïs Saïed.
Il faut dire que deux choses l’une : Ou bien le président de la République « méprise» la capacité de nuisance des députés gelés et à leur tête les Nahdhaouis qui ont, une décennie durant, mis à genoux le pays, ou alors croit-il vraiment qu’il peut mener son projet personnel à terme par la force des décrets présidentiels et des faits accomplis ?
En tous les cas, Ghannouchi et ses « frères » ont osé franchir le pas en appelant à la tenue d’une plénière dont la teneur a été mis à nu par Abir Moussi qui conclut, à juste titre, que le chef d’Ennahdha and. Co savaient, pertinemment, que leur manège allait être rendu public par la présidente du PDL. En d’autres termes, ils s’en fichent que leur projet soit connu, voire qu’ils voulaient qu’il en soit ainsi.
Et voilà ce que dit, textuellement, Abir Moussi à l’intention du chef de l’Etat lors de son meeting de Monastir : «Voilà qu’il va vous mettre dans l’illégitimité ! Montre-nous maintenant, toi qui as promulgué le décret 117, qui guide la justice, le gouvernement et l’administration, montre-nous, est-ce que Ghannouchi dormira en prison ce soir ? ».
La présidente du PDL a même lu l’invitation reçue sur son téléphone et révélé que les motions de la plénière étaient déjà préparées à l’avance. « Il a déjà été décidé que la plénière aura lieu le 30 mars et la prétendue plénière, qui devrait être présidée par Tarak Ftiti, débattra de l’annulation des mesures exceptionnelles.
Et d’ajouter qu’il s’agit d’un plan prémédité. Elle a, ainsi, énuméré la liste des motions déjà préparées, censées être annoncées lors de la plénière du 30 mars et qui stipulent la fin des mesures exceptionnelles, le dégel de l’ARP et l’annulation des décrets présidentiels d’après 25 juillet.
Autrement dit, et selon ce scénario, la Tunisie pourrait se retrouver, le 31 mars courant, à l’instar d’autres pays divisés avec un pouvoir à deux têtes. D’ailleurs, nombreux sont les observateurs qui
avancent l’hypothèse d’un soutien qu’aurait reçu Ghannouchi avant d’oser entreprendre une pareille initiative.
Et si l’on sait que l’annonce de cette « plénière » a coïncidé avec la visite de la sous-secrétaire d’Etat américaine, Uzra Zeya, cela expliquerait, en partie, les supputations et autres extrapolations avancées par les uns et les autres.
Les questions qui se posent à la veille du 30 mars, sont les suivantes : Kaïs Saïed, qui a raté le coche, juste après le 25 juillet 2021, saura t-il rattraper le temps perdu ou se fera t-il dépasser par les événements ?
En tout état de cause, la solution reste possible selon les experts politiques qui approuvent l’approche proposée par le PDL, à savoir la dissolution pure et simple du Parlement et la tenue d’élections législatives anticipées selon de nouvelles conditions électorales.
Noureddine HLAOUI