Appelons les choses par leurs noms, sans détours ni complaisance. Certains termes de la Déclaration de la Commission des affaires étrangères du parlement européen suite à sa visite en Tunisie du 11 au 13 avril 2022 , nous rappellent bien de sinistres vieux souvenirs, du temps des proconsuls. L’on est plus dans le registre des remontrances mais dans celui des avertissements nourris qui annoncent des sommations et…des sanctions. Nous nous faisons à cet égard devoir de publier ci-après le texte de cette Déclaration dans son intégralité. Nous le faisons dans un souci de transparence et dans un esprit citoyen d’un État et un pays jaloux de son indépendance et de sa souveraineté.
Cependant, pour faire court, il est utile de s’arrêter sur un petit extrait de cette Déclaration, un petit extrait si éloquent, tellement édifiant. « …Nous notons maintenant avec la plus grande inquiétude la détérioration forte et continue de la situation politique,, économique et sociale, exacerbée par le COVID et la guerre de la Russie contre l’Ukraine…. Nous avons souligné dans nos discussions que la légitimité politique aussi bien du président que des élus du Parlement émane, à titre égal, du peuple et de la même Constitution ».
« De la même constitution », les mots sont ciselés et bien pesés.
Ingérence pure et simple donc, mais nous le méritons. Parce que après dix ans post révolution, nous sommes censés avoir résolu les problèmes tuniso-tunisiens depuis belle lurette et avoir attaqué les problèmes de fond, ce faisant, on aurait fermé la porte à toutes sortes d’ ingérences d’où qu’ elles émanent. Malheureusement, ce n’est pas le cas , nous avions eu « droit » à car des pseudo- politiques et voraces en sus. Fin.
Déclaration de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen :
« Ces derniers jours, nous avons eu l’occasion de rencontrer un grand nombre de nos homologues tunisiens, notamment le président, le gouvernement, les partis politiques, les syndicats, l’autorité électorale nationale et la société civile. La Tunisie a connu plus d’une décennie de transition démocratique, au cours de laquelle des institutions démocratiques ont été mises en place et mises à l’épreuve.
Malgré les défis en cours de route, le monde a été témoin d’une amélioration sans précédent des droits et libertés fondamentaux en Tunisie. Le pays a été un modèle de liberté dans le monde arabe. Cependant, nous notons la concentration des pouvoirs entre les mains du Président. Nous reconnaissons que les Tunisiens continuent à avoir un désir de démocratie, de prospérité et de vivre dans la dignité.
Cependant, nous notons maintenant avec la plus grande inquiétude la détérioration forte et continue de la situation politique, économique et sociale, encore exacerbée par le Covid et la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Il y a un besoin urgent de réformes, et nous encourageons un large éventail de propositions, émanant de toutes les sphères de la société tunisienne, dans ce processus.
L’Union européenne continue d’être aux côtés de la Tunisie, notamment à travers une assistance financière urgente et substantielle. Nous sommes également prêts à nous engager et à offrir une assistance technique pour des efforts inclusifs et transparents en faveur de réformes politiques et économiques, y compris une assistance pour aider à évaluer les options de la réforme électorale.
Dans le même ordre d’idées, nous encourageons également de tout cœur les autorités tunisiennes à faire appel à l’expertise inestimable de la Commission de Venise.
Nous avons la ferme impression que le peuple tunisien a pleinement confiance dans le professionnalisme et la neutralité de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (ISIE), qui ont été prouvés lors des précédentes élections, et nous soulignons l’importance de préserver son indépendance.
Nous avons souligné dans nos discussions que la légitimité politique aussi bien du président que des élus du Parlement émane, à titre égal, du peuple et de la même constitution.
Pour l’avenir, nous encourageons de toute urgence les Tunisiens à s’engager dans un dialogue
Tuniso-tunisien global et structuré, incluant des représentants du gouvernement, des partis politiques, des syndicats, de la société civile et des organisations féministes, car cette crise ne peut trouver de solution qu’avec la pleine participation de toutes les parties prenantes susmentionnées.
Nous tenons à remercier les autorités et la société tunisiennes pour leur accueil chaleureux. »
Composition de la délégation
La délégation a été composée des membres suivants :
- Michael Gahler (PPE), chef de la délégation
- Javier Nart (Renew Europe)
- Jakop Dalunde (Les Verts/ALE)
- Andrea Cozzolino (S&D)