When they see us est une série poignante dénonçant les failles du système judiciaire américain et mettant en scène le désespoir d’adolescents accusés à tort de viol.
Lancée sur Netflix en 2019, la série « When they see us », qui parle de ce triste événement, a beaucoup fait parler d’elle aux États-Unis. À l’ère de Black Lives Matter, cette série prend tout son sens et nous permet également de découvrir une réalisatrice douée et des acteurs tellement dans leurs personnages qu’on oublie qu’ils sont en train de jouer.
Il y a trente ans, cinq adolescents de couleur ont été arrêtés et accusés d’avoir violé et battu une joggeuse blanche à Central Park. Les procureurs et les journalistes, à l’époque, les avaient désigné comme une seule et même unité après leur présumée agression: une meute de loups, ou sous le qualificatif sous lequel ils étaient dénommés, les Central Park Five (les cinq de Central Park).
En seulement quatre épisodes dont la durée oscille entre 1 heure et 1 h 30, cette mini-série réussit le pari audacieux de retracer l’expérience des victimes de cette terrible injustice. L’histoire se passe en 1989 et reflète la probématique de failles judiciaires troublantes aux Etats-Unis. Pire encore, si l’intrigue se passe à la fin des années 80, elle révèle des sujets politiques et sociaux encore aujourd’hui d’actualité.
Une série tirée d’une histoire vraie
Ce qui rend la série si poignante, c’est qu’elle est tirée d’une histoire vraie. En effet, en 1989, ce sont cinq adolescents noirs et un d’origine hispanique qui sont accusés à tort du viol d’une jeune femme dans Central Park.
Si le groupe d’adolescents est innocent, les forces de l’ordre feront tout pour leur faire avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis. Effrayés et sous pression, les cinq garçons avouent un crime qu’ils n’ont pas commis. Malgré l’absence de preuve et d’ADN correspondant, l’accusation persiste.
La série parvient ainsi à dénoncer, sans filtre et avec une intelligence sans nom, les irrégularités commises durant les interrogatoires sans compter les manigances durant les procès afin de condamner injustement ces cinq jeunes hommes. Pourtant sans preuve apparente, Antron Mcgrey, Kevin Richardson, Yussef Salaam, Korey Wise et Raymond Santana sont condamnés à une peine de prison. Une erreur judiciaire qui a fait beaucoup de bruit à l’époque et même aujourd’hui.
Cette affaire est l’une des plus médiatisées aux Etats-Unis. Il aura fallu attendre 2002, lorsque le véritable coupable Matias Reyes avouera être le responsable du viol, pour que les cinq hommes accusés à tord soient innocentés. Ils ont ainsi reçu 41 millions de dollars de dédommagement de la part de la ville de New York.
Un jeu d’acteur époustouflant
Les performances, des jeunes acteurs et des plus âgés, sont uniformément étonnantes, en particulier des cinq acteurs principaux, Asante Blackk, Caleel Harris, Ethan Herisse, Marquis Rodriguez et Jharrel Jerome, dont la plupart ont à peine quelques années de plus que les adolescents qu’ils jouent. Ils capturent l’innocence, dans tous les sens du terme, des enfants et la permanence de sa perte.
La dynamique entre les parents des garçons est tout aussi intense, en particulier entre la mère de Yusef, Sharone (Aunjanue Ellis) et la mère de Korey, Delores (la fougueuse Niecy Nash), qui en veut à ce qu’elle perçoit comme la tendance égoïste de Sharone à mettre les besoins de son fils au-dessus de ceux des autres.
Le climat au sein de chaque famille change au fil des ans: pour Ray, qui rentre chez lui pour retrouver son père (John Leguizamo) marié à une femme plus jeune (Dascha Polanco d’Orange Is the New Black), et pour Antron, dont le père peu fiable (Michael K. Williams) est tombé très malade. Métaphoriquement et littéralement, c’est comme s’il n’y avait plus de place pour ces garçons dans leur monde.