TUNIS – UNIVERSNEWS Le bras-de-fer durcit entre les magistrats grévistes et le ministère de la Justice… à coups de communiqués qui vient de confirmer ses menaces relatives à la cession sur les salaires des magistrats qui débraient pour la 4ème semaine consécutive. Loin d’être préoccupée par le sort de personnes qui trainent dans les prisons ou qui attendent une solution pour leurs litiges, devant la justice, la coordination des structures judiciaires a mis en garde, dimanche, le ministère de la tutelle contre toutes mesures abusives ciblant les magistrats, soulignant sa prédisposition à y faire face par tous les moyens de lutte possibles à l’échelle nationale et internationale.
Le ministère de la Justice a affirmé, dimanche dans un communiqué, qu’il maintiendra la retenue sur salaire des magistrats grévistes pour le mois de juillet 2022, expliquant que cette mesure intervient suite à l’appel samedi de la coordination des structures judiciaires à poursuivre la grève des magistrats pour la quatrième semaine consécutive et ses répercussions sur les droits et intérêts des justiciables.
Pourtant, à la connaissance de tout le monde, l’Etat et les entreprises ont le droit de prélever sur les salaires les journées de grève observées, et c’est aux syndicats de prendre en charge le paiement des redevances.
La coordination a affirmé que la politique d’intimidation n’empêchera pas les magistrats de défendre l’indépendance du pouvoir judiciaire, réitérant l’opposition de ses derniers aux révocations abusives dans l’objectif de préserver les acquis constitutionnels et de mettre un terme à la mainmise sur le pouvoir judiciaire.
La coordination a encore appelé les magistrats à unir leurs rangs pour défendre les principes et les garanties de l’indépendance du pouvoir judicaire, malgré les pressions et les menaces. Malheureusement, la coordination ne défend que l’indépendance des magistrats et non celle du pouvoir judiciaire, surtout qu’elle a raté l’occasion d’assainir ce pouvoir, avant l’intervention de Kaïs Saïed.
La complaisance des structures de la magistrature envers des magistrats véreux avait nécessité une intervention radicale. A titre d’exemple, qu’ont-elles fait contre Béchir Akrémi avec les d’accusations qui pèsent sur lui, notamment les 6268 dossiers enterrés de terroristes dont les mains sont salies par le sang des Tunisiens ? Le signal d’alarme a été tiré, pourtant, depuis l’année 2016, lorsque Philippe de Veulle, avocat des victimes françaises de l’attentat du Bardo (18 mars 2015, 22 victimes), avait douté de l’objectivité du juge du bureau 13 chargé de l’enquête, en l’occurrence Béchir Akrémi.
«Il y a des zones d’ombre quant aux présumés terroristes relâchés au motif de torture. D’ailleurs, il existe un rapport de l’Organisation de lutte contre la torture de 2015-2016 qui ne cite à aucun moment les noms des présumés terroristes libérés», a confié l’avocat, ajoutant qu’il n’y a nul doute sur le fait que l’Etat tunisien est souverain et pays ami de la France, mais les doutes sur l’engagement et la partialité de Béchir Akrémi, exprimés notamment par la société civile, ne peuvent que susciter des interrogations.
Qu’ont-elles fait contre Taïeb Rached et d’autres juges qui se sont enrichis outrageusement, aux dépens des pauvres citoyens qui cherchent à recouvrer leurs droits ? Pourquoi n’avaient-elles pas réagi de la même manière, lorsque le mouvement Ennahdha avait balayé, dès son arrivée, plus d’une centaine de magistrats, en les évinçant purement et simplement ?
C’est le moment ou jamais d’assainir le pouvoir judiciaire, et ce sont les magistrats qui doivent faire les premiers pas, afin de montrer qu’il y a, encore, des juges honnêtes, sans quoi, tout le monde va tourner en rond pour chercher qui est arrivé en premier, la poule ou l’œuf !!