TUNIS – UNIVERSNEWS Dans une ferme isolée aux Etats-Unis, un jeune couple emménage avec son nouveau-né, dans le but d’entamer une nouvelle vie. Au fur et à mesure, le passé lugubre de leur demeure commence à se révéler. La mère, seule et fragile, commence à vivre dans un état de psychose mettant en péril sa propre sécurité et celle de son nourrisson.
Emma Roberts, Michael Shannon et John Gallagher Jr.se réunissent dans un film d’horreur sans violence, ni scènes de crime qui provoquent l’épouvante chez les spectateurs, dotant d’âmes sensibles, il se base, plutôt, sur le suspense dans la musique et sur la terreur qui réside dans le décor. Le long-métrage de Spencer Squire, dès la révélation de son affiche le 30 Mai 2022, annonce la couleur de l’œuvre avec l’image de l’héroïne annotée de la phrase suivante: « Dans cette maison vous n’êtes pas vous-même, vous n’êtes pas seuls ».
L’intrigue se déroule dans une maison isolée dans la forêt et où il est impossible de s’échapper, puisque tout ramène la protagoniste à la demeure, à une sorte d’opposition maléfique entre le jour et la nuit. Sans son mari qui passe ses heures à travailler dans une ferme à 50 km de chez lui, l’épouse doit faire face à ses craintes et ses peurs, notamment, après avoir appris ce qui est arrivé aux anciens propriétaires, qui eux, deviennent l’emblème même de sa névrose.
Dans cette spirale psychologique infernale, l’isolement du spectateur abandonné aux obsessions du réalisateur accouche d’un certain malaise, à l’image du personnage principal qui doit observer avec effroi sa propre agonie. Toujours avec son bébé, qui, à maintes reprises, se trouve en danger et qui est sauvé par miracle; des scènes qui atteignent l’apothéose de l’angoisse.
« Irresponsable, mère indigne, froide et distante », le personnage incarné par Emma Roberts, est en proie aux jugements qu’émettent son psychiatre et son mari, mais elle demeure surtout prisonnière de sa propre culpabilité. C’est avec le brillant choix du titre que le réalisateur réussit à s’inscrire dans le sillage cinématographique d’un intitulé récurrent dans les films d’horreur à l’instar de « Abandoned » (2010) de Michael Pfeiffer ou encore « The Abandoned » de son titre original « Los abandonados »(2006) de Naco Cerdà.
Une poupée, une robe, une photographie, des objets, a priori, anodins, deviennent la source même de l’effroi et nous emmènent, tour à tour, au summum du nœud et de la crise. Emma Roberts, l’ancienne star de Nickelodeon, connue pour sa célèbre série « Unfabulous », revient, aujourd’hui, dans un film, loin d’être destiné à des enfants.
« Abandoned » s’achève sur une clôture suggestive, contrairement à ce que les films conventionnels de ce genre ont l’habitude de promouvoir. Dès lors, il revient aux spectateurs d’interpréter la chute teintée de dimension philosophique, comme quoi, tout phénomène paranormal a des explications logiques et cartésiennes.
G.K.