TUNIS – UNIVERSNEWS – L’amphithéâtre romain de Carthage a accueilli, vendredi soir, un spectacle intitulé «Angham fi dhekra» (Chants mémorables), dédié aux auteurs, aux compositeurs et aux chanteurs qui ont fait les beaux jours de la chanson tunisienne. Ce spectacle est conçu par le compositeur Abderrahmane Ayadi. Cet artiste qui a connu l’âge d’or de la chanson tunisienne dans les années 80, a longuement fouillé dans la mémoire de la chanson nationale, déterrant les archives et sélectionnant ce qui lui paraissait évident à montrer.
La soirée a été marquée par une cérémonie en l’honneur d’anciens artistes participant au spectacle. Les figures tutélaires honorées, dont on serine souvent les œuvres mais que peu de gens connaissent les visages, ont, tour à tour complimenté le maestro Abderrahmane Ayadi pour cette initiative.
Les bâtisseurs, manifestement heureux, sont montés sur scène. Le parolier Ahmed Zaouia, qui, du haut de ses 90 ans, bon pied, bon œil, a écrit pas moins de six cent quarante chansons et le compositeur au long cours Ahmed Ridha, un symbole à lui seul, qui a à son actif plus de 500 chansons.
La chanteuse Soulef, encore alerte a même chanté un de ses tubes, suivie de Mohsen Erraïs, qui a fait les beaux jours des années 60 et 70, bien conservé, en veste pailletée de jeune chanteur. Le fameux violoniste, Béchir Selmi, digne successeur de Ridha Kalai, a regretté la « progressive disparition de la chanson soignée et authentique».
Abderrahmane Ayadi a joué une pièce instrumentale composée pour la circonstance, son titre à lui seul désigne le dédicataire : « Carthage 56 ».
Pour honorer la chanson tunisienne, il n’y a pas mieux que de la chanter, aussi, par des artistes triés sur le volet qui ont redonné gloire et éclat aux vieux tubes.
Noureddine El Béji, en tenue traditionnelle, a clôturé la soirée avec des chansons de Youssef Temimi « Aämel Mârouf» (paroles d’Ahmed Zaouïa et composition de Hechmi Ben Salah) et « Lila ouel Mizoued Khaddem» de Hédi Habouba.
« Chansons mémorables » résume des décennies de l’histoire de la chanson et des créateurs, compositeurs, paroliers et chanteurs, des airs comme une ritournelle ont fusé sur la scène et sur les gradins, entraînant un public de générations différentes qui a apparemment oublié son passé.
Au point de presse tenu après le spectacle, Abderrahmane Ayadi a déclaré ; «j’espère que suite à ce succès, les décideurs de tous bords prendront en compte le désir du public et programmeront notre spectacle». Béchir Selmi, un peu amer, a pour sa part, estimé que les choses doivent changer. « Oublions la médiocrité qui sévit sur nos ondes radios et écoutons la belle chanson bien élaborée», a-t-il dit.
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