• Le gouvernorat de Médenine supporte, seul, le fardeau humanitaire des migrants
• Soupçon d’un plan européen pour transformer le Sud tunisien en lieu d’accueil des migrants
Soixante-quinze migrants clandestins sont bloqués au large de Zarzis depuis vendredi soir à bord d’un remorqueur d’une société pétrolière qui les avaient repêchés au large du gouvernorat de Sfax, a rapporté le correspondant de l’agence TAP.
Le groupe de migrants attend le feu vert des autorités du gouvernorat de Médenine, incapable toutefois de donner suite à leur requête en raison de la saturation des centres d’accueil, selon le chef du Croissant-Rouge tunisien dans le gouvernorat, Mongi Slim.
Les autorités locales ont cependant offert des soins médicaux à cinq migrants, mais ne sont pas disposés à leur permettre de s’installer dans la ville. Le gouvernorat gère tout seul le fardeau humanitaire des migrants depuis 2011, ce qui a épuisé ses capacités et représenté des problématiques, tels que la recherche d’espaces d’asile ou la pression exercée par des citoyens et des organisations.
Lors de la dernière réunion tenue cette semaine, les citoyens et les organisations ont examiné la situation des migrants dans la région et exigé un effort national coordonné pour que d’autres régions puissent partager cette responsabilité avec le gouvernorat de Médenine, a déclaré le chef de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme, Mustapha Abdelkebir.
Il a souligné que le gouvernorat de Médenine face à une telle conjoncture régionale et à la situation en Libye doit tenir compte de l’aspect sécuritaire, notamment du fait que ces migrants sont reçus sans pièce d’identité ni document, ce qui pose des problèmes aigus au regard du caractère délicat de la situation dans la région à la frontière.
Abdelkebir a appelé le gouvernement tunisien à établir un plan national pour traiter ce problème et activer les cellules de crise, affirmant que sauver des migrants et des vies humaines est une tâche humanitaire mais que la tâche de les recevoir est une action nationale.
« Le transfert de migrants par les remorqueurs pétroliers des eaux territoriales maltaises ou italiennes vers les eaux territoriales tunisiennes pose parfois le risque de leur complicité dans la mise en œuvre d’un plan européen pour transformer le sud tunisien en un lieu d’accueil des migrants, ce qui est inacceptable », a-t-il souligné.
Pour sa part, le Forum tunisien a demandé dans un communiqué publié samedi aux autorités tunisiennes d’autoriser l’entrée du remorqueur marin transportant des migrants dans le port de Zarzis, mettant en garde les autorités tunisiennes contre des « politiques inhumaines et contraires au sauvetage en mer ».
Le forum a souligné que la Tunisie, qui n’a pas assez d’arsenal juridique pour protéger les droits des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, ne peut pas être une plate-forme pour le débarquement et le tri des migrants en imposant le fait accompli européen.