Par Khélil LAJIMI
Ancien ministre
TUNIS – UNIVERSNEWS – Le monde entier a retenu son souffle après la riposte iranienne, dans la nuit du samedi à dimanche, contre Israël suite à l’attaque de son consulat à Damas.
Dans un communiqué officiel, l’Iran se réfère à l’article 51 de la Charte des Nations-Unies et invoque la légitime défense.
Elle considère que l’incident est clos et menace Israël d’une réponse plus sévère en cas de nouvelle agression Israélienne.
Elle demande aux Etats-Unis de se tenir à l’écart de ce conflit purement Irano-Israélien selon la diplomatie Iranienne.
Joe Biden, de son côté, convoque le G7 pour préparer une « réponse diplomatique » à l’attaque Iranienne.
Le G7 n’est-il pas un Forum chargé de discuter des questions économiques ?
Loin de toute cette agitation relayée par l’ensemble des médias « mainstream » occidentaux, que devrions-nous retenir :
– Les Etats-Unis ne veulent pas d’une guerre qui embraserait l’ensemble du Moyen-Orient. Leur préoccupation majeure demeure de contenir l’influence croissante de la Chine et d’assurer une sortie par le haut aux belligérants en Ukraine.
Toute escalade, en outre, ouvrirait la porte à un retour de Donald Trump aux affaires en novembre prochain ;
– L’Iran, aussi, ne souhaite pas une guerre dans la région. Elle craint un retour de Donald Trump qui a rejeté son accord avec les Occidentaux pour le développement du nucléaire civil.
En effet, l’Iran est dans l’urgence absolue pour subvenir aux besoins énergétiques de la croissance dynamique de sa population et de son économie.
Le nucléaire civil est la seule solution viable pour couvrir ses besoins futurs ;
– Seul Netanyahu maintient la voie de l’escalade pour des considérations de politique intérieure et pour couvrir, surtout, sa défaite à Gaza.
Après l’échec cuisant du « printemps Arabe », une nouvelle stratégie semble émerger pour reconfigurer le paysage MENA (Middle East and North Africa) avec comme constantes : la sécurité
d’Israël ; la maîtrise des approvisionnements énergétiques ; la mise sous tutelle de l’Europe ; l’arrêt de
l’expansion de l’influence chinoise.
Les évènements que vit la région, depuis le début de la guerre en Ukraine, devraient nous inciter à engager une réflexion géostratégique approfondie.
La Tunisie ne vit pas en autarcie. Imaginons, un instant, une escalade des évènements au Moyen-Orient et ses conséquences.
Quel impact aurait eu sur le budget de l’Etat, déjà fortement déficitaire, un baril de pétrole à 150 ou même 200 US $ ?
Préparons au mieux la Tunisie. Travaillons pour tirer un maximum de bénéfices dus à sa position charnière dans ce nouvel échiquier qui se dessine devant nous. Il en va de notre responsabilité envers
les générations futures.