TUNIS – UNIVERSNEWS La migration des professionnels de santé qualifiés à la recherche de meilleures opportunités à l’étranger constitue un enjeu majeur, tant sur le plan économique que sur celui de la qualité des services de santé offerts. C’est ce qui ressort d’une étude publiée par l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) et ayant pour thème « La migration des professionnels de santé : défis pour le système de santé tunisien ? ».
Des salaires peu attractifs
L’analyse des raisons de cette migration montre, selon l’ITES, que ce phénomène est complexe et étroitement lié à l’instabilité économique, sociale et politique qu’a connue la Tunisie ces dernières années. Du coup, cette instabilité a conduit à une tendance haussière de la migration des professionnels de santé qualifiés. Les pressions économiques, le déficit en infrastructures de santé, l’insécurité sociale et professionnelle sont autant de facteurs qui ont aggravé et justifié cette tendance préoccupante.
Outre ces facteurs, l’ITES a évoqué les opportunités professionnelles limitées, les salaires peu attractifs, les conditions de travail difficiles, le manque d’équipements médicaux, en passant par des problèmes de conditions de vie et de travail. Si cette migration se poursuit au rythme actuel, elle pourrait avoir des conséquences graves sur le système de santé, qui perd, ainsi, certains de ses meilleurs professionnels aggravant le déséquilibre régional.
Appel à des réformes structurelles et conjoncturelles
Pour circonscrire ce phénomène et retenir les professionnels en Tunisie, l’ITES appelle à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et de mettre en place des réformes à la fois structurelles et conjoncturelles pour renforcer le système national de santé et garantir des soins de qualité pour la population. Pour cela, il est essentiel que le gouvernement s’engage à investir davantage dans le secteur de la santé, créer un environnement plus stable et plus sécurisé propice au développement de carrière dans le secteur.
Selon l’ITES, cette stratégie de rétention doit être abordée dans un contexte de mondialisation croissante où la dimension politique se heurte aux aspirations des personnes à une vie meilleure via la migration. Pour y parvenir, en ces temps de crise, il conviendrait de renforcer l’autorité de l’Etat en tant qu’acteur principal. Le gouvernement devra s’attaquer aux enjeux de fond dans le cadre d’une approche holistique et intégrée.
L’ITES a en outre estimé que la période à venir nécessitera une volonté politique ferme, des engagements concrets et une capacité d’adaptation de l’appareil de l’Etat pour répondre aux besoins du secteur de la santé qui doit être pensé comme un investissement et non comme un fardeau de dépenses.