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Lancement d’un fond dédié à la décarbonisation avant la fin du mois de septembre prochain
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L’ANME se prépare pour organiser un grand forum méditerranéen sur la décarbonation avec une trentaine de partenaires locaux et internationaux
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Notre rôle aujourd’hui est d’accompagner l’entreprise à travers des mesures d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables
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L’objectif principal est de réduire les coûts afin de pouvoir accéder aux marchés internationaux qui considèrent la durabilité comme paramètre d’évaluation.
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Toutes les conditions sont là pour bien faciliter l’accès aux investissements et faciliter leurs concrétisations
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Dans son interview accordée à UNIVERSNEWS, Fethi Hanchi, directeur général de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) a annoncé le lancement d’un fond dédié à la décarbonisation avant la fin du mois de septembre prochain. Ce fonds sera lancé en réponse aux nouvelles exigences européennes, une taxe carbone à exiger aux frontières à partir de l’année 2026. Outre ce fond, il a annoncé l’organisation d’un forum méditerranéen sur la décarbonation. Interview.
- UNIVERSNEWS : À partir du 1er janvier 2026, les exportateurs vers l’Europe y compris la Tunisie devront commencer à régler une taxe Carbone sur la tonne de CO2. Comment l’ANME s’est préparée pour ce nouveau défi ?
Fethi HANCHI : Justement nous sommes vraiment sur ce point depuis quelques mois déjà et on est en train d’accompagner les entreprises pour se repositionner correctement par rapport à ces nouvelles exigences. Nous sommes sur un projet portant sur la création d’une plateforme dédié à la comptabilité carbone qui doit agir à travers des investissements dans le domaine de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Ce nouveau mécanisme qui devrait être certifié par des organismes internationaux doit également calculer le contenu carbone des différents produits et services en Tunisie afin d’éviter les taxes carbones comme celles prévues dans les mécanismes d’ajustement de carbone aux frontières européennes. La nouvelle plateforme sera lancée avant la fin du mois de septembre 2024.
Ainsi, l’ANME se prépare pour organiser un grand forum méditerranéen sur la décarbonation et ce, en collaboration avec une trentaine de partenaires nationaux et internationaux. Notre objectif est de présenter le tissu de service tunisien mais aussi industriel ainsi que les stratégies et les réalisations en matière de décarbonisation.
- Pour le cas de la Tunisie, cette taxe carbone est-elle une opportunité ou une menace ?
Personnellement, je considère qu’il y a toujours la possibilité de faire de ce défi une opportunité commerciale pour les entreprises tunisiennes puisque la Tunisie dispose déjà d’un réseau étendu d’experts. Nous avons plus de 600 installateurs agréés dans le domaine de photovoltaïque et plus de mille opérateurs dans le domaine de l’efficacité énergétique et c’est grâce à ce tissu industriel et de service dont dispose la Tunisie, que nous pouvons transformer cette menace ou ce défi en une opportunité économique pour les entreprises tunisiennes.
Aujourd’hui, il y a vraiment une forte sensibilisation des entreprises tunisiennes puisque. Nous avons plus de 60 entreprises tunisiennes qui exportent que ce soit en Europe ou autres pays et qui devront faire face à cette contrainte portant sur la réduction du contenu carbone.
Notre rôle aujourd’hui est d’accompagner l’entreprise pour, dans une première étape, faire connaitre ce contenu carbone auprès des entreprises et dans une deuxième étape, les accompagner pour réduire ce contenu à travers des mesures d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables.
- Mis à part cette taxe carbone, quels sont les axes sur lesquels travaille l’Agence actuellement ?
L’un des axes importants de la stratégie de décarbonisation aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale est l’investissement dans les énergies locales.
Aujourd’hui, il faut accompagner les entreprises avec les différentes solutions technologiques, techniques, juridiques et financières possibles pour bien sûr accélérer l’investissement dans tout ce qui est autoproduction. Nous sommes en train de préparer le terrain pour les entreprises par rapport à cette nouvelle approche. D’abord en accompagnant ces entreprises moyennant des subventions au titre de réduction des coûts de tout ce qui est investissement mais également des subventions pour réaliser tout ce qui est investissements matériels. Cet accompagnement-là est garanti par l’A.N.M.E via le fond de transition énergétique créé à cet effet depuis 2006. Ce fond octroie des primes aux entreprises afin de faire les études nécessaires mais également dans l’objectif de concrétiser les investissements.
L’objectif principal est de réduire les coûts afin de pouvoir accéder aux marchés internationaux qui considèrent la durabilité comme paramètre d’évaluation.
- Le cadre réglementaire en Tunisie en matière d’énergie renouvelables est-il toujours motivant devant les développements qui ne cessent de se manifester partout dans le monde ?
Oui, le cadre juridique tunisien est très évolutif. Nous avons, déjà, depuis 2009, un cadre réglementaire propice aux investissements dans le domaine des énergies renouvelables. Il est en évolution continue avec la loi de 2015 ensuite la loi 2019, puis les textes qui ont été publiés dernièrement sur les contrats et les coûts du transport. Outre ce cadre réglementaire favorable à l’investissement, la Tunisie dispose d’un service très étendu. Toutes les conditions sont là pour bien faciliter l’accès aux investissements et faciliter leurs concrétisations. Donc on ne parle pas d’une reforme bien déterminée mais tout un cadre réglementaire qui est en évolution permanente susceptible de répondre aux besoins des entreprises et du marché.