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L’économie tunisienne est dépendante de l’énergie et des matières premières et semi-finies, et la production ne peut pas se développer sans l’importation de ces matières
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La poursuite de l’austérité ne peut qu’affaiblir la croissance économique, rendre beaucoup plus important le taux de chômage et approfondir le déséquilibre des finances publiques
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Ce qui est effrayant, c’est l’énorme déficit énergétique de 4 milliards de dinars sur un total de 4,8 milliards de dinars, et la baisse des exportations de phosphate et ses dérivés de 26,3%
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Ridha Chkoundali, professeur universitaire en sciences politiques a commenté, dans un statut publié sur son Facebook, le résultat des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur tel que publié par l’Institut National des Statistiques (INS). A cet effet, il a évoqué deux points positifs dans le déficit commercial enregistré durant les quatre premiers mois de cette année. D’une part, l’évolution remarquable des exportations d’huile d’olive de 110%, et d’autre part, l’enregistrement d’un excédent commercial avec deux pays du Maghreb, à savoir la Libye (0,5 milliard de dinars) et le Maroc (0,1 milliard de dinars), ce qui interpelle d’intensifier les échanges commerciaux avec ces deux pays, selon ses dires.
Il a fait toutefois remarquer que la baisse du déficit commercial de -6,2 milliards de dinars au cours des quatre premiers mois de 2023 à -4,8 milliards de dinars à la même période de l’année 2024 résulte d’une nette baisse des importations: -1,8% contre -7% au cours des quatre premiers mois de 2024. Sur la même période en 2023, les importations de matières premières et semi-fabriqués ont diminué de -9%, elles représentent 33% des importations totales.
Selon lui, cette politique du commerce extérieur entreprise par l’Etat est la même que celle envisagée au cours de l’année écoulée, qui s’est traduite par une baisse notable du taux de croissance économique à seulement 0,4% et la perte de deux milliards de dinars de ressources fiscales.
Chkoundali a par ailleurs expliqué que l’économie tunisienne est une économie dépendante liée à l’importation de l’énergie et des matières premières et semi-finies, et la production ne peut pas se développer sans l’importation de ces matières importantes.
De plus, a-t-il dit, la poursuite de l’austérité au niveau des importations de ces produits ne peut qu’affaiblir la croissance économique, rendre beaucoup plus important le taux de chômage et approfondir le déséquilibre des finances publiques, et du coup, il obligera l’Etat à s’endetter davantage sur le marché intérieur et extérieur afin de pouvoir compenser le déficit dû au déclin des ressources propres, ou à davantage aller vers une austérité au niveau des dépenses notamment celles du développement. Un choix qui aura certes de mauvaises répercussions sur la croissance économique.
Selon l’universitaire, ce qui est également effrayant dans ce déficit commercial enregistré au cours des quatre premiers mois de cette année, c’est l’énorme déficit énergétique de 4 milliards de dinars sur un total de 4,8 milliards de dinars, et la baisse des exportations de phosphate et ses dérivés de 26,3%. Et d’ajouter que la Chine a enregistré, à elle seule, un déficit commercial de 2,5 milliards de dinars avec la Tunisie durant cette période, suivie par la Russie (2,2 milliards de dinars), puis l’Algérie (1,4 milliard de dinars), puis la Turquie (0,9 milliard de dinars), puis la Grèce (0,6 milliard de dinars), puis l’Ukraine (0,5 milliard de dinars).
Les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur aux prix courants durant les quatre premiers mois de l’année 2024 montrent que les importations ont enregistré une baisse de (-1,8%) contre +3,7% durant la même période en 2023. En valeur les importations ont atteint 26017,1 MD contre 26504,6 MD durant les quatre premiers mois de l’année 2023. Ce sont d’ailleurs les chiffres de l’INS publiés le 14 mai dernier.
A la suite de cette évolution au niveau des exportations (+4,8%) et des importations (-1,8%), le déficit commercial s’est allégé pour s’établit à un niveau de -4772 MD contre -6238,2 MD durant les quatre premiers mois de l’année 2023. Le taux de couverture a gagné 5,2 points par rapport à la même période de l’année 2023 pour s’établir à 81,7%.
L’INS a expliqué que la baisse des importations (-1,8%) provient d’une part de la baisse observée au niveau des importations des matières premières et demi-produits (-9%) qui représentent 33% du total des importations et d’autre part de la hausse enregistrée au niveau des importations des produits énergétiques (+10,8%), accompagnée d’une stabilité au niveau des biens d’équipement (+0,2%) et des biens de consommation (+0,04%).