TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – KRIMI Khemaies) – Au commencement, une provocation d’un média réputé pour son opposition notoire au Président Kaïs Saïed. Evaluant le bilan de ce dernier, à la veille de la présidentielle du 6 octobre 2024, le premier responsable de ce média a cru, faire mouche, en mettant en exergue l’échec du Chef de l’Etat de ne pas avoir réalisé ce qu’il avait promis lors de ses envolées lyriques, s’agissant particulièrement des mégaprojets du train à grande vitesse (TGV) et de la Cité médicale de Kairouan.
D’emblée, empressons-nous de dire que cette évaluation est loin d’être objective. Elle est, à priori, malsaine et malveillante, et ce, pour une raison de bon sens.
Une provocation dénuée de bon sens
Lorsqu’on sait que le Président Kaïes Saïed n’a pu prendre effectivement les rennes du pouvoir qu’à la faveur du coup de force constitutionnel qu’il avait opéré, le 25 juillet 2021 ;
Lorsqu’on sait que la démocrature qu’il avait instauré, depuis, a été accomplie dans des circonstances chaotiques : pandémie du corona virus qui avait fait plus de 30 mille morts, un parlement ingérable, une opposition divisée à l’extrême et un pays exposé à de probables risques d’implosion.
Conséquence : dans un tel contexte, le chef de l’Etat, même s’il dispose de pouvoirs absolus et quelle que soit sa bonne volonté, ne pouvait, en aucune manière, réaliser, en si peu de temps (trois ans), de tels mégaprojets.
Est il besoin de rappeler qu’en Tunisie la mise en œuvre d’un projet d’infrastructure dure en moyenne 15 ans : 5 ans pour l’étude de faisabilité technique, 5 ans pour la recherche d’un financement et 5 ans pour l’exécution. Que dire de mégaprojets tels qu’un TGV et d’une Cité médicale hors normes.
Néanmoins, la provocation précitée a eu un effet bénéfique. Elle a eu pour avantage d’avoir amené les services de la présidence de la république à réagir et à transmettre à des médias connus pour leur sympathie pour la cause du chef de l’Etat, des informations de première main sur l’évolutions des deux mégaprojets précités.
Le projet objet d’intenses concertation
Ainsi, dans sa livraison du 16 août 2024, le journal d’expression arabe Alchourouk a surpris, agréablement, ses lecteurs en publiant une excellente information sur des concertations d’affaires tuniso-chinoises portant sur la réalisation par des entreprises chinoises de projets d’infrastructure en Tunisie.
Signé par notre collègue Fouad Ajroudi, une source généralement bien informée, l’information nous apprend qu’au cours d’une réunion tenue dernièrement en présence d’une délégation du gouvernement chinois, la Tunisie a présenté 51 projets d’infrastructure dont le mégaprojet de modernisation du réseau ferroviaire avec comme projet phare la réalisation, en priorité, du premier TGV tunisien devant relier Bizerte (nord de Tunisie) à Tataouine (Sud du pays). Le choix du partenaire chinois pour la réalisation de ce dernier projet n’est pas fortuit. La Chine étant leader dans ce domaine.
Toujours d’après la même source, il a été même question de deux scénarios d’itinéraires que le futur TGV devrait suivre. Le premier devrait emprunter l’axe médian via la ville Kairouan, ce qui suppose l’intégration de la future Cité médicale dans l’itinéraire. Le second consisterait à moderniser la ligne ferroviaire reliant Bizerte à Gabès et à la prolonger vers Tataouine via Médenine. Le mégaprojet de modernisation du réseau ferroviaire vise également à relier au réseau ferroviaire la logistique portuaire et aéroportuaire.
Au final nous pouvons dire que, par-delà la provocation du média opposant catastrophiste et le média bien informé positif, le public a appris que le projet du TGV tunisien avance bien. Nous ne pouvons que nous en féliciter pour moult raisons.
Portée stratégique du TGV tunisien
Il faut dire que ce projet de TGV, pour peu qu’il soit réalisé, va constituer une avancée majeure pour les chemins de fer tunisiens qui comptent, à ce jour, 2.165 kilomètres de rails dont 471 kilomètres à voie normale et 1.694 kilomètres à voie métrique. Mais seuls 65 kilomètres sont électrifiés.
Les atouts dont engrange ce mégaprojet sont multiformes. La mise en œuvre d’une liaison ferroviaire électrifiée rapide sur plus de 700 km est à même d’améliorer la qualité du transport ferroviaire dans le pays. Avec à la clé plusieurs avantages.
Au niveau intérieur, un projet d’une telle ampleur va favoriser une liaison terrestre entre les différentes régions du pays. La qualité de transport du TGV et la sécurité qu’il offre vont encourager les Tunisiens à voyager plus à l’intérieur du pays, soit pour des motifs de travail, d’études, d’investissement, de tourisme…tiques.
Un futur TGV devrait permettre aux Tunisiens, partout où ils se trouvent à l’intérieur du pays de mieux se connaître et d’atténuer les malentendus et grincements qui surviennent, de temps en temps, à cause des séquelles de tribalisme, de clanisme et de régionalisme.
Il est nécessaire de rappeler à ce sujet l’attitude qu’ont eu certains politiques à exploiter la précarité de la vie au sud du pays pour demander sa séparation du nord et à demander des comptes aux gouvernements quant à la mauvaise gestion de ressources naturelles localisées au sud du pays (pétrole, gaz, sel…).
Au niveau économique, la mobilité que favorisera le futur TGV entre le nord et le sud va inciter les commerçants, les hommes d’affaires du pays et autres prospecteurs d’opportunités à se déplacer dans les deux sens en vue de conclure de contrats à des fins commerciales ou d’investissement.