TUNIS – UNIVERSNEWS (Gastronomie – M.S.) – Yasmine Hammamet abritera du 24 au 27 octobre 2024 les premières Journées Culturelles Internationales (JCI), un événement dédié aux arts culinaires de notre pays et d’ailleurs, sous le slogan « Nos terroirs… Notre identité gastronomique ». Cette manifestation, organisée par le magazine ‘‘Carthage’’ en partenariat avec l’Association ‘‘Fidélité à la patrie’’, les Club UNESCO, ALECSO, ISESCO de l’Ariana et la Fondation ‘‘In focus’’, proposera des expériences inédites, un débat et une animation spéciale, à travers des séminaires scientifiques, des expositions et des activités gastronomiques diverses.
Les explications du chef Mounir El Arem Bailli Délégué, à la chaîne des Rôtisseurs (Baillage Tunisie), Vice-Président, à la Fédération Tunisienne du patrimoine gastronomique et Délégué International à l’Académie Nationale de cuisine. Nommé Ambassadeur de la cuisine tunisienne auprès de l’organisation mondiale du tourisme (UNWTO) à Madrid, le chef Mounir est connu et reconnu à l’échelle mondiale pour son expertise et sa maîtrise des techniques de cuisine et de dégustation. A travers son esprit innovant dans les techniques gastronomiques, son omniprésence à la disposition des clients et son approche aisée en font un chef juste-mesure du haut-de-gamme… D’ailleurs, ses brigades le qualifient de virtuose dont l’œuvre est bien notée par les clients.
- UNIVERSNEWS: Pourquoi ces premières Journées Culturelles Internationales de gastronomie ?
Mounir Arem : La gastronomie est un pilier de l’identité tunisienne. Inscrite dans le patrimoine tunisien au même titre que les monuments et sites historiques, la gastronomie plait aux Tunisiens et touristes internationaux. De cet attrait pour la gastronomie est né le tourisme culinaire, qui permet aux individus de découvrir un territoire grâce à sa gastronomie et à ses produits du terroir. La Tunisie est une terre de saveurs, jalonnée par l’opulence de produits issus des terroirs de chaque région. Ainsi, la gastronomie est une manière pour les touristes de découvrir un territoire, au gré de ses produits du terroir, et son patrimoine comme en témoigne l’organisation de ces journées culturelles gastronomiques à Hammamet. Cet événement valorise la richesse, la diversité et la qualité des produits du terroir. Il met en lumière la gastronomie tunisienne. La cuisine et la créativité seront mises à l’honneur lors de ces journées, au travers des différents ateliers, démonstrations, dégustations, animations spéciales et dîners de gala préparés et servis dans la plus pure tradition de la haute gastronomie.
- Le festival revêt également une dimension culturelle importante ?
La Tunisie est reconnue par son patrimoine gastronomique, mêlant raffinement et simplicité, savoir-faire, culture et patrimoine. Le patrimoine gastronomique en Tunisie rassemble divers éléments : les savoir-faire et techniques culinaires, les recettes et les produits, mais aussi les coutumes et légendes liées à l’histoire culinaire du pays. En Tunisie, chaque région possède au moins une spécialité gastronomique, qu’il s’agisse d’un produit du terroir ou d’une recette, qui fait intégralement partie de son identité.
Cette grande manifestation sur l’art culinaire a une dimension culturelle. C’est une manifestation réalisée en partenariat avec l’Association Fidélité à la patrie, le Club UNESCO, l’ALESCO, l’ILESCO de l’Ariana et la Fondation « In focus galerie et évènements » qui proposera des expériences et des expertises dans le domaine de la gastronomie. Pour mémoire, chaque plat, chaque goût porte sa propre identité que l’on retrouve toujours dans l’histoire des civilisations… Produit du terroir ! La gastronomie est une chaine de valeur économique, un vecteur de transmission culturel, un outil de soft-power, et bien plus que cela. Cette diplomatie culturelle au sens large a permis l’émergence d’échanges qui dépassent largement les seules bases de l’alimentation. L’échange de nourriture était la base du tout premier contact entre les humains qui se découvraient, civilisation après civilisation. Aujourd’hui, ce sont les contrats qui se signent dans les restaurants et la diplomatie qui « se joue » dans les grands dîners. Des séminaires et des rencontres de communication seront tenus pour mettre en valeur ce patrimoine culturel, ainsi que la riche tradition culinaire tunisienne. Cet événement vise à montrer comment la cuisine peut servir de soft power, renforçant le statut touristique et culturel de la Tunisie Ces journées attireront des visiteurs du monde entier, mettant en valeur la diversité et la richesse de la cuisine marocaine tout en offrant une plateforme pour les échanges culturels. On pourra ainsi déguster des plats en provenance de diverses régions de Tunisie et certains en provenance d’autres pays, et cela sous la supervision de grands Chefs et associations partenaires de ce projet. Des shows cooking à base des produits du terroir, des concours pour jeunes apprenants et des moins jeunes sont au programme. La Femme rurale sera présente, par son savoir-faire, la transmission des recettes ancestrale… sa résilience sera mise à l’honneur.
- Il n’y a pas de bonne cuisine sans de bons produits ?
Avec une histoire aussi diversifiée notre gastronomie est multiculturelle riche et variée. Située au cœur de la Méditerranée, la Tunisie jouit d’une position géographique favorable à une météo aux 4 saisons, et une agriculture riche, abondante comprenant arbres fruitiers, légumes, herbes, épices, légumineuses et céréales, etc. Il n’y a pas de bonne cuisine sans de bon produits. La Tunisie regorge de produits agricoles de grande qualité. Ces journées culturelles gastronomiques promettent d’être un événement encourageant dans le registre du tourisme gastronomique, célébrant l’art culinaire tunisien et renforçant les liens entre les cultures grâce à la nourriture. C’est vrai qu’il n’y a pas de bonne cuisine sans de bons produits. Le piment bien gras, séché, puis cuit à la vapeur, agrémenté de coriandre en poudre et d’ail, devient le condiment rouge national. Je nomme l’Emblématique «Harissa» qui vient d’être inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2022. Dans le même contexte le Couscous a été inscrit aussi au patrimoine immatériel de l’UNESCO comme un produit Berbère Amazigh que se partagent les pays d’Afrique du Nord. Un autre produit phare tunisien qui puise ses origines de la période de Carthage est le Thon qui a été salé et fumé pour sa conservation et toujours consommé avec beaucoup d’appétit. En effet, le Tunisien est un grand consommateur de thon, d’harissa, d’huile d’olive et de pain que l’on sert systématiquement dans les restaurants en Tunisie. L’olivier, arbre millénaire au jus de son fruit, divin a longuement contribué à la prospérité de Carthage. L’Huile d’olive est omniprésente dans la gastronomie tunisienne. Je vais citer quelques plats de notre patrimoine culinaire qui sont l’exemple type de la diète méditerranéenne. L’emblématique « Plat Tunisien » création du dernier siècle. Il est le prototype de l’utilisation de légumes, on y met des pommes de terre cuite à l’eau, tomate, concombre, oignon, piment, légumes confits, menthe sèche et la fameuse huile d’olive, certains rajouteront un œuf mollet et du Thon en conserve. La salade « Omek Houria » carotte cuite à l’eau, écrasée avec une poudre de carvi, câpres, huile d’Olive et un soupçon du condiment national l’Harissa. La salade « Mechouia » piment, oignon, tomate, ail, le tout grillé sur feu de bois coupé en petit morceaux et mélangé avec un peu de jus de citron et d’huile d’olive et le tour est joué. La « Chakchouka » après avoir coupé en petit dé oignon, tomate, piment, on les saisie dans une poêle ou on aura pré chauffée d’huile d’olive extra vierge tunisienne en milieu de cuisson on rajoute une cuillère de notre condiment l’Harissa, et en fin de cuisson on agrémentera d’un œuf, de la menthe sèche et une persillade en moment de servir. Le « Couscous » se décline sous différentes formes et recettes. En Tunisie, il est d’usage que la semoule de couscous soit arrosée 2 voire 3 fois avec le bouillon dans lequel on a fait cuire les légumes ou les protéines animales. Donc la semoule sera jaune si notre sauce aura été parfumée au curcuma, rouge si la tomate est prédominante avec du paprika, verte si on utilise les fanes de fenouil et de l’aneth et blanc si on utilise des légumineuses uniquement. Le couscous sera servi en dessert dans une petite verrine. Il aura été mélangé avec du lait, des morceaux de datte, et légèrement parfumé à l’eau de fleur d’oranger ou de fleur de géranium et éventuellement du miel. La « Bsissa » plat très ancien et atypique est composé de céréales tels que blé, orge en poudre qu’on mélange à des légumineuses réduit en poudre tels que le pois chiche, lentille, féverole, le fenugrec le tout agrémenté par des épices comme le fenouil, thym, romarin, l’anis étoilé, ou encore des fruits sec amande, pistache, noisette… Ce mélange de poudre sera mélangé à l’huile d’olive pour donner une pâte compacte qui sera un excellent coupe-faim. Ou bien il sera mélangé à de l’eau froide pour la sensation de rafraîchissement. L’art de la table est intimement lié à l’art de vivre en famille et certains plats sont fortement liés aux différentes cérémonies et fêtes religieuses. Chaque événement aura son plat spécifique. Pour les gastronomes, les gourmets, les gourmands et les passionnés dont je fais partie la cuisine est un art qui procure un des plaisirs les plus fins de la vie et faire de la cuisine nécessite beaucoup d’amour pour autrui.