TUNIS – UNIVERSNEWS (Education) – Certains se croient investis de la volonté divine, pour opérer des changements dans certains secteurs vitaux, sans prendre en considération qu’il est nécessaire d’avoir l’avis de tous les acteurs qui sont concernés… et, voilà, que le contenu du décret-loi relatif à l’organisation du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, publié mardi au JORT, qui alimente la polémique et attise le mécontentement des parties syndicales et des organisations de la société civile actives dans le domaine de l’éducation, déplorant ce qu’ils considèrent comme une « exclusion du processus de la réforme du système éducative ».
Le décret-loi n° 2 -2024 113-2024, publié dans le numéro 113 du JORT, portant sur l’organisation du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, a été énoncé dans l’article 135 du chapitre 9 de la Constitution de 2022. Ce décret-loi se compose de 14 chapitres qui comprennent des dispositions générales et d’autres articles portant sur sa composition, ses prérogatives et ses modes de fonctionnement.
Après la lecture de ce texte, le secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement secondaire, Mohamed Safi, a indiqué à l’agence TAP que la partie syndicale a été exclue de la composition du conseil supérieur de l’éducation, affirmant que « la présence du syndicat est très faible».
Selon l’article 4 du décret-loi portant organisation du Conseil supérieur de l’éducation, la commission supérieure du Conseil est composée des ministres de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique, de l’emploi et de la formation professionnelle, de la famille, de la femme, de l’enfance, des personnes âgées, de la jeunesse, des sports, des affaires religieuses et des affaires culturelles.
Le Conseil est également composé de sept experts dans le domaine de l’éducation nommés par arrêté sur proposition des ministres concernés, du président du comité d’experts et du président du comité d’évaluation, ainsi qu’un représentant du syndicat le plus représentatif dans le domaine de l’éducation, qui assiste aux réunions du Conseil chaque fois que l’ordre du jour comprend des questions liées aux droits syndicaux.
En réaction à sa position sur la présence d’un membre du syndicat le plus représenté aux réunions du conseil, Safi a dénoncé «la réduction du rôle de la partie sociale aux seules questions syndicales, alors que les questions éducatives, sont indissociables de celles d’ordre syndical ».
Il a souligné que la Fédération générale de l’enseignement secondaire relevant de l’UGTT « n’adhère pas à cette approche et n’y sera partie prenante, que dans le cadre d’une approche qui prend en compte la partie sociale en tant que partenaire actif avec les autres parties intervenantes dans le processus de réforme éducative, telles que les parties administratives et syndicales, les experts en sciences de l’éducation et les inspecteurs ».
Safi a souligné que l’exclusion des parties impliquées dans le système éducatif ne permettra pas d’atteindre l’objectif escompté à savoir la réforme du système éducatif.
Pour sa part, Kamel Missaoui, président de la Coalition Educative tunisienne, a exprimé à l’agence TAP son mécontentement face à l’absence de représentativité des syndicats et des organisations de la société civile dans la composition du Conseil supérieur de l’éducation, indiquant « qu’aucune partie, qu’elle soit éducative, syndicale ou associative, n’a été consultée au sujet de la composition du Conseil ».
La participation d’un seul représentant du syndicat le plus représentatif du secteur de l’éducation dans la composition du conseil constitue selon lui, « une atteinte à l’image de l’UGTT », notant que la représentativité syndicale, dans la composition du conseil, aurait dû être expressément définie, comme étant celle de l’UGTT.
Il a également critiqué l’absence de représentativité des organisations dans le conseil de l’éducation, telles que l’Institut arabe des droits de l’homme, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme et la Coalition Educative Tunisienne, précisant que « la non implication des organisations a pour effet de réduire le rôle de la société civile et de transformer le conseil en une structure gouvernementale et administrative, qui fonctionne en dehors du contrôle social ».
Missaoui a souligné que le Conseil supérieur de l’Education « ne pourra pas jouer un rôle efficient dans la réforme du système éducatif, étant donné qu’il émet un avis consultatif », mise à part l’absence des différentes parties sociales et des organisations sociales ayant participé auparavant à la réforme.
D’autre part, Ridha Zahrouni, président de l’Association tunisienne des parents d’élèves, s’est interrogé sur l’absence des représentants du ministère de l’intérieur dans la composition du Conseil supérieur de l’éducation, expliquant à la TAP que les affaires éducatives sont liées aux compétences des collectivités locales et des municipalités en ce qui concerne les bâtiments et les plans d’aménagement.
Il s’est également interrogé sur l’absence d’un représentant du ministère des finances dans la composition du Conseil supérieur de l’éducation, notant que toutes les politiques, projets ou programmes éducatifs qui seront mis en œuvre sur le terrain nécessitent des fonds financiers alloués par le ministère des finances.
Il estime que le décret-loi portant création du Conseil supérieur de l’éducation est « assez confus » notamment sur la question de la participation des parents dans la composition des experts, soulignant la nécessité d’impliquer les parents dans la prise de décision en matière d’éducation, qui est garantie par l’article 52 de la Constitution.