TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – La production d’agrumes révèle des perspectives modérées en raison de facteurs climatiques défavorables. Les fellahs pointent du doigt un manque de pluviométrie qui a perturbé la floraison et, par conséquent, les rendements des cultures d’agrumes et la baisse de la production comme le précise Béchir Aounallah, Président de l’Union locale de l’agriculture et de la pêche à Beni Khalled
Le stress hydrique menace aujourd’hui toute la région. « Comme de nombreuses zones du pays, le gouvernorat de Nabeul a connu ces derniers mois des vagues de chaleur extrême, au sortir d’un hiver inhabituellement sec… Les fruits notamment les agrumes n’ont plus guère de chances de grossir et les conditions de la sècheresse accélèrent leur chute naturelle. La terre sablonneuse se fissure, se creuse et laisse échapper de la poussière. C’est sec, archi-sec. La plupart des agriculteurs s’inquiètent. La récolte des agrumes s’annonce mal cette année. Le changement climatique nous sort des variabilités naturelles du climat pour aller dans un monde inconnu. Dans les exploitations les mieux équipées, l’irrigation des vergers a permis de limiter l’impact de la sécheresse mais les plantes ont souffert des vagues de chaleur successives comme en témoignent les agriculteurs. Comme les barrages, les réservoirs naturels (nappes phréatiques et cours d’eau de surface) s’assèchent également à un rythme rapide. » a expliqué Béchir Aounallah
Baisse de la production de 2 à 10%
Le changement climatique pourrait aggraver la situation en diminuant les ressources en eau à Beni Khalled, Menzel Bouzelfa et Nianou, principales régions agrumicoles du Cap Bon. «La production a connu une baisse de 2 à 10% en raison des conditions climatiques notamment la pénurie d’eau, l’augmentation de son taux de salinité et la vétusté des réseaux de distribution. Ceci sans oublier le vieillissement des arbres soit 4000 ha entre Béni Khalled et Menzel Bouzelfa. Les estimations tablent sur 360 mille tonnes pour tout le pays dont 260 mille pour le Cap Bon. L’apport des eaux du Nord est insignifiant. Nous n’avons reçu que 3 millions de m3 pour toute la forêt d’agrumes. La part de la région de Béni Khalled est de 550 mille m3 dont 153 mille m3 pour le périmètre de Béni Khalled, 152 mille m3 pour Zaouiet Jdidi et 20 0 mille m3 pour El Goba. C’est insuffisant. Un hectare exige 6000 m3. Nous n’en recevons que 1000. Nos agrumes ont réellement soif. Malgré l’évolution du rendement de 7,5 tonnes à l’hectare en 1966 à 16 T/ ha en 2020, la productivité du verger agrumicole reste encore en deçà du niveau souhaité de 30 t/ha» a précisé le directeur de l’UTAP de Beni Khalled
Difficultés d’exportation
Notre interlocuteur estime que les conséquences du manque d’eau peuvent affecter les agrumes destinés à la vente sur le marché intérieur ou à l’exportation, exprimant l’espoir des producteurs de voir arriver les pluies pour améliorer la rentabilité de la production, compte tenu de l’importance de l’eau dans la production des agrumes. L’exportation est en baisse.8506 tonnes d’agrumes ont été exportées durant la campagne précédente 2023-2024 contre 7614 tonnes en 2022. Les agrumes tunisiens sont exportés principalement en France, un marché qui en a accaparé 90%, l’équivalent de 7708 tonnes, suivi du marché libyen (620 tonnes), celui du Qatar (86 tonnes) et des Émirats Arabes Unis (47 tonnes). C’est la variété « Maltaises » qui est la plus prisée sur les marchés internationaux. Il est vrai que le contexte géopolitique exerce une pression supplémentaire sur le secteur, affectant les coûts des intrants et de la logistique. La concurrence s’intensifie également avec d’autres grands producteurs comme l’Espagne, le Chili et la Turquie. Ces pays ont investi dans des variétés plus productives et résistantes, ainsi que dans des infrastructures de stockage et de transport modernes. La taille des fruits récoltés pose un problème, avec 50% de la récolte totale d’agrumes composée de fruits de petite taille, tandis que seulement 20% correspondent à des fruits de taille commerciale et 30% à des fruits de taille moyenne. Il faudrait trouver des solutions pour améliorer la taille des fruits, en particulier ceux destinés à l’exportation, afin d’optimiser la valeur et la qualité globale de la récolte. Face aux difficultés rencontrées au niveau de l’exportation, il faudrait en trouver, aussi, pour une meilleure structuration du secteur des agrumes et pour la mise en place d’une stratégie visant à promouvoir le produit tunisien auprès de nouveaux marchés en plus de préserver notre position dans le marché français » a-t-il expliqué. (M.S.)