L’économie tunisienne est toujours en panne. Elle semble très mal outillée pour prétendre à une relance rapide et durable. Reste que pour certains économistes, optimistes forcément, la reprise est toujours possible pour peu qu’on trouve les parades nécessaires.
Hakim Ben Hammouda, expert international et ancien ministre des Finances estime qu’il n’est plus de choix que d’identifier un grand programme d’investissement et d’engager de grands chantiers en partenariat avec le secteur privé. Mais le plus important serait certainement de mobiliser les vraies compétences pour espérer réussir ces chantiers.
Il est question aussi de savoir planifier et de penser à long terme. Interview…
Presque neuf ans après le soulèvement, l’économie tunisienne est toujours en difficultés. Plus grave, elle semble s’enfoncer de plus en plus pour se situer à des niveaux alarmants.
Certains pensent même que l’économie tunisienne est toujours très mal outillée pour prétendre à une relance rapide ?
L’économie tunisienne connaît une importante crise avec un ralentissement important de la croissance, une accélération du déficit du commerce extérieur, une désindustrialisation rapide, un niveau de chômage élevé et une inflation relativement élevée. Mais, ce qui complique encore plus les choses ce sont les choix de politique économique marqués par les préoccupations de court terme et de sauvegarde des grands équilibres macroéconomiques.
On pense que les contraintes de l’économie tunisienne sont multiples. Elles sont surtout d’ordre humain, ce qui explique la mauvaise gestion de certains dossiers, l’absence d’une planification sérieuse, l’absence d’une diplomatie économique efficace.
Il est question aussi de moyens, ce qui explique une situation financière catastrophique et surtout un endettement extérieur à haut risque. Qu’en pensez-vous ?
Les questions humaines sont importantes. Mais, je tiens à relativiser ce point de vue dans la mesure où la Tunisie dispose de compétences de haut niveau et qui sont fortement demandées au niveau international.
En effet, nous assistons depuis quelques années à une forte migration de nos compétences. Le vrai problème défi aujourd’hui concerne l’absence d’une véritable vision globale et de long terme. Et, ceci constitue une véritable rupture dans notre histoire économique dans la mesure où nous avons construit une grande capacité de planification depuis les premières années de l’indépendance qui nous a permis de construire notre développement sur des bases solides. Nous devons redonner vie à cette capacité de projection dans l’avenir.
Dans le même contexte, on pense que le ralentissement significatif de l’investissement et la multiplication des contraintes au niveau de l’environnement d’affaires tunisien expliquent en grande partie la difficulté de l’économie tunisienne.
La nouvelle loi sur l’investissement qui vient d’être adoptée est-elle en mesure de renverser la tendance ?
Y a-t-il des dispositions particulières à prendre pour tirer pleinement profit de cette loi ?
Le véritable défi pour notre économie et pour notre développement futur concerne l’investissement. L’incertitude politique et les interrogations sur l’avenir ont été à l’origine d’une attitude très attentiste de la part des investisseurs. Il est vrai que l’environnement des affaires n’a pas favorisé le développement des investissements. Mais, il faut dire que nous avons effectué d’importants progrès au cours des dernières années.
Mais nous devons aussi définir un vaste programme d’investissement et de grands travaux dans le cadre d’un partenariat avec le secteur privé dans l’objectif de relancer la croissance et l’investissement.
A.S