- La légalité de la HAICA remise en question. Qui tranchera et comment ?
Hichem Senoussi, membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a appelé l’Instance supérieure indépendante pour les élections et les autorités concernées à déterminer leur position quant à l’annonce du propriétaire de la chaîne de télévision privée Nessma TV, Nabil Karoui, de sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Nabil Karoui a annoncé, lundi soir, lors d’une interview exclusive sur la chaîne Nessma, son intention de se porter candidat à la prochaine présidentielle prévue en novembre 2019.
« Je participerai à la présidentielle », a-t-il fait savoir, estimant que « le peuple est en droit de connaître les candidats qui se présenteront à ces échéances afin de décider qui choisir ». « Nous présenterons, également, des listes aux législatives », a-t-il dit.
Dans une déclaration, aujourd’hui mardi 28 mai 2019, à l’agence TAP, Hichem Senoussi a rappelé que le cahier des charges régissant les chaînes de télévision privées interdit à toute chaîne de faire de la publicité à son propriétaire.
Il a, dans ce sens, évoqué « les nombreux avertissements adressés par la HAICA au sujet des dépassements commis par Nabil Karoui sur sa chaîne, leur gravité et leur instrumentalisation à des fins politiques ».
Hichem Senoussi a, également, appelé les institutions de l’Etat, dont les autorités judiciaires et surtout le Pôle judiciaire et financier, à relancer les procès intentés contre Nabil Karoui pour blanchiment d’argent.
Par contre, Farouk Bouasker, vice-président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), a expliqué que le droit à la candidature est garanti à tout Tunisien remplissant les critères constitutionnels.
Après cette déclaration de Hichem Senoussi, plusieurs remarques et constats s’imposent. D’abord, il ne s’agit pas d’un communiqué officiel de la HAICA, mais d’une déclaration d’un simple de ladite Instance qui est remise en question puisque, théoriquement, elle se trouve en situation illégale, la durée de son mandat ayant expiré depuis près d’un mois.
Ensuite, on constate que depuis son fameux aveu accusant le parti islamiste d’Ennahdha de soutenir Zitouna TV et d’empêcher, ainsi, l’application de la loi pour toutes les chaînes, Nouri Lejmi, président de la HAICA, ne se manifeste plus et observe un silence curieux, cédant le champ à quelques communiqués et à Hichem Senoussi qui passe, selon, les milieux avertis, pour être l’homme fort de l’Instance, pour passer dans les différents plateaux radiotélévisés et parler en conquérant.
L’autre constat grave est que M. Senoussi n’hésite pas à lancer des accusations et à donner des ordres à la justice, plus précisément au «Pôle judiciaire et financier, pour qu’il relance les procès intentés contre Nabil Karoui pour blanchiment d’argent… ».
Ces propos sont graves dans le sens où le simple membre de la HAICA s’immisce dans les affaires de la justice et prend des positions partiales. Ces propos sont, également, graves dans la mesure où cela crée un amalgame entre ses points de vue personnels et les positions officielles de la HAICA et qui sont, étrangement, les mêmes.
Il est à noter qu’il va falloir mieux connaître le statut de Nessma TV et ses relations avec Nabil Karoui qui, selon, ses proches, n’a plus aucun lien juridique alors que M. Senoussi continue à parler de Nabil Karoui comme étant le propriétaire de la chaîne.
En tout état de cause, la situation nécessite une plus grande clarification, notamment du côté de la HAICA pour dire si elle est légale ou non. Il faudra, aussi, préciser qui peut dire si elle est encore valide ou périmée, sachant que deux thèses et deux interprétations sont véhiculées selon l’article sur lequel on se base.
Il est vrai que la nature a horreur du vide qui pourrait être exploité, dans le cas d’espèce, à mauvais escient, mais la nature a horreur, aussi, du provisoire qui dure !…
Cela revient-il à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ou au ministère chargé des relations avec la société civile et les instances constitutionnelles de trancher et de remédier à ce litige. Il est temps, en effet, de quitter le flou et entrer pleinement dans les zones claires, car on a assez des polémiques et de contradictions…