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- Le Parlement pointé du doigt pour la lenteur dans l’amendement de la loi fondamentale de la BCT, auquel doivent participer tous les acteurs économiques
- Le paradoxe réside dans le fait que la Banque centrale va se retrouver obligée de booster la consommation à la suite de l’entrée en vigueur de la loi sur les chèques
- La nouvelle loi sur les chèques met la Banque Centrale dans une situation juridique délicate
- Les prêts directs accordés à l’Etat à deux reprises pour un montant de 14 milliards de dinars auront des répercussions inflationnistes importantes
Tunis, UNIVERSNEWS (CULT) –En réaction à la décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT), de maintenir le taux directeur inchangé à un niveau élevé de 8 %, l’universitaire et expert en économie, Ridha Chkoundali a déclaré que l’erreur réside dans l’approche adoptée par la BCT et non dans sa décision de maintenir le taux directeur inchangé. Et d’expliquer que la Banque centrale est en train de mettre en œuvre uniquement sa loi fondamentale, qui considère que l’origine de l’inflation est financière par excellence et provient essentiellement de la demande, notamment de la consommation des familles tunisiennes qui sont tenues pour responsables de cette inflation, selon ses dires.
Dans un statut publié sur son compte Facebook, Chkoundali a tenu à expliquer que, selon la loi fondamentale, le taux d’intérêt directeur doit être maintenu élevé afin que les familles tunisiennes soient privées de crédits à la consommation. « Nous ne reprochons rien à la Banque Centrale, car elle en train d’appliquer la loi fondamentale, mais plutôt au Parlement, pour cette lenteur dans l’amendement de la loi fondamentale de la Banque centrale auquel doivent participer toutes les compétences et tous les acteurs économiques, afin qu’elle ne soit pas semblable à cette initiative proposée par certains députés », a-t-il dit.
Selon lui, le paradoxe réside également dans le fait que cette fois-ci, la Banque centrale va se retrouver obligée de booster la consommation privée à la suite de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi des chèques, alors que sa politique monétaire l’oblige à limiter la consommation. En effet, la BCT est obligée d’inciter les banques à créer de nouveaux mécanismes pour financer la consommation et faciliter le paiement, et si elle le fait, elle va encourager les banques à fournir des facilités de paiement sous forme de prêts à la consommation, ce qui est en contradiction avec sa loi fondamentale. « Face à cette situation, la Banque Centrale se trouve actuellement dans une situation juridique difficile. D’un côté, elle est obligée de limiter la consommation conformément à sa loi fondamentale, et de l’autre côté, elle est obligée de stimuler la consommation après que le processus des chèques ait été bloqué en tant que moyen de paiement à échéance. La nouvelle loi sur les chèques met la Banque Centrale dans une situation juridique délicate », a-t-il expliqué.
Dans le même contexte, Ridha Chkoundali a souligné que la Banque Centrale a maintenu le taux directeur inchangé parce qu’elle craint le retour de l’inflation, sachant que les prêts directs qu’elle a accordés à l’Etat à deux reprises pour un montant de 14 milliards de dinars auront des répercussions inflationnistes importantes : « C’est un autre paradoxe, la Banque centrale prête directement à l’Etat des sommes exorbitantes, ce qui lui fait craindre le retour de l’inflation financière, mais elle en rend les familles tunisiennes responsables en maintenant le taux d’intérêt directeur élevé. Dans ce cas, c’est l’Etat qui est à l’origine de l’inflation, et non pas les familles tunisiennes. Au contraire, leur consommation profite à l’économie, comme étant la principale source de croissance économique », a-t-il encore assuré.
Chkoundali a accusé la Banque Centrale d’être en contradiction flagrante, en faisant l’éloge d’avoir conservé une réserve importante de devises, alors que nous nous plaignons en même temps de l’aggravation du déficit commercial : « La politique d’austérité sur les importations, notamment sur celles des matières premières et de produits semi-finis qui vise à préserver les réserves en devises, a provoqué une récession économique ayant conduit à une baisse significative des exportations et par conséquent l’aggravation du déficit commercial », a assuré Chkoundali.
Selon lui, le déficit commercial provient essentiellement de l’énergie et la détérioration des réserves en devises provient des importations d’énergie. « Si nous voulons réduire le déficit commercial et en même temps préserver les réserves en devise, la Banque centrale doit s’orienter vers une politique énergétique et par conséquent encourager l’achat de panneaux photovoltaïques pour réduire la facture d’électricité et par conséquent faire baisser l’inflation», a-t-il recommandé.
A rappeler que le Conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), réuni, mercredi dernier, avait décidé de maintenir inchangé à 8% le taux directeur, considérant que les perspectives de l’inflation demeurent encore entourées de risques haussiers et estime nécessaire de continuer à soutenir le processus désinflationniste au cours de la période à venir.
Il a, par ailleurs, noté que, conformément aux dernières prévisions, le taux d’inflation s’est maintenu sur une tendance baissière pour s’établir à 6,2% au mois de décembre 2024, contre 6,6% le mois précédent et 8,1% un an auparavant. En termes de moyennes annuelles, le taux d’inflation est revenu de 9,3% en 2023 à 7% en 2024.