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Un risque massif de 450.7 MD menace même la stabilité du secteur….
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Un système de gouvernance inadéquat et des interrogations sur la responsabilité des commissaires aux comptes …
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Publier des comptes sous réserve sans un message clair et didactique à destination des marchés est une erreur de gouvernance, surtout pour une banque cotée
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La légèreté avec laquelle a été traité un sujet aussi sensible qu’une réserve sur les comptes annuels appelle à plus de rigueur, de transparence proactive
TUNIS – UNIVERSNEWS – La récente communication du CMF du 18 avril 2025, relayant un correctif de la BH Bank sur ses états financiers 2024, a provoqué un malaise palpable parmi les analystes et actionnaires. Non pas parce que la réserve des commissaires aux comptes aurait été cachée -elle figurait bien dans le rapport initialement publié- mais parce que la gestion de cette information a manqué de clarté et de pédagogie.
Le CMF relaye une mise à jour officielle des états financiers 2024 de la BH Bank : le résultat net passe de 108,5 millions de dinars à 70,4 millions, suite à des provisions supplémentaires décidées après coup !!!. Cette mise à jour fait suite à une réserve formulée par les commissaires aux comptes, pourtant déjà signalée dans les rapports initiaux. Mais c’est bien la gestion de cette séquence —et non le fond comptable— qui interroge.
➡️Dès la publication des états financiers le 16 avril 2025, les commissaires aux comptes avaient émis une réserve explicite, attirant l’attention sur certains manques en matière de provisionnement.
➡️ Toutefois, ni la banque ni ses organes de gouvernance n’ont accompagné cette publication d’une communication suffisamment claire pour permettre aux marchés de mesurer l’impact potentiel de cette réserve.
➡️ Le résultat initialement annoncé de 108,5 millions de dinars semblait « final », alors qu’il dépendait en réalité d’un ajustement probable que le communiqué officiel n’a formellement acté que deux jours plus tard, avec un résultat révisé à 70,4 millions de dinars!!!
➡️ Le communiqué du CMF du 18 avril, relayant la modification des états financiers 2024 de la BH Bank, n’a pas manqué de faire réagir. Certes, la réserve des commissaires aux comptes figurait dans le rapport initial, et la correction opérée ensuite aboutissant à un résultat net révisé à 70,4 millions de dinars a permis de la lever ???
Mais la façon dont cette séquence a été gérée laisse à désirer, tant du côté des organes de gouvernance que des auditeurs.
🧾 Une Réserve Visible, mais un Silence Bruyant !!!
Personne ne peut accuser la BH Bank d’avoir caché l’existence d’une réserve. Mais publier des comptes sous réserve sans un message clair et didactique à destination des marchés est une erreur de gouvernance, surtout pour une banque cotée. Les organes qui ont arrêté ces comptes semblaient pressés d’annoncer un résultat solide, sans pleinement assumer que celui-ci pourrait être révisé.
🕵️♂️ Et les Commissaires aux Comptes ?
De leur côté, les commissaires aux comptes n’échappent pas à la critique. Leur réserve — levée quelques jours plus tard après ajustement — a pu donner l’illusion d’un dossier maîtrisé, alors qu’il nécessitait, en réalité, une intervention comptable substantielle.
Une meilleure coordination et une communication concertée auraient permis d’éviter l’impression d’un ajustement de dernière minute, dont l’effet réputationnel est toujours plus coûteux que l’impact chiffré lui-même.
Leur position évolutive a contribué à créer une confusion sur le caractère définitif ou non des états publiés. Cette volte-face, bien que fondée sur des corrections postérieures, aurait mérité un accompagnement pédagogique dès le départ, ne serait-ce que pour prévenir un effet de surprise malvenu auprès des investisseurs.
🧾 L’effet image plus que l’effet chiffres
Dans le fond, les fondamentaux de la BH Bank demeurent solides, avec des ratios de solvabilité rassurants et une politique de provisionnement finalement renforcée. Mais sur la forme, cet épisode aura coûté une part de crédibilité dans la communication financière. À l’heure où la confiance des marchés repose sur la clarté du discours autant que sur la solidité des bilans, ce genre de cafouillage ne passe plus inaperçu.
🕵️♂️ Une Leçon de Gouvernance
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la solidité de la BH Bank, ni même l’intégrité de ses organes. Mais la légèreté avec laquelle a été traité un sujet aussi sensible qu’une réserve sur les comptes annuels appelle à plus de rigueur, de transparence proactive, et surtout de coordination entre les parties prenantes : direction générale, conseil, et commissaires aux comptes.
🔍 Une Réserve Silencieuse, mais Lourde de Sens
Dans leur rapport initial, Les commissaires aux comptes ont émis une opinion avec réserves, focalisée sur ‘‘un groupe opérant dans le secteur oléicole, exposé à hauteur de 450,7 MDT. Bien que cette créance soit encore classée parmi les actifs sains à la clôture 2024, des événements survenus début 2025 révèlent une détérioration de la qualité de crédit et une vulnérabilité des garanties’’.
‘‘…La situation exige un reclassement en créance incertaine, mais l’impact exact sur les états financiers et les ratios réglementaires reste, à ce jour, incalculé.’’
Ce dossier symbolise les fragilités potentielles d’un portefeuille à surveiller de près.
Le cœur de la réserve portait sur un risque oléicole massif de 450,7 millions de dinars, identifié comme à potentiel systémique. Un chiffre vertigineux, qui aurait mérité un traitement communicationnel à la hauteur de son ampleur. Or, la publication des comptes le 16 avril 2025 s’est faite sans alerte majeure, comme si la réserve était un détail technique.
Il n’en est rien : ce type de risque, par son volume et sa concentration sectorielle, peut affecter la stabilité non seulement de la banque, mais potentiellement du secteur agricole et financier élargi.
Affaire à suivre…