La 34è édition du festival international du film amateur de Kelibia (FIFAK) organisé par la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (FTCA) qui s’est tenue du 1er au 6 août 2019 a récompensé à travers ses différents jurys plusieurs films qui méritaient ces distinctions.
Toutefois, les prix attribués n’étaient pas dans l’ordre attendu par les spectateurs cinéphiles qui avaient suivi les projections au théâtre de plein air Zine Essafi, à la maison de la culture de l’ancienne Clupia.
Dans la compétition nationale, le film documentaire : « Rail N°13 » de Sami Nasri (Club Hani Jawharia) a remporté le Grand Prix Farhat Hached, celui de l’Association des réalisateurs tunisiens, en ex aequo avec un autre documentaire : « Leave Yamlikha alone » de Jihed Ben Slimen, du Club de Hammem Ghezez et le prix des Anciens de la FTCA.
Et pour revenir à « Leave Yamlika alone », ce film a reçu le second prix de la compétition nationale et le prix du jury de l’INLUCC étant donné qu’en plus d’être un plaidoyer pour la préservation de l’environnement, ce film donne la parole à des activistes et des habitants d’une région pour dénoncer les menaces qui nuisent à l’écosystème.
Cette situation n’est pas sans renvoyer à la corruption et à l’absence de décisions drastiques des politiques contre de tels abus. Quant à « Rail N°13 » pour y revenir également, il n’avait que le mérite d’avoir filmé en live des scènes de violence et d’utilisation du gaz lacrymogène contre des habitants de Menzel Bouzaiène dans le gouvernorat de Sidi Bouzid.
Ces derniers avaient barré la ligne de chemin de fer où passent le phosphate extrait du Bassin minier. Le film leur a donné la parole pour clamer leur droit aux bénéfices de l’extraction et de la vente du phosphate.
Mais ce n’était pas une première dans la mesure où dans des reportages télévisés, cela a été réalisé. Et il est un film dans cette même compétition nationale qui n’avait reçu que le prix du jury de l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC.) Il s’agit du documentaire : « Le petit papa » de Mortadha Ghannouchi de l’ISAM de Gabès.
Le héros du film est un enfant de quatorze ans qui raconte son quotidien à travailler sur un triporteur pour subvenir aux besoins de sa famille. L’originalité d’une telle histoire est que l’enfant parle avec son triporteur qu’il personnifie en quelque sorte.
Et du côté de la compétition internationale, le Faucon d’or a été remporté par le film de fiction italien : « Sadok » de Geraldine Ottier. Un film où joue l’acteur tunisien Ahmed Hafiane vivant et travaillant en Italie. Il y incarne le rôle principal celui d’un artiste peintre de rue qui observe devant lui et à travers les fenêtres de sa maison le quotidien de la femme qui y vit avec son mari. Mais des problèmes ont lieu.
L’artiste essaiera par le truchement de sa palette à réconcilier et la solitude de Margherita et les préjugés portés contre les étrangers. Ce premier prix aurait pu et dû être remporté par l’excellent film espagnol « Ramén » de Ruben Seca.
Une comédie hilarante entassée d’imprévus sur l’acceptation des croyances religieuses entre des membres d’une même famille. Ce film n’a pu recevoir qu’une Mention spéciale de cette compétition internationale. Le jury en aura voulu ainsi.
D’autre part, le film « Tea » de Shokir Kholikov d’Uzbekistan, ce pays qui participait pour la première fois au FIFAK, a reçu seulement le troisième prix. Les avis du jury ne correspondaient pas beaucoup à celles des coups de cœur du public.
Une situation qui fait suer avec un suspens poussé à l’extrême quand il s’agit pour le héros du film d’atteindre son objectif dans la douleur. Faudrait-il alors créer un Prix du Public au sein de ce festival ?
Lotfi BEN KHELIFA