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Un président de Bureau politique d’un parti soutient le chef d’un parti rival et « ennemi juré » ! Qui dit mieux ?
Chaque jour apporte son lot de surprises, souvent aberrantes. La dernière en date est cette déclaration faite par Radhouane Ayara, secrétaire d’Etat chargé de l’immigration et président du Bureau politique de Nidaa Tounès, et dans laquelle il annonce le soutien total au candidat à l’élection présidentielle, Youssef Chahed, qui est le candidat officiel d’un autre parti rival, Tahya Tounès !
La situation est tellement grotesque que la réaction des structures de Nidaa a été instantanée et « foudroyante ». Dans un communiqué signé par quatre ténors du parti, en l’occurrence, Hafedh Caïd Essebsi, Ali Hafsi, Raouf Khammassi et Khaled Chouket, le parti annonce la décision du gel de l’adhésion du sieur Ayara avant de le faire passer devant la Commission de discipline.
Mais savez-vous l’argumentation présentée par Ayara pour justifier son annonce ? « Youssef Chahed est l’enfant de Nidaa et feu Béji Caïd Essebsi avait demandé aux congressistes de Nidaa en avril dernier de lever le gel de son adhésion… ». Ni plus, ni moins.
M Ayara, qui est membre du gouvernement de M. Chahed, mais aussi ancien secrétaire général du RCD en Allemagne, semble avoir oublié que Youssef Chahed a refusé de réintégrer Nidaa en acceptant la présidence de son rival et « ennemi juré », Tahya Tounès. Sans oublier qu’il était en conflit ouvert avec feu Béji Caïd Essebsi, le refus de signer les fameux amendements à la loi électorale en est la preuve la plus éclatante. Alors, a-t-on idée de soutenir son ennemi juré ? Ce qui a été réaffirmé par Chahed en personne en évoquant Hafedh Caïd Essebsi, lors de son récent passage à Midi show.
A rappeler que Nidaa Tounès avait crié haut et fort qu’Abdelkrim Zbidi était « son candidat à l’élection présidentielle » sans oublier que cinq barons de ce parti, dont notamment, Wafa Mkhlouf, Inès Ben Nasr et Khaled Chouket, font partie de l’équipe officielle de M. Zbidi.
En tout état de cause, cette intervention surprise de M. Ayara prouve, de nouveau, l’exploitation des moyens de l’Etat, humains, cette fois-ci, dans le sens où M. Ayara, inconnu du grand public, exerce sous les ordres du chef du gouvernement.
A quoi joue, donc, M. Ayara qui va jusqu’à accuser les signataires du communiqué de Nidaa de « falsification » ?! Pourtant, sans recevoir la moindre procuration ou autorisation, le sieur Ayara s’est permis de dire, en usant de la première personne du pluriel (nous), que «sa déclaration engage le parti de Nidaa ».
Les propos de M. Ayara sont pleins d’incohérence et de contradictions. D’un côté, il indique qu’on ne peut pas parler de soutien à M. Zbidi tant que les membres des différentes structures ne s’étaient pas réunies. Et de l’autre, il s’arroge le droit arbitraire d’annoncer le soutien au chef du parti, Tahya Tounès, en même temps sont chef hiérarchique à La Kasbah, par le simple fait qu’il est le président du Bureau politique de Nidaa !!!
Noureddine Hlaoui