-
« L’UPL a voté, fin 2018, pour le gouvernement remanié après le message « M’riguel » de Y.C… »
-
« J’ai joué un rôle essentiel dans la désignation de Y.C à La Kasbah. Il m’a rendu visite chez moi pour m’en remercier… »
-
« Une cellule à La Kasbah, chapeauté par un juge, pour servir de relais entre Y.C et les magistrats… »
-
« Le putsch était d’ordre constitutionnel par le biais d’un processus de destitution pour faute grave à « fabriquer », parole de Lazhar Akremi… »
Prévue et programmée pour dimanche 1er septembre 2019 à 21 heures sur la chaîne Al Hiwar Ettounsi, l’interview accordée par Slim Riahi à Sami Fehri a été reportée pour des « raisons techniques », laissant planer des doutes quant à sa diffusion ultérieurement.
Or, à la surprise générale, une vidéo diffusée, dans un premier temps, par Sami Fehri sur son compte Instagram avant qu’elle ne soit relayée sur la page officielle d’Al Hiwar avec une annonce de sa diffusion mercredi 4 septembre 2019 à 21 heures. Cette vidéo-promotion contient plusieurs extraits significatifs de l’interview et de la teneur qui promet déjà d’être explosive. Les internautes parlent d’une véritable « bombe »qui pourrait porter atteinte au chef du gouvernement.
Le premier « tronçon » porte sur le volet du vote en bloc par l’UPL en faveur du ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati. Une affaire qui avait créé polémique dans la mesure où Youssef Chahed avait limogé, brutalement, Lotfi Brahem, pourtant fortement soutenu par feu Béji Caïd Essebsi. Le ministre démis avait été accusé, par le sulfureux et trop controversé journaliste français Nicolas Beau, de « vouloir fomenter un coup d’Etat militaire avec l’aide de l’Etat des Emirats Arabes Unis ».
En tout cas, c’est seulement lors de son passage sur Attessia avec Boubaker Ben Akacha qu’il a livré une partie des raisons à l’origine de ce limogeage : « Il y a l’affaire du naufrage de l’embarcation à Kerkennah et d’autres causes que je ne peux dévoiler. Et puis, c’est moi qui l’ai nommé et c’est moi qui l’ai fait partir », a dit, en substance M. Chahed.
Pour revenir à Slim Riahi concernant ce point précis, il a dit que suite à une proposition de se joindre au vote pour le gouvernement remanié et d’assainir l’atmosphère avec Youssef Chahed en contrepartie de la résolution progressive de ses problèmes, il a réclamé dans un message au chef du gouvernement de lui lever l’interdiction de voyage, mentionnant même la référence de l’affaire sous le numéro n°25 719.
Deux heures après, il a rappelé Youssef Chahed qui lui a répondu par un terme qu’il utilise souvent : « M’riguel ».
Dans le deuxième « tronçon », M. Riahi évoque un appel de Mahmoud Baroudi lui demandant l’autorisation de faire passer son numéro de portable à Youssef Chahed qui venait d’être chargé de former le gouvernement.
Youssef Chahed l’a appelé avant de passer le voir chez lui pour le remercier du rôle essentiel qu’il a joué dans sa désignation à La Kasbah.
Passant, dans le 3ème « tronçon », au cas de l’arrestation de Nabil Karoui, Slim Riahi est catégorique : « Nabil Karoui a subi une injustice. On l’a arrêté alors qu’il se trouvait en tête de tous les sondages ». Et d’enchaîner qu’il y a une cellule à La Kasbah, chapeauté par un juge afin de servir de relais entre Youssef Chahed et les magistrats. Et si on parle d’indépendance de la justice, il dit que nous en sommes encore loin
Quant à son affaire proprement dite avec la justice, elle est évoquée dans le 4ème « tronçon ». Slim Riahi affirme que son combat se situe, carrément, avec le ministère public, mais que tout s’est tellement très bien passé lors des plaidoiries finales qu’il était confiant et pratiquement certain que le jugement allait lui être favorable. « Mais finalement, Youssef Chahed, qui avait ses introductions et ses couloirs au Pôle judiciaire et financier, aux Chambres des mises accusation, aux chambres criminelles, a fini par se frayer un passage près la Cour de Cassation… », a t-il insisté.
A propos de la thèse du putsch, détaillée dans le 5ème « tronçon », Slim Riahi persiste et signe. Il explique ici que le plan a commencé avec « la formation de la Coalition nationale qui a détourné les députés de Nidaa et organisé des réunions parallèles avec les coordinations régionales avec l’idée d’atteindre, avec Ennahdha, la barre des deux tiers vers le mois de mars et, partant, fabriquer le prétexte de la faute grave en vue d’engager le processus de destitution ».
Et il enchaîne en mentionnant que « les détails de ce plan lui avaient été fournis par Lazhar Akremi qui assurait pouvoir parvenir facilement à ce seuil des 145 voix nécessaires pour l’adoption de la proposition de destitution… ».
Et de conclure que c’est Mehdi Ben Gharbia, aidé par Houcine Jaziri et Ameur Laârayedh, qui a ouvert la voie à Chahed pour établir l’alliance avec Ennahdha. Et de conclure en substance que « égoïste comme il est, Youssef Chahed a accepté d’être utilisé par le parti Ennahdha du moment qu’il va réaliser ses ambitions et ses objectifs… ».
Ainsi, si une compilation d’extraits de près de 5 minutes, seulement, contient autant de données explosives, que dire, alors le jour où on aura connaissance de l’intégralité de l’interview !!!
Encore une affaire à suivre…
Noureddine HLAOUI