Par Pr Taoufik Bourgou*
La campagne électorale bat son plein avec plus de bas que de hauts à cause des dérapages et l’absence de toute éthique, tout le monde tirant sur tout le monde.
Décrivant parfaitement cet état des lieux délétère, Taoufik Bourgou, professeur à l’Université de Lyon, nous a adressé une analyse pertinente que nous reproduisons intégralement.
S’en remettre à un escroc pour la manifestation de la vérité prouve à ceux qui n’étaient pas encore convaincus que tout le système post 2011 est au moins aussi mafieux que sous l’ère de Ben Ali que certains dépeignent encore comme une belle période.
Slim Riahi n’est pas plus différent que les autres qui viennent, la main sur le cœur nous dire, les larmes à aux yeux que le pays est en danger tout en l’enfonçant davantage.
Mais ce que révèlent les aveux et témoignages de Riahi, c’est tout simplement la disparition de l’Etat et plus spécifiquement de la magistrature.
Aucun pays au monde, régi par un État structuré n’aurait accepté que deux candidats participent à une élection depuis une prison ou depuis l’étranger. Des mécanismes auraient pu empêcher cette mascarade. Notamment une constitution écrite par des constitutionnalistes et une cour constitutionnelle ainsi qu’un vrai droit pénal.
Ce que dit Riahi n’est en rien fracassant, c’est même révélé dans nos journaux. Dans un pays vraiment démocratique et développé, deux mécanismes se seraient enclenchés immédiatement : la justice représentée par le ministère public et le gardien de la transparence de l’élection.
Le Président par intérim donne l’air de compter les jours, l’ISIE, phagocytée par Ennahdha, fait semblant de regarder le bout de ses chaussures. La magistrature, minée par Bhiri, est aux abonnés absents.
L’autre absent, c’est le journalisme d’investigation. C’est tout simplement une espèce inexistante dans le monde arabe, où il y a des laudateurs mais pas de journalistes.
Cette campagne est, il faut l’avouer, d’une médiocrité affligeante. Les vrais candidats, en capacité de sauver le pays, n’ont pas pu accéder convenablement aux électeurs.
Alors que nous sommes à la moitié du parcours, démarre alors la phase de recherche du KO, tout le monde attendant la grande confrontation télévisuelle qui sera plus un show qu’une démonstration de compétences.
Au soir du 15 septembre, une grande surprise nous attend. Certains des mécanismes de la sociologie électorale semblent avoir été oubliés ou savamment cachés.
Nous y reviendrons en temps et en heure opportuns.
*Professeur à l’Université de Lyon – France