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Zbidi, homme d’Etat rassurant…Marzouk, séducteur et orateur au verbe facile
La deuxième soirée concernant le débat télévisé entre les candidats à l’élection présidentielle anticipée a eu lieu, dans la soirée de dimanche 8 septembre 2019 avec la participation de neuf candidats, en l’occurrence Lotfi Mraïhi, Hamadi Jebali, Mohamed Ennouri, Hachmi Hamdi, Hatem Boulabiar, Elyes Fakhfakh, Mohsen Marzouk, Abdelkrim Zbidi et Mongi Rahoui.
Obéissant au même format, aux mêmes principes et aux mêmes règles. Pour la conduite du débat, si Khouloud Mabrouk a confirmé ses compétences, ses talents et sa présence d’esprit, Iheb Chaouch n’est pas parvenu à s’imposer et a été à la limité de l’effacement.
Pour revenir à l’évaluation de la prestation des différents candidats, disons d’entrée qu’elle a été plus animée que lors de la première soirée, mais –et à quelques exceptions -beaucoup moins consistante.
Allant crescendo, la mention « médiocre » revient, incontestablement, à Lotfi Mraïhi qui a fait preuve d’agressivité gratuite et d’arrogance indigne d’un candidat à la magistrature suprême sans oublier son geste qualifié par certains de « tricherie » alors qu’il a toujours voulu se montrer le défenseur de la probité, de la droiture et de la transparence. Un vrai « dictateur » en herbe.
Hamadi Jebali a voulu prendre des airs de quelqu’un qui dit des choses graves, mais qui, finalement, n’a rien dit de tangible. Il avait l’air d’exprimer des idées qui ne veulent rien dire.
Quant à Mohamed Ennouri, il a paru être obnubilé par le concept de la gouvernance des collectivités locales et des conseils régionaux et a essayé de tout ramener à cette démarche. « Même la sécurité nationale est tributaire des collectivités locales ». C’est trop étroit comme vision de la manière de diriger tout un pays.
Hachmi Hamdi a été égal à lui-même en matière de populisme et de folklore sans oublier cette volonté de retour 15 siècles en arrière en réclamant de changer le premier Article de la Constitution en y introduisant l’idée de la chariâa comme étant le fondement et la source de toutes les lois en Tunisie. Son souci de s’approprier l’aile dure des islamistes est clair et net sans oublier qu’il a persisté dans ses cafouillages et ses idées confuses.
Le candidat Hatem Boulabiar a essayé de montrer un visage d’un homme qui croit en le travail vite fait et bien fait et qui a le souci d’une modernisation à outrance tout en bannissant les tracasseries administratives, mais il a commis beaucoup de lapsus et d’erreurs quant il s’agit des dossiers lourds et trop sérieux. Autrement di, il a fait preuve de trop de frivolité sans oublier qu’il e enfreint les règles du jeu en introduisant son portable avec lui, ce qui porte un coup dur à son honnêteté intellectuelle.
Elyes Fakhfakh a été fidèle à son recours exagéré au « Je » avec l’air de dire qu’il est le meilleur gestionnaire, économiste, financier en avançant des chiffres sans la moindre possibilité de vérification, sachant qu’il a passé 13 mois seulement en tant que ministre des Finances et 13 mois en tant que ministre du Tourisme, et ce grâce au soutien inconditionnel de Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Assemblée nationale constituante, à l’époque.
Ayant été conseillé de faire preuve de confiance en soi, Elyes Fakhfakh est tombé dans les excès avec un comportement trop agressif frisant l’arrogance.
Mohsen Marzouk a été, comme à son habitude, séducteur et beau parleur maîtrisant le verbe presqu’à la perfection prouvant qu’il demeure un orateur hors-pair. Et tout en étant imbattable lorsqu’il s’agit e lancer des slogans et des clichés tout prêts, Marzouk a fait preuve de frilosité sur les questions de fond puisqu’il a réussi, certes à trouver les phrases enjolivées, mais manquant de précisions et de d’aspects concrets.
Toujours est-il qu’il est champion en matière d’argumentation et de communication, mais en restant flou sur les idées de fond.
Le candidat indépendant et anicien ministre de la Défense a confirmé les progrès réalisés par rapport à ses débuts et bien démontrés lors de son interview avec la journaliste « trop neutre », Sameh Meftah d’Hannibal TV.
Ainsi, en restant du top souhaité en communication, Abdelkrim Zbidi a été, de loin et selon les divers observateurs, l’homme qui le plus cette stature d’homme d’Etat avec des qualités que tout le monde lui reconnaît, à savoir : un homme compétent, expérimenté, honnête, probe et capable de rassurer l’international et de faire honneur à la Tunisie à l’étranger.
Mongi Rahoui, enfin, candidat du parti du Front populaire, s’est montré moins confiant et plus hésitant que d’habitude. Bien à l’aise dans les dossiers à vocation financière, qui sont proches de sa spécialisation de banquier, M. Rahoui s’est avéré, bizarrement, moins bon orateur que d’habitude tout en restant dans les généralités.
Finalement et en tout état de cause, deux candidats sont sortis du lot : Abdelkrim Zbidi, par cette force tranquille qu’il dégage appuyée par son langage sincère et simple sans tomber dans les détails futiles. Et Mohsen Marzouk qui confirme son côté orateur et communicateur de premier plan ainsi que sa force de persuasion.
Noureddine HLAOUI