• Le pot-aux-roses, enfin, découvert: les fans de Kaïs Saïd sont des jeunes vivant dans une bulle virtuelle, déterminés, sans programme cohérent et clair et, surtout, très intolérants
• Kaïs Saïed a-t-il remplacé Nizar Chaâri à la tête du mouvement « Chabab Tounès » ?
• Kaïs Saïed et ses fans s’accordent sur un seul concept aux contours flous : Ils représentent « l’antisystème’
Une semaine après la tenue du scrutin pour le 1er tour de l’élection présidentielle anticipée et dans l’attente des décisions du Tribunal administratif concernant les recours introduits par certains candidats, la classe politique se trouve encore au stade des analyses du comment d’un tel dénouement du vote et des pronostics pour l’issue finale de cette présidentielle.
Tout d’abord, il faut avouer que les Tunisiennes et les Tunisiens se trouvent encore sous le choc des résultats ayant placé Kaïs Saïed et Nabil Karoui, respectivement, à la 1ère et la 2ème place devançant deux autres favoris, en l’occurrence Abdelfattah Mourou d’Ennahdha et Abdelkrim Zbidi, ministre de la Défense nationale, le sort de Youssef Chahed, chef du gouvernement, étant prévu à l’avance
Or, si la réussite de Nabil Karoui était acquise d’après tous les sondages, la première place obtenue par Kaïs Saïed a constitué une surprise pour le commun des citoyens dans la mesure où si on avait bien cru les sondages pour l’ex-patron de Nessma, la majorité était persuadée que le cas de Saïed était juste un phénomène sans crédibilité pour la simple raison que cet enseignant de droit n’avait aucune visibilité dans les médias classiques.
D’ailleurs, les instituts de sondage le plaçaient parmi les trois premiers favoris sans pouvoir justifier ce classement ni l’expliquer. Et c’est seulement après l’annonce des résultats que le pot-aux-roses a été découvert.
Bien entendu, certains journalistes et autres politologues se sont mis à théoriser ce qui est arrivé en aboutissant à ce qualificatif, devenu tendance, en l’occurrence : Les Tunisiens ont sanctionné le « système » en votant pour « l’antisystème ».
Mais en voyant de plus près, le phénomène s’avère, à la fois compliqué et inédit et à la limite du dangereux. En effet, le gros des votants pour Kaïs Saïed est constitué par des jeunes de 18 à 23-24 ans qui vivent en groupes fermés et communiquent entre eux à travers la toile en utilisant des procédés innovants et sophistiqués en matière technologique.
Et maintenant qu’ils se sont démasqués, on s’aperçoit qu’ils ont pris tout le monde au dépourvu en parvenant à garder le secret de leur « combine ». Déterminés et livrés à eux-mêmes, ces jeunes sont ceux qui, au moment de la révolution, avaient entre 10 et 17 ans. Et ayant fait, des études, depuis, ils sont devenus des étudiants ou de nouveaux diplômés notamment en droit ou en informatique.
Ainsi, grâce à ce manège, ces jeunes ont constitué plusieurs groupes avec des pages fermées comptant chacune des dizaines de milliers de fans avec la primeur pour une page dite officielle, dénommée « Chabab Tounès » comptant, selon eux près de 300 mille fans.
Ayant des idées hétérogènes, leurs crédos consistent à éliminer la classe gouvernante et à prendre le pouvoir conformément à des slogans « révolutionnaires » et des idées aussi utopiques qu’à la limite du farfelu. On y trouve du tout : de la nationalisation des sociétés et des richesses du pays à un pouvoir basé sur des élections locales et régionales en prélude à une suppression pure et simple du parlement et l’abrogation des élections législatives.
D’après leurs langages, ils sont d’une violence inouïe et d’une intolérance maladive. « Il n’y a que leur approche et leurs visions qui sont justes. Toutes les autres doivent disparaître ». Ces jeunes sont devenus fous furieux et à la limite de l’hystérique après l’apparition de certains personnages dans l’entourage de Kaïs Saïed dont le salafiste Ridha Belhaj, le marxiste, Ridha Mekki dit « Lénine » et une certaine Sonia. Toutes ces personnes sont « à abattre » selon ces mêmes jeunes qui croient dur comme fer que « personne ne pourra leur voler leur victoire ».
Confirmant leur attitude intolérante, ils ont entrepris une attaque cybernétique massive contre le site de la chaîne Al Hiwar Ettounsi pour de simples critiques et d’un appel lancé par Myriam Belkadhi et Maya Ksouri pour que l’énigmatique Kaïs Saïed parle au public.
Pour eux, pas de bienvenue à ceux qui veulent prendre le train en marche. « Nous sommes capables de poursuivre notre bonhomme de chemin et de gagner, tout seuls », crient-ils tout en rendant un vibrant hommage à un certain « Badida », présenté comme un leader et tête pensante et architecte de ce vaste rassemblement de jeunes internautes. C’est un « ancien sécuritaire déchu », disent d’autres.
Ces jeunes fustigent, pêle-mêle les Nahdhaouis, Seifeddine Makhlouf, Safi Saïd et… Nizar Chaâri qui, selon certaines hypothèses, devait se présenter à la présidentielle en comptant devenir le chef de file de ces jeunes qui semblent avoir jeté leur dévolu, en fin de compte, sur Kaïs Saïed, parce que « plus obéissant ».
Selon certains spécialistes, l’assistant en droit constitutionnel, présenterait un certain nombre de symptômes d’autisme : timide, retiré, préférant l’isolement, souvent solitaire, une fois lancé dans une réponse à une question, il a des difficultés pour s’arrêter, d’où ses refus multipliés à des demandes d’interviews ou des débats radiotélévisés.
Encore un fait significatif : Une citation en arabe que Kaïs Saïed s’est attribuée. Vérification faite sur Google, il s’est avéré qu’elle est plagiée textuellement d’un ancien proverbe du patrimoine arabe.
Devant un personnage aussi mystérieux qu’énigmatique que mêmes ses anciens collègues n’ont jamais pu cerner les contours, certaines mauvaises langues n’ont pas hésité à lui faire coller « l’atteinte d’une pathologie d’ordre psychiatrique ».
Bon à noter que les fans de Kaïs Saïd promettent à tous leurs détracteurs, « deux suppositoires par jour, un le matin et un le soir » !
En tout état de cause, sans vouloir commander aux électeurs leurs choix, il est du droit des citoyens de bien connaître l’éventuel futur président de la République qui est appelé à être cohérent et clair dans ses idées, à parler, à parlementer, à dialoguer voire baratiner avec les plus hauts dirigeants sur la Planète Terre. Est-on sûr qu’il pourra tenir ce rôle ? Rien n’est moins certain !
Passons, maintenant à son adversaire, l’homme de médias, Nabil Karoui. Emprisonné sans procès et sans inculpation depuis un mois, le candidat qualifié pour le second tour est privé de parle et d’apparition publique. Et hormis une interview écrite au journal français « Le Point », personne n’a pu entendre ce candidat qui, en dépit de ce handicap majeur, s’est classé 2ème au 1er tour.
Il faut dire que suite à un tour de passe-passe, au sein des rouages judiciaires, les avocats de la défense arrivaient, toujours, au mauvais moment devant les juridictions concernées et qui se sont déclarées, toutes, incompétentes pour statuer sur les requêtes pour sa mise en liberté, sachant qu’aucune justification ni motivation n’a été présentée quant à son maintien en détention.
Sachant que la logique et la règle chez toutes les justices du monde veulent que l’accusé, ne présentant pas de danger public, doive rester en liberté en attendant la fixation d’une audience pour le procès. « Laissez la magistrature faire son travail », nous rétorquera t-on !
Or, selon les juristes constitutionnels dont le chevronné Iyadh ben Achour, toute élection sans la garanties de l’égalité des chances entre les différents candidats, est caduque comme le stipulent les conventions et les réglementations internationales ratifiées par la Tunisie. Et c’est le cas de l’espèce !
En tout état de cause, les Tunisiennes et Tunisiens auront à choisir entre un candidat qui refuse de parler et un candidat, empêché de parler ! Dilemme !!!…
Noureddine HLAOUI