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Et c’est finalement l’image de la Tunisie démocrate qu’on risque d’enterrer !…
Les voix sont de plus en plus nombreuses à s’élever, aussi bien à l’intérieur de la Tunisie qu’à l’étranger, réclamant la libération de Nabil Karoui, candidat du parti 9alb Tounès à l’élection présidentielle anticipée et qualifié au second tour.
Abdelkrim Zbidi, Yacine Brahim, Mohsen Marzouk, Mohamed Fadhel Abdelkefi, Iyadh Ben Achour, pour ne citer que ces personnalités, réclament, tous, la nécessité de trouver une issue à cette crise suscité par l’arrestation de Nabil Karoui, suite à un mandat de dépôt, fortement controversé, émis et exécuté dans des circonstances aussi étranges que spectaculaires, un certain 23 août 2019
Maintenu, depuis, en détention sans procès et sans inculpation, Nabil Karoui a été empêché, donc, de faire entendre sa voix lors de la campagne électorale au 1er tour. Et dix jours après le scrutin du 15 septembre, le candidat classé bon deuxième au premier tour, est toujours sous les verrous sans le moindre indice sur la possibilité de son élargissement.
Certes, on parle d’une audience la Chambre des mises en accusation près la Cour d’Appel de Tunisie, mais l’espoir reste faible quant à sa possible libération, car jusque-là, on a usé de tous les subterfuges juridiques pour rejeter toutes les demandes de libération déposée par son comité d’avocats puisqu’à chaque fois les juridictions des trois niveaux ont rejeté les requêtes de libération pour, tenez-vous bien, « incompétence ».
Le même motif était invoqué en première instance, en appel et en cassation. Ainsi, par on ne sait quel tour magique, chacune desdites juridictions recevait la requête au mauvais moment pour invoquer le motif « d’incompétence ».
Même l’annonce de l’ordre donné par le ministre de la Justice en personne à l’inspection de son département pour vérifier la légalité des procédures ayant été à l’origine du fameux mandant de dépôt, on n’en a plus entendu parler.
A moins que la tenue probable d’une audience par la Chambre des mises en accusations, demain mercredi 25 septembre finisse par prendre la décision de libération tant attendue. Sinon, bonjour les dégâts !
En effet, tous les juristes, plus précisément les spécialistes en droit constitutionnel sont unanimes à dire qu’en cas de maintien en détention de Nabil Karoui, les résultats des élections au second tour seraient nuls et non avenus, dans le sens où le principe élémentaire de l’égalité des chances entre les deux candidats n’est pas respecté.
Cette unanimité est rompue, toutefois chez certaines parties, en particulier le parti islamiste d’Ennahdha et les « Go Djo » qui se sont illustrés par leur silence ou par les arguments consistant à dire que « la magistrature est indépendante et qu’il faut la laisser travailler… ».
Ainsi, au moment où tous les projecteurs sont braqués sur notre pays, nous risquons de perdre le seul crédit valable engrangé grâce à la révolution du 14 janvier 2011 : celui du seul pays arabe à avoir réussi son processus démocratique et conquis la garantie des libertés publiques et individuelles et, surtout, celle de l’information.
Or, si nous manquons cette marche vers la phase finale de la démocratie, la chute peut être fatale et la descente vers les enfers vers les abîmes de la dictature ou de l’anarchie risque d’être, pour longtemps, irréversible.
Alors, ressaisissons-nous et maintenons la pression pour une reprise à la régulière de ce sprint final du duel final du scrutin présidentiel. Ne tuez pas le principal acquis faisant la fierté des Tunisiennes et des Tunisiens parmi les Nations du monde entier !…
Noureddine HLAOUI