-
« Le document fuité du ministère de l’Intérieur constitue une preuve matérielle »
-
« J’espère que le prochain président de la République Tunisienne me recevra pour trouver une sortie honorable à ce scandale ».
-
Sous prétexte de « torture », le juge Rahmouni avait pesé de tout son poids pour faire libérer 6 présumés terroristes impliqués dans l’attentat du Bardo
Le document « top secret » concernant une correspondance entre les services du ministère de l’Intérieur quant à l’imminence d’un attentat visant le siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ou le musée du Bardo, a suscité de très vives réactions et remet à jour la thèse d’une éventuelle complicité et d’un probable laxisme de la part des autorités judiciaires.
C’est l’avocat des victimes françaises de l’attentat du Bardo, Me Philippe de Veulle qui lance un cri d’alarme après la révélation dudit document. Contacté par notre confrère Business News, aujourd’hui samedi 28 septembre 2019, il explique « qu’il avait en sa possession ce document qui lui avait été transmis par une personne bien informée ».
Le même avocat précise, encore, qu’il a toujours défendu la thèse de la responsabilité de l’Etat tunisien, mais il manquait de preuves matérielles.
« Aujourd’hui, ce document constitue une preuve matérielle que le ministère de l’Intérieur était au courant de l’imminence d’un attentat au Bardo et que l’Etat n’a rien fait pour assurer la sécurité des touristes ou leur interdire la zone quelques jours avant l’attaque. D’autre part, cette théorie corrobore les dires sur la complicité du juge d’instruction qui a libéré des présumés complices de l’attentat pour un prétendu motif de torture ».
On se rappelle, tous, le fameux épisode d’une confrontation en direct entre Néji Jelloul, alors ministre de l’Education et le juge Ahmed Rahmouni, juge et ancien président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), connu, lui aussi pour ses sympathies avec les islamistes. Et c’est sur un forcing de ce magistrat prétendant la pratique de tortures contre certains présumés accusés dans l’attentat du Bardo, que six d’entre eux ont été libérés. Comme si de rien n’était et comme s’il n’y a avait pas de dizaines de tués.
Plus encore, Walid Zarrouk qui a témoigné contre des terroristes documents vidéos à l’appui, a été arrêté et incarcéré pour avoir « divulgué des éléments d’enquête… ».
Pour revenir à Me de Veulle, il est persuadé que l’affaire va prendre, inéluctablement, tout en déplorant le silence des autorités françaises.
« J’avais averti les médias français qui n’ont pas relayé l’information. J’espère que maintenant, et compte tenu de la gravité de cette information, l’affaire va être déterrée dans l’intérêt des victimes».
Le même avocat De Veulle assure avoir apporté les éléments du dossier au président François Hollande en septembre 2016 et à Emmanuel Macron qui n’a rien voulu entendre, non plus, de cette histoire en refusant de recevoir les éléments à charge contre la Tunisie courant novembre 2017 ».
Me Philippe de Veulle conclut en précisant qu’il attend l’issue de l’élection présidentielle en Tunisie pour réclamer une audience avec le prochain président de la République tunisien. « J’espère qu’il me recevra pour trouver une sortie honorable à ce scandale ».
Noureddine HLAOUI