« Les faits de communication, en politique, constituent un formidable révélateur de l’état d’une société. L’un des premiers « symptômes » qui permet de détecter un régime totalitaire est bien la façon dont ce régime tente de supprimer toute médiation entre sa parole et le public…»
Philipe Breton
Depuis le 14 janvier 2011, l’Etat tunisien a connu un passage d’un environnement politique marqué par un vrai monopole, avec le seul homme d’Etat, le seul partis et la seule idéologie, vers un environnement politique marqué par le pluralisme politique notamment avec l’émergence d’une compétition politique entre des partis, candidats et hommes politiques portant des idées et des orientations différentes dont le terrain de la communication politique était encore vierge !
Ce nouveau contexte postrévolutionnaire avait jeté les bases du domaine de la communication politique en Tunisie. Nous commençons à avoir des traditions en communication politique à l’instar des pays démocratiques à partir du moment où de nombreux partis ont vu le jour dont chacun d’entre eux veut attirer les voix des citoyens partagées avec d’autres candidats qui ont participé aux élections voire la première élection démocratique dans l’histoire du pays qui a eu lieu en 2014.
La question de l’existence d’un lien entre la démocratie et la communication politique est évoquée par Dominique Wolton. Il souligne que l’émergence de la communication politique, comme phénomène important, est tout simplement l’aboutissement du double processus de démocratisation et de communication commencé il y a deux siècles et assurant la transcription de l’idéal politique démocratique du 18ème siècle dans un espace public élargi où les différents partenaires ont un statut légitime.
La démocratie de masse est étroitement liée par l’élargissement du poids de la politique avec le nombre plus grand des problèmes traités au plan politique et d’acteurs impliqués avec le suffrage universel égalitaire. Ceci impose la nécessité de connaître l’état de l’opinion publique dans ses revendications et ses réactions à l’action de l’homme politique notamment à travers les sondages.
Du point de vue citoyen, la communication politique est au cœur des valeurs de la démocratie par ce qu’elle permet , à travers l’échange des informations et des opinions, de comprendre le monde où nous sommes jetés et connaître les enjeux dont notre société est en train faire face afin de prendre les décisions adéquates.
La communication est inhérente à la valeur principale de la démocratie qui est le pluralisme politique du fait que le terrain de la communication politique, qui évoque l’échange de discours politiques tenus par les différents acteurs, est marqué par la mise en concurrence des différentes idées dont chacun tente de convaincre les citoyens.
Dans le même ordre d’idées, dans certains régimes démocratiques ou la légitimité passe par les élections, le marketing politique, l’une des formes de la communication politique, était une technique décisive dans l’orientation des choix des électeurs.
Nombreux sont les slogans qui ont occupé le paysage médiatique, les rues et surtout les pages Facebook pour nous éveiller que la Tunisie vit dans une période exceptionnelle : la période électorale, Celle-ci donne naissance à une vague importante de campagnes électorales dans lesquelles les politiques ont un accès important aux techniques de communication et marketing politique pour capter et accaparer les voix des électeurs.
En Tunisie, l’émergence de la communication politique est liée par le contexte postrévolutionnaire qui est, à son tour, marqué par le règne de la liberté d’expression pour parler comme Marx. Nous rappelons, à ce propos, que Habermas, le théoricien du modèle normatif de l’espace public, souligne que le rapport entre la démocratie et la communication est une conciliation entre les valeurs de la démocratie et d’égalité tout en indiquant « qu’il s’agit avant tout d’accepter des procédures qui favorisent l’échange des arguments ».
Imen MEHREZI