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Dans une semaine, le pays se livrera à un homme qui ne rêve que de la dissolution de l’Etat. Ce serait alors le dernier acte de la chronique d’une mort annoncée.
Par Taoufik Bourgou *
Dans un comportement immature et enfantin, Youssef Chahed est allé rendre visite de servile à Ennahdha après la victoire du parti islamo-fasciste à laquelle il a contribué.
Il est à la Tunisie ce que fut Pétain à la France. Pétain a vendu son pays aux nazis. Youssef Chahed a détruit le mandat de BCE pour complaire à son maître Ghannouchi. Il termine sa pauvre carrière avec un 5% des voix et un pays en faillite. La CPG en cessation de paiement, Tunisair dans le même chemin, un kilo de viande à 33 dinars, un pays ravagé par le crime avec 354 délits par jour. Un pays livré aux contrebandiers, aux mafieux.
Dans un contexte de faillite dont il avait connaissance, un peuple a décidé de ne pas voter, de regarder ailleurs. Rien ne peut justifier une telle désertion, car il s’agit d’une désertion face à un devoir. Le peuple, les abstentionnistes, sont blâmables. Plus blâmable est la pseudo-classe politique. Incompétente, corrompue et corruptible. Aux exécutants serviles de Bourguiba, ont succédé les mouchards et les laudateurs de Ben Ali.
Depuis 2011, ministères et assemblée sont peuplés par des intrigants, des mafieux. La future assemblée comptera son lot d’adorateurs de Daêch, de lapidation et de ceux qui appellent ouvertement à la dissolution de l’Etat en faisant l’apologie de la contrebande.
En connaissance de cause, certains en se prostituant en vendant leurs voix ont reconduit la source de leur malheur passé et celui à venir. La pauvreté n’excuse pas la trahison, car en vendant sa voix on détruit l’avenir de ses enfants.
Depuis 2011 la Tunisie a entamé une pente douce qui devrait l’amener désormais vers une chute qui semble aujourd’hui inévitable.
Un pays qui accumule dettes et chute de l’attractivité, destruction de l’Etat et déliquescence des infrastructures, perte de capacité et migration des élites ne peut se maintenir.
Depuis 2011 aucun projet majeur, pire le pays, longtemps attractif, perd nombre d’opportunités face à ses principaux concurrents.
2019 devait être l’élection du redressement, elle sera une marche de plus vers un déclin qui menace la cohésion du pays. Cette élection fut, un moment, d’une rare violence, un règlement de comptes qui sera la honte de tout un pays.
Deux symptômes, plus que des candidats furent choisis comme un miroir de l’immaturité et de l’inculture politique.
Des bilans escamotés, des intrigues judiciaires fomentées par des juges aux ordres ont privé le pays du vrai débat.
Au soir du scrutin, le responsable de la faillite, des assassinats politiques, de l’envoi de 7000 criminels de guerres, du pillage du pays est reconduit par moins de 18% des suffrages exprimés. Soit moins de 700 000 voix. La Tunisie vient de rater sa démocratisation comme l’ensemble du monde arabe. Une chambre en peau de léopard ne sera pas en capacité de donner un gouvernement. Les fossoyeurs du pays y tiennent le premier du groupe ce qui leur assure la possibilité de dissimuler leurs crimes et méfaits.
La Tunisie est un bateau ivre, sans carte ni boussole, sur le pont des intrigants et des criminels incultes et brutaux font croire à un peuple crédule qu’ils seraient la solution alors qu’ils sont la source du problème. Dans une semaine, le pays se livrera à un homme qui ne rêve que de la dissolution de l’Etat. Ce serait alors le dernier acte de la chronique d’une mort annoncée.
Magister Dixit Tawfik. Ch. B
*Professeur à l’Université de Lyon en France