Par Abdelaziz KACEM
Toutes mes félicitations à notre nouveau Président de la République. Contrairement à plus d’un million de Tunisiens, son accession à la magistrature suprême ne m’a ni surpris ni étonné outre mesure. Il fallait qu’un tel homme vînt pour le lever du rideau sur l’acte II du « Printemps arabe ».
C’est par la Tunisie que doit passer la « printanisation » d’une Algérie longtemps rétive et dont les CHABAB peinent, depuis des mois, d’un vendredi à l’autre, à la faire accoucher de l’inconnu.
Je félicite M. Kaïs Saïed de son écrasante victoire. Mais le prof d’arabe que je suis, toute honte bue, avoue n’avoir rien retenu de son discours. Beaucoup d’amis, n’ont rien compris, à leur tour, mais paraissent subjugués par son phrasé mis en valeur par une diction à la manière des radios orientales des années soixante du siècle passé. Le soir de son face-à-face avec son concurrent, j’eusse aimé que l’un des deux journalistes lui posât quelques questions :
En traitant toute velléité de « normalisation » avec l’État hébreu de haute trahison, il serait curieux de savoir quelles relations, la Tunisie, sous sa présidence, devrait-elle entretenir avec l’Arabie saoudite et ses satellites, déjà enfoncés jusqu’au cou dans la collaboration servile avec l’entité sioniste.
Une autre question, plus terre-à-terre, mais d’une extrême urgence : les CHABAB, qu’il a déjà investis des prérogatives de ce qu’il appelle la « Société de droit », ont-ils la moindre idée de ce que ferait l’État « tout court » pour verser les salaires de ses agents ? La question se pose pour le cas où les maudits KUFFARS du FMI oublieraient de libérer la tranche venant à échéance du prêt que nous leur avons âprement quémandé.
Au cours des cinq ans de vaches maigres à venir, plus nombreux seront les pauvres. Ils préfèreront les « pâtes » d’un Nabil Karoui aux capucins des CHABAB. Ce sont les bons musulmans, nos vénérables islamistes, qui ont collé le sobriquet « Macaroni » à N. Karoui, pour se gausser, quoi qu’on dise, d’un acte de piété, Le Coran regorge de versets où « donner à manger aux nécessiteux » constitue l’œuvre pie par excellence.
De grâce, ne noyons pas nos jeunes dans des illusions kadhafiennes, le pétrole en moins. Ce sont avant tout des demandeurs d’emploi. Offrons-leur de quoi gagner dignement leur vie.
La Cour de Cassation a invalidé la scandaleuse incarcération d’un candidat à l’élection présidentielle. Bien que tardive, cette décision nous réconcilie avec notre justice. Espérons que nos honorables magistrats s’attèleront désormais à ce que soient enfin jugés les membres de l’Organisation secrète d’Ennahdha, les vrais commanditaires de l’assassinat de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, les recruteurs de nos milliers de Chabab envoyés en Libye, en Syrie et en Irak, pour des travaux pratiques d’égorgement, de vol et de viol.
Je ne puis, enfin, ne pas présenter mes condoléances les plus attristées, à la fière modernité tunisienne. C’est à une abominable guerre fratricide, que s’est livrée la classe politique dite centriste. Le front progressiste, lui, a lamentablement implosé. Pleurons notre suicide historique, avant de fustiger ceux qui ont occupé le terrain, même si fraude il y a.
Drôle de coalition, tout de même, que celle que symbolisent trois Ridha : R. Belhaj, R. Jaouadi, et…R. Lénine, sans oublier les sbires des LPR. Le loup est désormais dans la Bergerie. Drôle de démocratie ! Et puis, last but not least, tout ce renversement dramatique de la vapeur est, ne l’oublions pas, un miracle facebookien.
En ces moments d’incertitude, me voilà assis devant ma fenêtre en réfléchissant, comme dirait l’autre, à l’insignifiance des choses. Mais à la fin des fins, toutes mes pensées sont pour la RÉPUBLIQUE. Bourguiba est peut-être encore en vie.