Comme chaque fin d’année et tout à la fois, la loi de finances ne déroge pas à la règle et où l’existence des tiraillements politiques fait que la situation se complique davantage. Ajoutant à ceci, les décisions « Surprises » pour mettre en effervescence la scène économique telle que l’augmentation de presque 50% des tarifs de l’éléctricité et de Gaz ainsi que la grève de la fonction publique revendiquant une augmentation des salaires. Afin d’en parler plus, nous avons creusé plus profondément auprès de M.Tarek Cherif, Président de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT)
- Plusieurs experts estiment que la loi de finances 2019 comporte des lacunes et la taxent de projet « populiste » qui manque de souffle réformiste. La LF 2019 contient-elle réellement des mesures incitatives qui répondent aux besoins réels du pays ?
Je ne peux pas qualifier la loi de Finances 2019 de « populiste ». On ne fait pas de la politique. Nous avons deux recommandations principales : la première a trait à la lourdeur du budget de fonctionnement qui pose vraiment probléme. Tout le monde le sait mais il faut agir. Il faut qu’il y ait des actions. On ne peut pas rester dans cette configuration où l’Etat dépense beaucoup d’argent « Sans profit ». Une masse salariale colossale : c’est une impasse à mille pour cent. On a besoin de transformer notre pays. On a parlé de réformes en Tunisie, toutefois, on n’a rien fait. Même si c’est « impopulaire », il faut aller dans ce sens. Nul autres choix. Les dépenses de fonctionnement de l’Etat doivent être maitrisées et comprimées. Il ne faut pas faire d’amalgame entre les dépenses de fonctionnement et les investissements.
Malheureusement, le budget alloué au ministère de l’Equipement a été réduit de 5% ou 6%. Et c’est vraiment domage. La deuxième recommandation est relative à l’investissement et la nécessité absolue pour booster les investissements. La nouvelle loi sur l’investissement est née dans la douleur. Et ce n’est pas la loi sur l’investissement qui peut changer radicalement les choses. Si l’investisseur ne trouve pas la compétitivité et l’intêret pour investir dans le pays, il n’investira jamais. Le premier facteur pour encourager les investisseurs c’est la sécurité. Suit alors, la confiance et puis l’environnement incitatif des affaires. L’environnement des affaires est basé sur la vision.Vers où se dirige le pays ?
La bonne chose que comporte la LF 2019 et que je ne voudrai pas passer sous silence est l’absence de nouvelles impositions sur les personnes physiques et morales. Mais, il faut chercher à donner des avantages essentiellement pour l’industrie. On est en train de désindustrialiser la Tunisie. Il faut faire le maximum au niveau de l’industrie pour générer de l’emploi gens et pour avoir aussi des prouits à exporter. L’industrie est le maillon avec les autres secteurs. Par exemple : on est en train de se débarasser de grandes quantités de lait. Au même temps, l’Algérie est le deuxième imporatateur de lait en poudre au monde. Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose à faire ? Il faut essayer de pousser les industriels vers l’industrie du lait en poudre pour pouvoir exporter chez les pays voisins ou autres. Il est inacceptable que l’Etat accorde à l’industriel les mêmes avantages que les autres opérant dans d’autres secteurs et les mettant ainsi au même niveau de la fiscalilté. Il faut plus de visibilité, des facilités et des avantages par rapport aux autres secteurs. Le risque n’est pas du tout le même. Les clés sont dans les mains du gouvernement parce que c’est lui-même qui fait le choix de sa politique.
Le déficit des entreprises publiques est chronique et structurel. Je constate que l’Etat a clos le dossier de la privatisation des entreprises. Je n’ai pas dit que toutes les entreprises publiques doivent être privatisées. Peut être qu’il faudrait garder dix ou vingt entreprises, celles qui sont performantes. A titre d’exemple, selon ma perception et sans entrer dans les bilans, la poste tunisienne est une entreprise performante. Dogmatiquement parlant, il n’y a pas de problème si on ne privatise pas. Mais, au moins laissons le secteur privé fait son travail. Le monopole privé ou public ruine l’économie, il est la pire des choses. Les pertes des entreprises publiques chaque année dépasse les 1000 millions de dinars. On peut faire beaucoup de choses avec un montant pareil. Nous avons une position dogmatique idéologique dépassée. Citons l’exemple de la France, elle avait 3 opérateurs téléphoniques et elle a ajouté le 4ème il y a trois ans « Free »; qui génére une véritable compétitivité supplémentaire. Je suis libéral et je l’assume.
- La LF 2018 a énoncé des mesures en termes d’augmentation d’impôts sur les sociètes (IS) qui a créé « une pression fiscale élevée », quel impact de ses mesures sur le secteur privé ?
– L’impact de la pression fiscale est mécanique. Elle agit directement sur les moyens d’investissement. L’argent ponctionné par l’Etat minimise automatiquement le budget de l’investissement. L’Etat pourrait encourager l’investissement comme suit: si l’opérateur exploite ses bénéfices dans l’investissement, il aura zéro fiscalité. Par conséquent, tous les hommes d’affaires se dirigent vers l’investissement. L’Etat pourrait donc orienter le privé vers l’investissement à travers la mise en place d’une vision précise.
- Quelle est la position de la CONECT vis-à-vis de la revendication de l’UGTT d’augmenter les salaires dans la fonction publique ? Vous êtes pour ou contre et pourquoi ?
– C’est facile de faire la gréve mais c’est difficile de se pencher dans les réformes nécessaires. Il est illogique de puiser dans les contributions du patronat pour payer les salaires des fonctionnaires qui sont de plus en plus nombreux et qui ne donnent pas » Satisfaction ».
J’aurais aimé encourager les gens pour le départ de la fonction publique. J’aurais aimé ausi écouter les fonctionnaires parler de la production, la productivité et de l’absentéisme. Les syndicats doivent évoquer à titre égal les droits aussi bien que les devoirs. Les devoirs sont nos obligations par rapport à notre pays.
Tout le monde connaît la position des institutions financières internationales. Elles ont indiqué que la masse salariale en Tunisie est la plus élevée par rapport à la population. Je serais même pour la correction des salaires car ils n’ont strictement rien à voir avec la réalité du pays. Il faut prendre en considération que la masse salariale représente 15% du PIB et 40% du budget de l’Etat. C’est une situation insoutenable. La revendication pour une augmentation des salaires n’est pas la question du jour. La question c’est d’avoir une productivité et avoir un nombre de fonctionnaires en conséquent à nos moyens. L’effectif est déjà en surcharge. On a cassé la baraque.
Le chef du gouvernement ne peut pas augmenter les salaires de la fonction publique. Il y a un proverbe français qui confirme mes propos: « A l’impossible, nul n’est tenu ». Autre chose, le peuple doit comprendre que le Gouvernement est parti voir le FMI puisqu’il n’a pas d’autres choix.
- Concernant l’augmentation de près de 50% des tarifs de l’électricité et de Gaz prise par la STEG, vous avez opposé un refus catégorique d’accepter cette majoration. Si la STEG ne renonce pas à cette augmentation, quelles sont les mesures qui seront prises ?
– L’augmentation des tarifs de l’électricité et de Gaz est une conséquence de monopole. La pire des choses dans une économie est la situation de monopole. C’est clair que la STEG a un problème de gouvernance.Cette augmentation est une catastrophe pour le consommateur et encore plus pour les entreprises industrielles.
La STEG a des créances non recouvertes. Les dettes des entreprises publiques avec la STEG atteignent presque les 600 milliards.
Nous refusons à 100% l’augmentation des tarifs. C’est inacceptable. La décision de la STEG est contre l’interêt du pays parce que le prix du produit tunisien va augmenter par rapport au produit importé. Je redis que le principal obstacle est le monopole. On ne demande rien comme avantages sauf d’avoir les coûts de facteurs de production au même niveau que nos compétiteurs : L’Egypte, la Turquie, la Grèce et le Maroc.
Il aurait été plus judicieux de se diriger vers l’énergie solaire et éolienne dans un cadre d’encouragement à l’usage des énergies renouvelables afin d’alléger le fardeau pesant sur le budget de l’Etat.
Il est possible de concrétiser l’orientation en coopérant avec la Chine qui dispose d’une expérience pionnière dans ce domaine au lieu de procéder à des augmentations considérables des factures d’électricité et de gaz pour les entreprises industrielles. Cette situation pourrait entraîner un affaiblissement des entreprises industrielles.
- Y a–t-il un problème interne au sein de la CONECT ? Vous avez décidé le mois d’août de geler l’adhésion de Messieurs Adnen Bouassida et Hassen Affès respectivement Président et trésorier de CONECT Ariana en raison des réserves qu’ils ont exprimées au sujet de « la démarche de sélection d’une entreprise de communication » pour l’évènement FUTURALIA.
– C’est un sujet purement administratif. L’affaire est portée devant la justice.
- En termes d’affaires, de productivité et de stabilité, croyez-vous que l’année 2019 sera plus difficile ou douloureuse que l’année 2018 ?
– Personne ne pourrait prédire ce qu’amènera l’année 2019. Toutefois, il faut savoir exactement où on veut aller ? Est- ce qu’on veut se consacrer au développement du pays ? Il faut donner les incitations là où il faut les donner.
Recuiellis par : Nada AMRAOUI