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La survie de la banque dépend d’un nouvel emprunt de 200MD
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Indicateurs fragiles sur tous les tableaux
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Faut-il accepter l’avènement d’un autre acteur marocain dans le paysage financier et bancaire tunisien ?
Acquise par le groupe Caisse d’Epargne en 2007, suite à la cession de 60% du capital par l’Etat tunisien et le Kuwait Investment Authority (KIA), la BTK, dont le processus de transformation en banque universelle a été entamé sous la supervision de EZZEDDINE Abdelghaffar en 2006, avec la restructuration de la banque et ses 10 filiales (financières, immobilières et touristiques ), et la préparation d’un plan d’affaires ambitieux et l’arrivée des cadres aguerris de la place tels que l’actuel DG BTE et Imed Cherif actuel DG UNIFACTOR.
Le groupe Caisse d’Epargne, à la recherche d’une banque sur la rive sud de la méditerranée, afin de jouer un rôle prépondérant dans l’espace euro-med, n’a pas hésité à mettre le paquet pour l’acquisition de 60% du capital de la BTK pour 300 MD. Somme considérée comme exorbitante après coup par les dirigeants du groupe Banque populaire (BPCE).
Le départ a été tonitruant avec le développement d’un réseau de 14 agences en une seule année, et le business plan a été revu à la hausse pour atteindre 6% de parts de marché horizon 2013.
Aux dernières nouvelles, une source officielle nie toute connaissance de l’injection de la somme de 40 millions d’euros alors qu’il est attendu que Bernard Fremont quitte la Banque vers le 15 novembre prochain avant d’être remplacé par Philippe Wattecamp qui avait dirigé la BTK pendant six mois avant que M. Houcine Mouelhi n’assume la charge de la direction générale qui avait été catastrophique.
A noter, par ailleurs, que BPCE avait choisi, dernièrement, Samir Saïed, à la place de Radhi Meddeb qui avait démissionné après avoir permis la réalisation d’excellents résultats.à la tête de la STB.
Suite à la crise financière internationale, et le rapprochement groupe CE et celui de la Banque populaire, la BTK – dont les dirigeant BP estiment qu’elle a été chèrement acquise- n’a connu que des moments d’incertitudes dont la situation actuelle en est la résultante.
Détails :
La Banque tuniso-koweïtienne (BTK) semble vivre des jours plus que difficiles avec une série de revers financiers insoupçonnés, jusque-là.
En effet, prise en mains en 2016 par Bernard Fremont, la BTK a enregistré, depuis, une dégringolade terrible, et ce sur tous les tableaux. Qu’on en juge :
– La banque a essuyé plus de 155 MD de pertes au 31 décembre 2018, a perdu 18% de ses encours de crédits (245MD) et a vu ses parts de marché se réduire de 2,7% à 1,7%.
– Depuis 2015, la BTK a vu son chiffre d’affaires (PNB) chuter de 75MD en 2015, à 57MD e, 2016, 51MD en 2017 et 67MD en 2018.
– Avec quatre exercices déficitaires successifs, la banque a été fragilisée financièrement puisque ses fonds propres ont été réduits de 167MD en 2015 à 134MD en 2018, malgré une augmentation de capital de l’ordre de 100MD opérée en 2017, mais volatilisée déjà avant fin 2019.
Ainsi, comparée à d’autres banques de la place, la BTK affiche les indicateurs de solvabilité, de rentabilité et de qualité de son Fonds de commerce, les plus fragiles, dans la mesure où les ratios de solvabilité sont très proches des seuils minimum tels qu’exigés par le régulateur.
D’autre part, le taux de créances douteuses et litigieuses est le plus élevé de la place (32% à fi 2018) contre un taux moyen de 10% sur la place.
Quant au coefficient d’exploitation, il est proche de 100% pour une moyenne de 45% au niveau de la place sans oublier que le chiffre d’affaires dégagé permet, à peine, de subvenir aux charges générales d’exploitation.
Ceci, côté constat. Mais quel avenir peut-on prévoir pour la BTK ? Les choses ne sont pas plus positives sur ce plan. En effet, si le processus de cession engagé en 2017 par BPCE International pour l’ensemble de ses filiales en Afrique semble se trouver sur la bonne voie pour les autres banques, il n’en est pas de même pour la BTK.
Ainsi, et alors que pour les filiales camerounaise, malgache et congolaise, le nouveau repreneur marocain (BCPE) serait sur le point de finaliser les transactions avant fin octobre prochain, le dossier de la BTK semble être à l’arrêt, et ce pour de multiples raisons.
D’abord, l’agrément de la Banque centrale de Tunisie et l’autorisation du ministère des Finances ne devraient pas être accordées dans un futur proche au vu du contexte actuel des élections présidentielle et législatives en Tunisie.
Par conséquent, l’avenir de la Banque et de ses 450 cadres et employés est suspendu avec la crainte d’un remake du cas de la TFB !
Et la question qui se pose, toutefois avec insistance : Faut-il accepter l’avènement d’un autre acteur marocain dans le paysage financier et bancaire tunisien ? Ne faut-il pas songer, enfin, à l’engagement d’une sérieuse action de consolidation du secteur bancaire dans sa globalité ? Surtout qu’un nouvel emprunt obligataire de 200MD avant la fin de l’année en cours est nécessaire puisqu’on a épuisé le premier effectué il y a peu de temps !!!
A méditer…