Théâtre National Tunisien (TNT) connaît une forte tension parmi ses employés divisés, entre ceux qui protestent et ceux qui soutiennent la direction générale et sa méthode de gestion de cette institution publique, sous tutelle du ministère des Affaires culturelles.
Des membres parmi les employés au TNT ont observé, vendredi, un sit-in devant la salle du 4ème art à Tunis, appelant à l’amélioration de leurs conditions de travail et à la révocation du président directeur général du TNT, Fadhel Jaïbi. Les protestataires ont scandé des slogans hostiles à la politique de l’actuel PDG, accusé de « pratiquer la terreur envers les employés de l’institution ». Ils dénoncent un climat professionnel miné par « les sanctions et l’harcèlement ».
Radhouane Boulifa, secrétaire général du Syndicat de base des employés du TNT, a accusé Jaibi « de mauvais traitement à l’égard des employés qui travaillent sous la pression psychologique ». « Nous sommes empêchés de donner notre avis sur les décisions prises par la direction générale et il nous est interdit de s’opposer ou de négocier certaines questions relatives aux droits des employés », a-t-il affirmé.
Le responsable syndical appelle le ministère de tutelle à désigner des experts pour effectuer un audit, accusant Jaïbi d’exploiter les ressources humaines et financières de l’institution pour le compte de sa propre boîte de production Familia. Ce soupçon de corruption porterait sur « des contrats de travail au profit de membres de la famille de Jaïbi dont son épouse, Jalila Baccar, et leur fille Essia Jaïbi ». Selon le responsable syndical, en vertu de ces contrats, elles auraient été recrutées comme formatrices à l’Ecole Pratique des Métiers de la scène, relevant du TNT.
De même, Meftah Ouannès, secrétaire général du syndicat général de la Culture relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a exigé « la garantie des droits professionnels des employés du TNT et des conditions de travail décentes ». Il a qualifié Jaïbi de « rebelle » contre le département de tutelle et un responsable qui ne croit pas en l’action syndicale, indiquant qu’il a boycotté la réunion de négociation, tenue le 4 novembre courant à laquelle il a été convié par le ministère.
Il a précisé que le Syndicat général de la Culture tranchera, dans les prochains jours, sur une éventuelle tenue d’un nouveau sit-in. Il a annoncé qu’il aurait lieu devant le ministère des Affaires Culturelles.
Face à ce mouvement de contestation de la part d’une partie de ses employés, d’autres soutiennent l’actuel PDG du TNT et ont publié, vendredi après-midi, un communiqué dont une copie est parvenue à l’agence TAP. Les signataires dénoncent une campagne de « diffamation » et de « critique infondée » qui vise l’institution et son premier responsable.
Ils affirment leur « adhésion totale de plein gré au projet réformateur visant à garantir la stabilité intérieure de l’Institution ». Ils évoquent un projet, initié par l’actuel PDG, qui s’inscrit dans le cadre d’actions visant à « restructurer, assainir la gestion administrative et financière et établir une bonne gouvernance au sein du TNT ».
Selon ces employés, l’institution devra être mise à l’écart des tiraillements et intérêts personnels restreints. Ils dénoncent l’exploitation de l’action syndicale qui, d’après eux, « œuvre en dehors de la législation et les dispositions en vigueur au sein du TNT ».