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Détérioration sociale, guerre civile et conflits frontaliers font le bonheur macabre des vendeurs d’armes
Les protestations en Irak se répandent en Iran où la multiplication par trois des prix des carburants a provoqué la colère d’une partie de la population. En conséquence, la frontière entre l’Irak et l’Iran est fermée.
C’est la nouvelle vague d’une ingénierie sociale du chaos éprouvée et imparable exploitant la détérioration continue des conditions socio-économiques et la colère des populations dans la plupart des pays du monde.
Nous assistons donc à une forme brute de déstabilisation des structures étatiques en Irak et en Iran, deux grands pays producteurs de pétrole. Cette déstabilisation a démontré son efficacité en Bolivie où le président Evo Morales a été forcé de se réfugier au Mexique. L’incapacité des gouvernements à répondre aux crises et surtout à sortir d’un certain schéma aggrave et accélère le processus de mécontentement. La corruption endémique et la vénalité des officiels achèvent la boucle. Il y aura de la chair à canon disponible et gratuite pour les basses œuvres.
La nouvelle vague est difficile à définir mais se propage actuellement dans les pays suivants:
Algérie: les médias occidentaux et arabes mainstream en parlent très peu et certains analystes y voient le signe d’un ou plusieurs Accords plus ou moins secrets avec les pays occidentaux et arabes ou du moins que leurs intérêts sont préservés par le régime, lequel fait face à un mécontentement populaire pacifique depuis des mois. Une élection présidentielle y est prévue le 12 décembre 2019, sans aucune perspective d’avenir.
Argentine: économie extrêmement fragile et augmentation continue des prix. Deux facteur d’instabilité sociale chronique. Protestations sur fond d’effondrement sociétal. Pays vulnérable à une révolution colorée et susceptible à tout moment d’être décapité.
Bolivie: un coup orchestré par les grands propriétaires terriens et la CIA comme au bon vieux temps a réussi à renverser le président Evo Morales sur fond de contestation électorale. Des escadrons de la mort ne vont pas tarder à y faire leur apparition et les populations indigènes peuvent dire adieu à leur émancipation. Scénario classique digne d’un film sur la révolte de Zapata du Mexique au début du 20ème siècle. Le nouveau régime bolivien ne durera pas longtemps.
Brésil: la nouvelle vague du chaos prend dans ce pays deux formes contradictoires et parallèles: d’un côté l’exacerbation du clivage gauche-droite sur fond d’échec de toutes les réformes économiques et l’arrêt total de toute forme de lutte contre la corruption; de l’autre, montée du crime organisé et sa convergence d’intérêt avec les grosses corporations en rivalité pour l’exploitation des riches ressources naturelles de l’Amazonie. Feu en la demeure dans ce qu’il faut bien qualifier de maillon faible du groupe des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud).
Chili: les manifestations et le niveau d’instabilité sont très graves. Au point d’annuler la tenue de la Conférence sur le Climat (transférée à Madrid) Des groupes autonomes de discussions se formes (Cabildos). Plus de 10000 personnes blessées et des milliers d’arrestations. Les forces de l’ordre cognent fort et aucune solution politique ne semble être en vue. Le niveau de violence potentielle est extrême dans ce pays à l’histoire récente tourmentée.
Égypte: la dérive du régime du Maréchal Al-Sissi vers l’est et notamment son rapprochement militaire avec la Russie et économique avec la Chine inquiète ses alliés traditionnels qui tiennent à le tenir sur un siège éjectable. En dépit de son alliance avec Ryad et Abou Dhabi, Le Caire demeure vulnérable à un nouveau putsch ou une nouvelle révolution. La pauvreté et la misère de la majeure partie de la population, ajoutées à la suppression des libertés et la répression forment un cocktail explosif pour n’importe quelle manipulation.
Espagne-Catalogne: les velléités d’indépendance de la Catalogne ne datent pas d’hier mais une série d’erreurs dans la gestion d’une crise née au lendemain d’un référendum que Madrid a plus tard qualifié d’illégal et de tentative de sédition a exacerbé les passions dans un pays où les blessures de la terrible guerre civile de 1936 sont loin d’avoir été oubliées. Le cas de la Catalogne inquiète l’ensemble des pays d’Europe sur un éventuel réveil des régions que les services spéciaux de l’Empire n’hésiteront pas à utiliser en cas de besoin « stratégique ». L’Europe pourrait ainsi être forcée de passer de l’intégration supranationale au morcellement infranational.
Equateur: ce pays a connu un basculement radical dans le camp de l’empire et est en passe de devenir un second Salvador. La corruption généralisée des élites dirigeantes de ce pays ne lui permet pas d’être indépendant de Washington.
Liban: blocage politique, manifestations de protestation contre la vie chère et chute du gouvernement sur fond d’un gigantesque enjeu géostratégique. Des forces exploitent les manifestations libanaises pour cibler le Hezbollah Libanais et ses liens avec Damas et Téhéran. Risque accru de nouvelle guerre civile dans un pays économiquement exsangue. Le Liban est déjà un champ de bataille entre les différentes puissances régionales (Arabie Saoudite et Iran) et internationales (États-Unis, Union Européenne, Russie).
Irak: corruption aux proportions bibliques. Atomisation de la société irakienne et communautarisme extrême. Tensions confessionnelles et lutte de pouvoir couplée à une guerre de l’ombre et à une désobéissance civile où la manipulation est tous azimuts. L’enjeu superficiel semble être la lutte contre la gabegie et la mauvaise gestion publique mais le véritable canevas de ces troubles d’une extrême violence est la réduction, voire l’annihilation de l’influence iranienne en Irak par le biais d’une nouvelle confrontation entre les puissantes tribus sunnites et une partie de la communauté chiite.
A noter que cette dernière est fortement divisée et qu’une partie conséquente des chiites d’Irak montrent des signes d’hostilité à l’égard de l’Iran. Le puissant chef religieux chiite Moqtada Sadr, proche de la CIA, a rejoint les manifestations à Najaf. Les manifestations sont de plus en plus meurtrières et des armes de guerre sont utilisées aussi bien par les forces de l’ordre, les milices aux allégeances variées que par les manifestants.
Iran: la République islamique d’Iran est ciblée depuis quatre décennies par des opérations de subversion, de déstabilisation, de sabotage et de tentatives de changement de régime en concomitance avec des trains ininterrompus de sanctions internationales.
Depuis le retrait de Washington de l’Accord sur le nucléaire iranien, ce pays fait face à une sorte de blocus qui cherche à s’étendre aux exportations de pétrole et de gaz et il n’a résisté aux manipulations des pays occidentaux et arabes du Golfe que grâce à la formidable résilience de ses habitants et l’ingéniosité de ses stratèges. L’Iran a déjà fait face avec succès à une révolution colorée (verte) avant de subir l’une des pires attaques cybernétiques au monde avec le virus Stuxnet. Mais c’est surtout la cohésion de son peuple qui demeure le principal objectif de ses ennemis. Les iraniens ont consenti d’immenses sacrifices et continuent à le faire en dépit de sanctions économiques affectant en premier lieu les populations les vulnérables. Les adversaires de l’Iran sont conscients des remarquables capacités militaires iraniennes et c’est pour cela qu’ils feront tout ce qui est possible de faire pour semer la discorde et la division au sein de ses populations en vue d’obtenir une révolution « spontanée » susceptible d’être habilement exploitée pour atteindre Téhéran.
Pakistan: les mouvements de protestation au Pakistan semblent téléguidés par les alliés du Deep State US afin d’enrayer le rapprochement entre le Pakistan et la Chine. Le Pakistan est un pays stratégique disposant de l’arme nucléaire et dont le rôle en Afghanistan est primordial. Il dispose aussi de frontières communes avec le flanc oriental de l’Iran et reste en rivalité stratégique active avec l’Inde (risque de guerre nucléaire accru depuis la décision indienne de mettre fin à l’autonomie du Cachemire)
Hong Kong: un cas d’école qui fera l’objet d’études approfondies dans les décennies à venir. C’est l’exemple type de la guerre hybride orientée contre un rival géostratégique majeur. Les manifestations n’ont pas d’objet fixe et ont apparemment commencé pour protester contre un projet de loi autorisant l’extradition de détenus vers la Chine continentale. La plupart des jeunes manifestants sont motivés par la cherté de la vie et la hausse exponentielle des prix de l’immobilier rendant quasiment impossible la possibilité de louer le moindre mètre carré dans cette cité-État autrefois prospère. Hong Kong fut toujours un hub et un nid d’espions internationaux où les opérations de manipulation sont relativement faciles à mener. Washington et Londres ne cachent même pas leurs implications dans le pilotage des opérations. Jusqu’ici la Chine a su éviter de riposter car Beijing a jugé que c’était l’objectif premier des troubles en cours. Cela amènera les protestataires et leurs commanditaires à opter pour une escalade par étapes. Une chose est certaine: Hong Kong ne sera plus jamais un centre d’affaires internationales et perdra pour longtemps son statut au profit de la cité rivale de Shenzen.
Ukraine: la guerre en Ukraine est loin d’être terminée même si le front est gelé par la mise en place d’une stratégie d’endiguement et de sape côté russe. La corruption du gouvernement ukrainien et ses accointances avec les élites de l’Etat profond US joue même un rôle de premier plan dans la vie politique US et une procédure de destitution intentée par les Démocrates contre Donald Trump s’appuie sur une supposée conversation entre les présidents US et ukrainiens sur les activités mafieuses de Hunter Biden en Ukraine dans le cadre des opérations de guerre hybride sous couvert de consulting pour la plus grande compagnie énergétique du pays. Comme en Syrie et ailleurs, les États-Unis n’ont cessé d’acheminer des armes et des équipements de guerre en Ukraine et ont tenté l’impossible pour briser le statut quo imposé par Moscou. Une autre révolution, colorée ou non, à Kyiv est une question de temps vu l’effondrement socio-économique de ce pays.
Venezuela: la guerre hybride contre ce pays continue avec le soutien actif de la Colombie et du Brésil. Le risque de guerre y est extrême.