Excepté Noureddine Bhiri, tous les députés demeurent sceptiques sur un futur gouvernement « votable »
A dix jours de l’expiration du premier délai constitutionnel (14 décembre 2019), le chef du gouvernement chargé, Habib Jemli, poursuit les tractations avec les représentants des partis sur la formation du prochain gouvernement.
Bien entendu, M. Jemli multiplies les déclarations optimistes allant jusqu’à prédire que le gouvernement futur sera très bientôt constitué et qu’il obtiendra le vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais, en réalité, les difficultés persistent selon la plupart des députés.
En effet, les différents points de vue demeurent divergents, ce qui réduit les chances du prochain gouvernement de recueillir le nombre de voix nécessaires requis, soit 109 députés pour que la future équipe gouvernementale puisse s’installer à La Kasbah
On apprend, en effet, que la série de rencontres avec Habib Jemli, n’a pas pu faire fléchir les positions du parti d’Attayar, du mouvement « Echaâb » et leur groupe parlementaire (bloc démocratique) dont les positions et les conditions de participation au prochain gouvernement restent inchangées.
A ce propos, le député de ce bloc, Zouhair Maghzaoui (Echaâb) a fait savoir, dans une déclaration à l’agence TAP, que le groupe de « la Réforme nationale » a refusé de discuter des généralités sans évoquer le fond du sujet, soulignant dans ce sens l’importance de l’indépendance de la Banque Centrale et du pouvoir judiciaire, ainsi que de la souveraineté de la décision nationale.
Il a précisé, à cet effet, que Jemli a décliné la demande du bloc démocratique relative à l’élaboration d’une « Déclaration politique » sur les grandes orientations du futur gouvernement, ce qui, selon lui, risque d’entraver la volonté du bloc à interagir positivement à cet effet et à voter pour le nouveau gouvernement. »Nous ignorons la couleur politique et les orientations du prochain gouvernement », a ajouté Maghzaoui.
Pour sa part, le député du groupe « Tahya Tounes », Mabrouk Korchid, estime que le chef du gouvernement désigné « s’est compliqué la tâche » et a « perdu un temps précieux dans les concertations, surtout qu’il n’a pas défini un choix politique clair dès le début ».
Korchid lui reproche également de n’avoir traité le fond du sujet que tardivement, « au moment où des voix critiques se sont élevées de toutes parts ». D’après Korchid, Jemli se trouve face à un dilemme. « Il veut d’une part satisfaire le groupe avec lequel il désire travailler et d’autre part, approcher les parties avec lesquelles il ne compte pas travailler, pour s’assurer de leur vote ».
Korchid estime que le chef du gouvernement désigné n’a pas présenté « un programme clair » et n’a pas abordé non plus la question des portefeuilles ministériels avec Tahya Tounes.
« Il lui faut encore beaucoup de temps pour arriver à traiter de la question des portefeuilles ministériels. Dire qu’il va soumettre son gouvernement au vote du parlement la semaine prochaine est tout simplement irréaliste », a conclu, en substance Mabrouk Korchid.
De son côté, le député de « Qalb Tounes », Hatem Mliki, a indiqué que son parti tient au choix d’un gouvernement de compétences nationales.
« Le vote de confiance en faveur du prochain gouvernement est tributaire de la réponse apportée à notre condition a fait savoir Mliki, écartant la possibilité d’aboutir à un gouvernement avant le premier délai constitutionnel.
Le parlementaire du bloc de la Coalition « Al Karama », Seifeddine Makhlouf, a déclaré à l’agence TAP que le chef du gouvernement désigné n’a pas présenté une ligne directrice claire de son gouvernement.
Contrairement aux positions de ces différents blocs parlementaires, le député du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri a estimé que le processus entamé par le chef du gouvernement désigné est « positif ». La possibilité de former le gouvernement avant l’expiration du premier délai constitutionnel reste probable, a-t-il dit.
Bhiri a fait savoir dans ce sens que Jemli n’a pas encore discuté de la question des portefeuilles ministériels avec Ennahdha qui, d’après lui, sera probablement abordée au cours de la semaine prochaine.
De son côté, le député du bloc de la « Réforme Nationale » Hsouna Nasfi a fait observer que « la priorité est donnée aux programmes et non aux portefeuilles ministériels. Tout reste possible pour la formation du prochain gouvernement avant le 14 décembre », a-t-il fait savoir. Nasfi a ajouté que son bloc ne s’est pas encore décidé quant au vote de confiance en faveur ou contre le futur gouvernement.