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Les 4 principaux axes pour l’inclusion financière : l’intégration de l’économie formelle, le decashing, la multiplication des machines automatiques et la blockchain
Le forum bancaire maghrébin, organisé par l’Union des banques maghrébines (UBM) sur le thème : «Digitalisation et inclusion financière au Maghreb», vendredi 20 décembre 2019, à Tunis, a mis en exergue la nécessité de définir une stratégie efficace pour développer le secteur financier au Maghreb en se basant sur l’inclusion financière et la digitalisation.
L’inclusion financière serait un important levier de développement des pays du Maghreb arabe, indique le président de l’UBM, Ahmed Karam.
Ainsi, il a fait savoir que 40% de la population tunisienne n’a ni un compte bancaire, ni un compte postal et parmi les 60 % restants, 9% seulement est considéré bancarisé. Ceci met en exergue la nécessité de diffuser la culture de la modernité et des nouvelles technologies et se pencher sur les opportunités du développement du secteur financier.
Il a dévoilé 4 axes principaux pour développer une stratégie efficace pour l’inclusion financière. Tout d’abord, l’inclusion financière passe par l’intégration de l’économie formelle à l’économie informelle notamment avec l’adoption de plusieurs actions financières en rapport avec la fiscalité, l’administration, la tolérance de l’ouverture des comptes bancaires…etc. Ainsi que le développement de la micro-finance comme facteur majeur de la lutte contre l’informel.
Le deuxième axe se porte sur la modernisation des moyens de paiement des impôts, qui selon Ahmed Karam, doit passer par d’autres moyens que les billets de banques en adoptant le decashing.
Le troisième axe concerne le renouvellement des services fournis par les banques en termes de multiplication des machines automatiques pour exécuter les opérations bancaires.
Le dernier axe est lié par la nouvelle technologie en optant aux nouvelles solutions de paiements tels que la Blockchain et le paiement via le téléphone portable et les « Finetech ». Ces solutions ont fait une révolution numérique en matière de paiement et de l’inclusion financière.
Ahmed El Karm a rappelé, ainsi, que les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement, Kfw) ainsi que l’Agence française de développement (AFD) poussent en ce sens, précisant qu’on a juste besoin de définir des réformes de rupture avec des délais bien précis et des stratégies rigoureuses et réalisables. « On a besoin de décider d’appliquer des réformes en matière de digitalisation et inclusion financière et ensuite les imposer rigoureusement » dit-il.
Expriment lors du Forum Bancaire Maghrébin, Le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA), Taïeb Baccouche, a réitéré la nécessité économique et financière de la digitalisation des transactions financières afin d’aboutir à une meilleure intégration des pays du Maghreb.
Il a ajouté qu’il y a des exigences pour rendre la digitalisation financière possible. Ce sont la disposition des moyens financiers et d’une structure bien définie ainsi que les mécanismes nécessaires pour la sécurité cybernétique.
Baccouche pense que la question de la digitalisation est une question aussi bien technique que philosophique dans la mesure où elle s’inscrit dans le cadre de la loi du moindre effort. Cette loi consiste à dépenser le moins possible pour obtenir la meilleure solution.
Dans cet ordre d’idées, Taïeb Baccouche invite les différents Etats du Maghreb à suivre les normes internationaux en matière de digitalisation et inclusion financière.
Il a également indiqué que l’UBM vise à proposer aux décideurs nationaux (le gouvernement) et internationaux des projets convaincants basés sur des études scientifiques et académiques. Pour cela, il travaille sur le développement de ses mécanismes et l’encouragement des jeunes à faire des études académiques sur l’intégration maghrébine.
Le gouverneur de la Banque centrale, Marouane El Abassi, a évoqué la nécessité de l’inclusion financière en mettant en lumière l’impact négatif de l’exclusion financière sur la croissance de l’économie tunisienne. Il a rappelé que le taux de la croissance en 2010 était environ 5% alors qu’il est estimé à 1% environ en 2019. Cette régression due, selon lui, à l’exclusion financière qui règne sur le marché économique tunisien depuis 2011.
« On assiste actuellement à une urgence consiste à dépasser les problèmes de la réglementation et les mécanismes financiers qui concrétisent l’exclusion financière en Tunisie» dit-il.
M. El Abassi a mentionné que les 5 banques centrales maghrébines se penchent sur 4 thématiques pour favoriser l’intégration maghrébine, ce sont Les Fintechs, l’intégration maghrébine en termes des échanges commerciaux, l’inclusion financière et bancaire et les comités d’analyses financières.
Il a réitéré l’importance de la digitalisation des services financiers et l’activité des établissements de paiement pour le decashing et l’inclusion financière. Ces établissements de paiement seront un catalyseur significatif de la démocratisation des services financiers formels et participeront à l’absorption du cash en circulation.
Imen MEHRZI