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Les affirmations de M. Fakhfakh font du chef de l’Etat un président de son électorat sans le reste des Tunisiens,
Au terme de la réunion vendredi de son bureau politique consacrée aux tractations pour la formation du nouveau gouvernement par Elyes Fakhfakh, le Parti de Qalb Tounes, deuxième plus important bloc au parlement, a exprimé son « inquiétude » quant à la démarche engagée et a appelé le chef de l’Etat à clarifier la question.
Dans une déclaration publiée après la réunion, le parti a estimé qu’il y avait « de nombreuses indications selon lesquelles cette tendance allait saper les bases du système politique énoncé dans la Constitution, car elle annule les résultats complets des élections législatives et la taille parlementaire des partis ».
Qalb Tounes a estimé que l’entame du processus de formation du gouvernement constitue « une mesure d’exclusion qui n’a rien à voir avec la pratique démocratique, ni avec le système parlementaire hybride, sur lequel le système politique en Tunisie est basé ».
Fakhfakh a affirmé lors d’une conférence de presse que le parti Qalb Tounes (représenté au Parlement avec 38 députés) et le Parti destourien libre (représenté par 17 députés) ne seront pas représentés dans le prochain gouvernement, étant donné qu’ils « ne sont pas en harmonie avec la règle » sur laquelle il a choisi de former le gouvernement.
A cet égard, Qalb Tounes a indiqué qu’il attend du président de la République une clarification concernant la « contradiction apparente » entre ce qu’il (Kais Saied) a déclaré dans sa lettre mandatant le chef du gouvernement Fakhfakh où il réaffirme l’avoir choisi « par respect pour la volonté des électeurs, hommes et femmes, lors des élections législatives », et les affirmations de Fakhfakh lors de sa conférence de presse.
« Ces affirmations font du chef de l’Etat un président de son électorat sans le reste des Tunisiens, alors qu’il est sensé être le président de tous les Tunisiens », ajoute le parti dans sa déclaration.
D’autre part, Qalb Tounes a rappelé que le mode de désignation d’Elyes Fakhfakh pour former un gouvernement « n’était pas conforme à l’esprit de la constitution et à la volonté de la plupart des partis vainqueurs représentés au Parlement », rappelant le texte de son mandat selon lequel « … le gouvernement à former ne sera pas un gouvernement du président de la République, mais plutôt celui qui obtiendra la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple … « , tandis que le chef du gouvernement désigné a affirmé lors de sa conférence de presse que le gouvernement qu’il entend former est le « gouvernement du président car il tire sa légitimité dans sa formation des résultats du second tour des élections présidentielles », « oubliant que le système politique existant dans le pays est un système parlementaire hybride dont la légitimité du gouvernement est issue de celle du parlement ».