La troupe de musique engagée « Ouyoun El Kalem » a excellé et a reçu un bel accueil d’un public nombreux lors de son concert donné le 3 février sur la scène de la maison de la culture Ibn Khaldoun dans le cadre de la seconde édition du festival arabe de musique engagée. Ce dernier se tient du 1er au 6 février 2020 aux maisons de culture Ibn Khaldoun et Ibn Rachik et à la Cité de la Culture.
Les retrouvailles y étaient heureuses avec la troupe « Ouyoun El Kalem » après pas moins de trois ans et demi d’absence de la scène artistique et des médias, comme l’a annoncé son chef d’orchestre Khemaïs Bahri. Il a ajouté que le programme du spectacle était nouveau à 80%. Et comme pour taquiner les spectateurs, il a rappelé de l’absence d’Amel Meddeb Hamrouni, l’icône de la troupe qui travaille actuellement à l’étranger et qu’il a dû remplacer par sept chanteuses et choristes ! Elles sont, par ailleurs, pourvues de belles voix. La majorité des chansons proposées étaient composées par Khemaïs Bahri, alors que les paroles sont de Taieb Bouallègue et Ahmed Matar.
Les nouveautés de la troupe n’étaient pas seulement les chansons inédites, mais aussi leur style marqué par la concision et rappelant le Haïku dans la poésie, comme avec les chansons « Oumniyet», « Ilhah» et « Ihtiyat. » Et il y’avait d’autres nouvelles chansons-hommage, comme celui à Maya Jeribi sur des paroles de Naceur Redissi et de Khemaïs Bahri écrites avant et après la disparition de Maya. D’autres symboles de la lutte politique et de la chanson engagée, partis eux aussi, y sont évoqués dans cette chanson par Khemaïs Bahri. L’incontournable chanson « Laou ennada » de « Ouyoun El Kalem », était au programme, ainsi que des chansons de Cheikh Imam qui permettaient de se rappeler et de se replonger dans les atmosphères des AG aux campus et aux grèves des étudiants, ainsi que celles des ouvriers.
Un autre hommage, celui à Lina Ben Mhenni, partie récemment trop jeune, était rendu à travers la chanson : « Lina » de Houda Haddad, la propre sœur de Fairouz. Ce festival a amené des troupes et des chanteurs tunisiens et arabes qui ont brillé particulièrement durant les années soixante dix, quatre vingt et quatre vingt dix du siècle dernier et qui continuent dans la même lignée et avec la même verve. Il s’agit du Trio Joubran, de Palestine, Mustapha et Sana, d’Irak, Ahmed Gaabour, d’Egypte. Leur credo : l’engagement contre la dictature, le militantisme par la voie de la poésie et de la musique. De plus, la rencontre entre jeunes d’hier et d’aujourd’hui a un même objectif celui de défendre l’engagement politique contre l’oppression et les exactions et pour défendre les bonnes causes, en premier la cause palestinienne.
« Ouyoun El Kalem » est née, non pas après une séparation, mais une scission naturelle entre elle et la troupe d’« El Bahth El Mousiqi » de Gabès. Cette dernière s’active à Gabès, alors que « Ouyoun El Kalem » est installée à Tunis. Bon vent !
L.B.K