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On attendait un discours d’homme d’Etat de M. Fakhfakh, mais ce fut un simple « SMIG » d’annonce de mesures après 24 heures de retard
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Kaïs Saïed s’inscrit aux abonnés absents et dort sur ses lauriers entre Mnihla et Carthage
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Oui à l’union sacrée et à la solidarité nationale, mais que les dirigeants responsables, chacun à son niveau, donnent l’exemple !
En ces moments où la Tunisie fait face, à l’instar des autres pays du monde entier, à la plus grave crise de l’histoire moderne, en l’occurrence la prolifération du Coronavirus, devenu carrément une pandémie mondiale comme l’a classé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il est bon de procéder à une analyse, voire une évaluation du rendement de nos nouveaux gouvernants.
Il est bon de souligner l’impact négatif du Covid-19 sur l’action de la nouvelle équipe gouvernementale, appelée à faire face, à l’origine, à une conjoncture politique, sociale, économique, financière fort inextricable. Du coup, elle se retrouve dans l’impératif de gérer une situation imprévue et de parer au plus pressé avec tout ce que cela implique comme dépenses supplémentaires urgentes, un ralentissement du développement et de la croissance dans tous les secteurs de la dynamique nationale.
On attendait une réaction énergique et des mesures à caractère exceptionnel de la part du chef du gouvernement qui s’était auto-encensé de tous les qualificatifs et autres superlatifs : La personnalité la plus forte, le personnage le plus honnête et le plus propre, le personnage le plus compétent, et… et… on en passe !
On attendait des décisions fortes dans le sens où à une situation exceptionnelle, un traitement exceptionnel. Surtout qu’on nous avait parlé, plusieurs heures à l’avance, d’une adresse au peuple et à la Nation.
Or, si l’annonce a été marquée, certes, par des décisions fermes sur le fond tout en étant attendues et prévues, elle été, sur la forme et sur le ton, d’une mollesse extrême. On était trop loin de l’enthousiasme et de l’émotion, indispensables, dans ce genre de circonstances, pour espérer passer la « contagion » nécessaire aux autorités concernées et aux citoyens pour les motiver à répondre aux consignes avec conviction
Tout d’abord, les observateurs s’interrogent sur le pourquoi du retard de l’intervention du patron de La Kasbah. En effet, puisque de l’aveu même de M. Fakhfakh, les décisions étaient prises et arrêtées lors du Conseil ministériel de la veille, pourquoi avoir attendu près de 24 heures pour les dévoiler ?
Probablement pour leur conférer un caractère solennel et pour en laisser la primeur au chef du gouvernement, ce qui nous rappelle des pratiques d’un certain temps pas très reluisant. Or, dans une conjoncture aussi exceptionnelle, était-il pertinent d’attendre 24 heures avant d’annoncer les décisions ? N’aurait-il pas été plus judicieux de rédiger un communiqué et en faire une lecture en boucle, par une voix ferme et émotive, toutes les heures à travers les différentes chaînes radiotélévisées ?
En tenant à annoncer les décisions en personne, le chef du gouvernement a voulu, probablement, tirer la couverture à lui car entre la prise des mesures et leur annonce, il y a tout un monde. A titre d’exemple, le président français, Macron, a fait un vrai discours à la Nation, un discours de près d’une demi-heure, empreint de grande fermeté et d’émotivité et plein d’aveux d’insuffisance et d’allusion à de futurs temps difficiles ainsi que d’appels à la mobilisation générale en usant de termes frappants tel celui évoquant « un mal jamais connu durant tout le siècle passé…
Sans oublier les hommages rendus à tous les personnels impliqués dans cette lutte contre le virus, plus particulièrement celui médical des deux secteurs privé et public…Sans oublier les projections sur l’avenir à propos des implications économico-financières, notamment pour les entreprises avec les grandes lignes, mais concrètes, pour la reprise d’après l’éradication du fléau.
Aucune mesure prouvant l’existence d’une véritable vision prospective. Autrement dit, on continue à naviguer à vue. Et au lieu d’étudier les différentes éventualités pour disposer de provisions en faveur de l’effort sanitaire, le ministre de la Santé n’a pas trouvé mieux que de proposer l’exploitation des dépenses prévues pour les manifestations culturelles et artistiques, annulées.
Pourtant, n’aurait-il pas mieux valu proposer la mobilisation pour des dons spontanés et facultatifs entre une et trois journées de travail, à verser dans un compte spécial pour faire face aux dépenses supplémentaires et, probablement, assez élevées en faveur de l’effort sanitaire, en particulier, et national, en général.
On signale, déjà, le lancement des appels dans ce sens dont de la part d’Ennahdha et de Rached Ghannouchi et d’autres voix éparses de certains députés.
Nous sommes persuadés que les Tunisiennes et les Tunisiens répondront présents à l’appel du devoir et feront preuve d’un formidable esprit de solidarité. Sachant qu’à ce propos, le chef du gouvernement devrait, le premier, donner l’exemple en se limitant à la nomination d’un seul directeur de cabinet, au lieu de le faire flanquer d’un chef de cabinet sachant que les deux candidats semblent tenir à leur « récompense » après avoir servi dans le « cabinet » chargé de l’aider dans la formation du gouvernement.
Sans oublier que l’actuel patron de La Kasbah semble privilégier l’adage voulant que les « proches » soient les premiers à être récompensés, d’où le constat qu’un grand nombre de personnes faisant partie de la garde rapprochée de M. Fakhfakh appartiennent, soit au parti Ettakatol, soit à une région bien déterminée du pays ! Ce qui est le cas, parmi au moins une dizaine d’autres, de Fethi Ettouzri, Hédi Dammak et Khalil Chtourou.
D’autre part, on s’interroge sur la forte personnalité du chef du gouvernement qui court au Palais du Bardo chaque fois qu’il y est « convoqué » par Rached Ghannouchi qui n’hésite pas à y convoquer n’importe quel ministre comme il l’a fait avec Noureddine Errai, ministre des Affaires étrangères, censé être rattaché au président de la République.
Quant aux ministres du nouveau gouvernement, même s’il est encore trop tôt d’en parler, il est utile de constater qu’ils ont tout fait pour paraître en public en hâtant les inaugurations de projets déjà prêts et dans lesquels, ils n’avaient aucun apport ni mérite et faire des déclarations positives sur l’entame de leurs missions alors que d’autres, ceux d’Attayar, en particulier, veulent gagner en popularité en exprimant leur détermination à faire de la lutte contre les corrompus, leur priorité…
Mais la grande déception nous vient du président de la République, Kaïs Saïed, qui semble dormir sur ses lauriers entre Mnihla et Carthage, alors que ses sorties et ses déclarations enflammées, mais frisant le « charabia », sont incompréhensibles tout en étant contraires voire carrément contradictoires avec les dispositions de la Constitution
Quand il dit que « vraie Constitution est celle écrite par les jeunes sur les murs », quand il harangue la foule e, appelant tout un chacun dans chaque délégation à faire la loi dans sa localité », quand il s’adresse aux citoyens pour leur dire : C’est vous qui voulez, c’est le peuple qui veut », cela veut dire, tout simplement, une incitation à l’anarchie et à la pagaille !
Quand un chef d’Etat « refuse » de recevoir l’envoyé spécial d’un président de la République du plus grand pays arabe, l’Egypte dans le cas d’espèce, alors qu’il reçoit, en grandes pompes, des chefs de tribus sans statut officiel et qui s’avèrent, par la suite, des « faux », on appelle cela, de l’amateurisme et d’une méconnaissance totale des prérogatives d’un chef d’Etat qui s’inscrit aux abonnés absents en cette crise la plus tragique, qualifiée de celle du siècle…
En tout état de cause, on est en droit de se demander comment les Tunisiennes et les Tunisiens ont pu se faire berner pour plébisciter un personnage, certes, un honnête enseignant universitaire, propre et respecté pour sa droiture ?! En effet, cela suffit-il pour faire un « bon » chef d’Etat qui, au bout de 5 mois d’exercice n’a pas prononcé une phrase utile pour la marche des affaires de la Tunisie !
En ces temps où la Tunisie vit des heures cruciales pour son avenir, les Tunisiennes et Tunisiens veulent et, vraiment, « veulent » des gouvernants efficaces, compétents, sans calculs étroits, l’heure étant plus que grave. Elle est gravissime, dramatique et tragique surtout si on voit dans des pays juste à côté et autrement plus avancés et puissants que le nôtre, les contaminations s’accélèrent et se comptent, désormais, quotidiennement par centaines voire milliers avec leur triste lot de décès.
Bien sûr, certains vont dire que les temps sont à l’union sacrée et à la solidarité nationale et nous en convenons, mais nous préférons tirer, en même temps, la sonnette d’alarme afin que les dirigeants responsables, chacun à son niveau, fassent preuve, en premier, d’esprit de solidarité et de responsabilité dans l’accomplissement de leur devoir.
Noureddine HLAOUI