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Tarek Fetiti va jusqu’à menacer d’un retrait de confiance de M. Fakhfakh
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« Le chef du gouvernement a menti quand il a dit qu’il s’était concerté avec le président de l’ARP… »
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Carthage : « Il est impératif, pour chaque pouvoir, de respecter ses propres fonctions, sans interférence ou surenchères politiques… »
Au moment où les appels fusent de toutes parts appelant à la cessation des tiraillements politiques et à l’adoption d’un esprit de solidarité nationale, les responsables au plus haut niveau continuent à se chamailler et à se dénigrer.
C’est dans cet ordre que les trois présidences doivent donner l’exemple en assurant la plus grande concertation et la meilleure synchronisation possible entre elles avec des informations coordonnées afin de tranquilliser les citoyens et leur fournir un brin d’espoir et d’optimisme.
Au lieu de tout cela, nous assistons à des querelles et des scandales indignes de responsables à la tête des institutions. Ainsi, après la réunion chapeautée par le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avec les chefs des blocs parlementaires, et ayant abouti à la constitution d’une cellule de crise, une invitation a été adressée au chef du gouvernement pour faire un exposé sur la situation de la propagation du Coronavirus dans le pays.
Pour sa part, Elyès Fakhfakh a annoncé, tard dans la soirée du lundi 16 mars 2020 une nouvelle série de mesures pour endiguer le fléau, et ce après avoir été reçu par le président de la République. Cette audience a été une occasion pour afficher, publiquement, des dissensions entre les trois présidences.
En effet, le communiqué rendu public à l’issue de cette entrevue, précise que « les deux parties ont mis l’accent sur l’importance de la complémentarité de l’action des institutions de l’Etat au service de l’intérêt des citoyens et l’impératif, pour chaque pouvoir, de respecter ses propres fonctions, sans interférence ou surenchères politiques… ».
Mais le pic de ces disputes a été enregistré à la suite du refus de Fakhfakh de répondre à l’invitation de l’ARP. C’est ce qui a poussé le 2ème vice-président de l’ARP, Tarek Fetiti, à publier, ce mardi 17 mars 2020, un statut sur sa page officielle Facebook et à travers lequel il s’est adressé, au président de la République, Kaïs Saïed, au président de l’ARP, Rached Ghannouchi et au chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, les appelant à dépasser leurs désaccords face à la crise sanitaire enregistrée dans le pays.
Tarek Fetiti a eu le courage de dire qu’il s’est trouvé dans l’obligation d’enfreindre l’obligation de réserve et d’annoncer que « le chef du gouvernement n’a pas « daigné se présenter à la réunion du bureau de l’ARP et des présidents des blocs parlementaires et qu’il a menti lors de ses deux discours quand il a dit qu’il s’était concerté avec le président de l’ARP… ».
En plus de cette accusation trop grave avec M. Fakhfakh, M. Fetiti a carrément dénoncé les propos tenus dans le communiqué officiel de la présidence de la République où Kaïs Saïed avait appelé à ce que les le travail des institutions étatiques au service des citoyens se fasse « dans le respect des compétences de chaque pouvoir, sans ingérence, conflit ou spéculation politique ».
Tarek Fetiti a ajouté que le chef de l’Etat n’avait pas à faire étalage des différends internes au grand public.
Et le plus grave dans le statut du 2ème vice-président de l’ARP réside dans la menace qu’il n’a pas hésité à brandir quant à un éventuel retrait de confiance, en rappelant que l’ARP détient ce pouvoir si elle estime que les intérêts des citoyens sont jeu… »
Bon à rappeler que la réaction générale de l’opinion publique et des experts a été négative face aux mesures énoncées par Elyès Fakhfakh, certains allant jusqu’à dire qu’il n’aurait pas dû faire cette apparition, sans oublier les autres réactions et commentaires à travers les réseaux sociaux tournant en dérision le comportement de Kaïs Saïed lors de cette crise en s’illustrant tristement par une absence incompréhensible.
En tout état de cause, il est bon de souligner les efforts gigantesques et positifs des cadres du ministère de la Santé, avec une mention spéciale pour Nissaf Ben Alaya et Chokri Ben Hammouda. Par contre il est malheureux de constater l’attitude effacée du président de la République, pourtant, premier responsable de la sécurité nationale et qui a maintenu le flou quant à sa sortie publique jusqu’au dernier moment pour communiquer sur la crise, et du chef du gouvernement qui continue à faire preuve d’une grande autosuffisance et, surtout de prouver qu’il est trop loin d’être « la personnalité la plus forte en Tunisie », comme il l’a prétendu !
Au contraire, M. Fakhfakh prouve, chaque jour, qu’il continue à « se confiner » dans l’ombre de Kaïs Saïed de laquelle il ne peut pas se départir
Noureddine HLAOUI