Par Khalil Lajimi
La crise liée à la pandémie Covid-19 apportera des changements radicaux dans le fonctionnement de l’économie mondiale. Plus rien ne sera comme avant ! Soyons optimistes et préparons-nous. Mais aussi et surtout anticipons et mettons-nous au travail sérieusement. Ces changements apporteront des opportunités à la Tunisie. Il faudra les saisir. La fenêtre de tir sera limitée dans le temps. Profitons de cette nouvelle conjoncture pour atteler notre économie au wagon des pays qui avancent.
Les chaînes d’approvisionnement, perturbées et parfois rompues, vont être totalement repensées. Elles seront recentrées et relocalisées. Le but c’est de les rendre plus résilientes pour éviter les ruptures. Les flux tendus basés sur une logistique avec des délais de route de plus de trente jours vont se réduire drastiquement.
Le maillage des activités économiques entre la Chine et les pays occidentaux changera. C’est une opportunité pour la Tunisie. Pour leurs approvisionnements en produits manufacturés, les opérateurs économiques européens regarderont de nouveau vers la Tunisie. Mais pas uniquement.
Nous devons nous y préparer. L’industrie manufacturière (l’habillement, la chaussure, les composants automobiles, les composants aéronautiques, l’électronique, l’agroalimentaire…) bénéficiera de ce recentrage de l’activité en Europe.
Préparons-nous, préparons notre tissu industriel par de la formation, la mise à niveau des entreprises, la réhabilitation et l’extension des zones industrielles, la fluidification de nos ports et de nos infrastructures logistiques.
C’est une chance pour réindustrialiser notre pays. On pourrait revenir rapidement à 20 points de PIB pour l’industrie manufacturière, sans tenir compte que cette dynamique a sur les services liés. C’est aussi une chance pour l’emploi et surtout l’emploi des jeunes diplômés.
L’année 2020 sera une année difficile pour l’économie nationale. On sera certainement en récession. La BCT a baissé son taux directeur de 100 points de base à 6,75%. Elle a encore de la marge, entre 75 et 100 points de base, pour revenir vers une politique monétaire neutre, ni restrictive ni accommodante. Elle a surtout ouvert le robinet de la liquidité aux banques qui devraient relayer cette mesure aux entreprises.
Là, les banques demanderont certainement la garantie de l’Etat et c’est à ce niveau qu’entrerait en jeu la politique budgétaire. Oublions la rigueur budgétaire pour 2020, oublions le sacro saint dogme des 3% de déficit budgétaire.
Aidons nos entreprises à passer ce cap, aidons nos entreprises à saisir les opportunités qui se présentent sur le marché européen. L’Etat demandera, en contrepartie, le maintien de l’emploi. Il est exclu de procéder à des ajustements de l’emploi au sein des entreprises. C’est un devoir de solidarité nationale.
C’est au creux de la vague qu’il faut investir.
NDLR : Nous poursuivons la publication des contributions des experts et des spécialistes en économie et en finances sous formes d’analyses et de propositions en cette période exceptionnelle que traverse la Tunisie et pour l’avenir après la crise engendrée par le Coronavirus.
A vos plumes et Merci pour votre apport.