Ils se réjouissent de ce qui se passe en France. Le président français est devenu la bête noire de tous les populistes qui lui reprochent ses positions pro-européennes et libérales.
Les « gilets jaunes » ne se réclament de personne, ne se reconnaissent pas en eux. Mais la réciproque n’est hélas pas vraie.
C’est Donald Trump qui a ouvert le bal, se rêvant carrément en guide suprême des manifestants français.
Hier, sans doute posté devant Fox News, qui a eu un traitement bien particulier des manifs, il balançait deux tweets comme d’autres des pavés, pour répéter que ce qui se passait à Paris est bien la preuve que les accords de Paris sur le climat étaient mauvais, et que… les « gilets jaunes » scandaient… « Nous voulons Trump ».
Mardi dernier, sur Twiter, le président américain s’était déjà moqué de « son ami Emmanuel Macron » et des concessions faites sur les taxes sur les carburants, jugeant déjà que c’était bien la preuve que les accords de Paris étaient voués à l’échec et qu’il avait eu bien raison de les dénoncer.
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« Paris brûle »
« Paris brûle », s’est de son côté enthousiasmé samedi à Bruxelles Steve Bannon, l’ancien sulfureux conseiller de Donald Trump qui s’est aujourd’hui donné pour mission de faire éclater l’Europe et de fédérer toutes les extrêmes droites européennes.
Devant Marine Le Pen et un aréopage de leaders populistes de droite, il a donné raison à Trump, estimant que « les gilets jaunes sont exactement le type de personne qui a élu Trump et voté le Brexit. C’est un conflit mondial. »
Gert Walders, le leader d’extrême droite néerlandais, a tweeté un gilet jaune.
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En Serbie, c’est un député d’extrême droite qui a endossé un gilet jaune au sein même du parlement pour protester contre les hausses de carburants, tout en reprochant au président serbe d’être un ami d’Emmanuel Macron. Le président turc Erdogan, qui s’y entend en matière de répression ne s’est pas privé de dénoncer les violences policières exercées contre les manifestants.
En Italie, le ministre Matteo Salvini, le nouvel homme fort du pays, qui n’a jamais caché son inimitié pour Macron, ne cache pas sa joie face aux déboires du Français. Il s’est réjoui sur Twitter d’avoir des supporters parmi les gilets jaunes avant d’ajouter
« Macron n’est plus un problème pour moi, mais un problème pour les Français. »
Le président français est devenu le symbole de toutes les valeurs qu’ils détestent.
Internationale populiste
C’est un Russe qui résume le mieux la pensée de cette internationale populiste. Dans un message posté sur Facebook, relevé par la journaliste d’investigation Olga Lautman, le leader néo-fasciste Aleksander Dugin, un activiste sulfureux, fondamentalement anti libéral, imprégné de sciences occultes et d’ésotérisme, souvent considéré comme le cerveau de la politique étrangère de Poutine, notamment dans le dossier ukrainien, a parfaitement résumé dans un post Facebook leur état d’esprit :
« Macron représente Rothschild, Soros, la finance internationale, la gauche libérale, la mondialisation, la haine de la France et de l’identité européenne, Bernard-Henri Lévy, plus d’immigration, plus de mariages gays, la hausse des prix, la destruction de la classe moyenne, le gouvernement global et cosmopolite. Si vous êtes pour tout ça, ne venez pas à Paris, ne participez pas aux manifestations des gilets jaunes… Mais si ce n’est pas le cas, s’il vous plait, rejoignez-nous. Aujourd’hui, le monde entier est divisé. Vous êtes gilet jaune, ou vous faites partie des (esclaves) de la Macronie mondialisée » écrit il en anglais.
Avant d’ajouter en français dans le texte, « Vive la France, vive le peuple français, à bas la tyrannie »… Il semblerait que le message ait été posté depuis Moscou, et personne n’a vu Dugin dans les rues de Paris. Mais visiblement, l’intention y était.
Faux comptes Twitter
Comme l’a révélé le quotidien britannique « The Times », Selon la société de cybersécurité NewKnowledgeAI, de faux comptes liés au Kremlin, ou véhiculant en tout cas des idées favorables à Poutine, amplifient la diffusion des messages et de fake news sur les manifestations et poussent au chaos. En analysant 600 comptes twitter proches des vues du Kremlin, les analystes ont constaté que le hashtag #gilets jaunes arrivait en tête.
(D’apès L’Obs : Natacha Tatu)