Par Ridha Kechrid*
La situation est sérieuse avec l’augmentation exponentielle du nombre de cas de COVID-19 constatés.
Jusqu’à vendredi dernier et l’intervention du chef de l’Etat puis celle du chef du gouvernement, les gens ont beaucoup tardé à prendre conscience de la gravité de la situation.
Il y avait une forme d’insouciance, beaucoup de personnes n’hésitaient pas à affirmer que ce n’était pas si grave par rapport à la grippe saisonnière ou encore: ils nous refont le coup du H1N1. Les cafés, les grandes surfaces, les souks, les stades, regorgeaient de monde et les mesures d’hygiène de base n’étaient pas respectées.
Ce n’est pas le virus qui circule dans le pays, ce sont les hommes et femmes qui le font circuler.
Si le nombre de cas constatés ne semble pas particulièrement élevé, la rapidité de propagation du virus est inquiétante : l’Italie est passée de 20 cas constatés le 21 février à 1694 cas le 1er mars et 21157 le 14 mars.
La particularité de cette épidémie est que la diffusion du virus peut se faire par des porteurs sains qui n’ont aucun symptôme. Il convient de rappeler que pour le SRAS (épidémie de 2003 du syndrome respiratoire aigu sévère), le malade n’était pas contagieux avant l’apparition de la fièvre.
Dans le cas du COVID-19, les personnes infectées sont contagieuses plusieurs jours avant l’apparition des premiers symptômes. Cette notion n’a été comprise qu’à la fin janvier et pour plusieurs épidémiologistes, la pandémie paraissait inéluctable.
Cependant il est possible d’éviter le pire. Les discours des deux chefs de l’exécutif ont constitué, je l’espère, un électrochoc qui était nécessaire.
Les mesures de confinement étaient indispensables pour contenir l’épidémie qui avance à une cadence exponentielle. Le confinement appliqué d’une manière rigoureuse peut réduire la violence de la vague qui arrive et limiter l’engorgement des structures sanitaires qui risquent d’être débordées.
Les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités (malgré quelques insuffisances), tout le monde doit désormais prendre les siennes: ce n’est pas l’Etat qui va détruire le virus, si chacun d’entre nous respecte un confinement strict avec discipline et rigueur, que l’on accepte quelques semaines de privation de liberté relative, le taux de contamination peut descendre suffisamment pour casser la dynamique exponentielle de l’épidémie.
Il faut attendre trois semaines pour évaluer les résultats du confinement et des mesures associées, entretemps, le développement de l’épidémie devrait malheureusement rester exponentiel. Nous sommes envahis par un ennemi invisible que nous devons combattre dans le cadre d’une mobilisation générale.
La Chine, avec des moyens autoritaires, a mis en place, après une courte période d’hésitation, une stratégie vigoureuse d’endiguement de l’épidémie qui a bien fonctionné: il a fallu quatre semaines pour que les mesures drastiques de confinement commencent à casser la dynamique exponentielle de l’épidémie.
En définitive, notre meilleure arme reste, à ce jour, le confinement: en limitant au maximum ses interactions sociales, on peut stopper la propagation du virus, il faut rester chez soi, ne plus voir ses amis, ni sa famille à l’exception de son conjoint et de ses enfants. Le mot d’ordre est clair: rester chez soi, rester chez soi, rester chez soi.
*Consultant médical, ancien ministre de la Santé