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Fakhfakh peut-il emboîter le pas à son ministre des Finances quant à la situation sombre de l’économie et des finances du pays ? Ou bien va-t-il ménager son prédécesseur à qui il doit sa place à La Kasbah ?
La Tunisie continue de bénéficier d’un élan de sympathie et de solidarité que rarement un autre pays en a bénéficié, dans le sens où à peine les besoins exprimés pour faire face à la crise sanitaire générée par la propagation du Coronavirus que plusieurs parties parmi les bailleurs de fonds se sont manifestées pour annoncer des programmes d’aides financières assez consistantes.
D’abord, le Fond monétaire international (FMI) qui, après avoir bloqué les dernières tranches, a annoncé le déblocage, en l’espace des deux ou trois semaines prochaines de la bagatelle de 400 millions de dollars, soit l’équivalent de 1200 millions de dinars tout en délaissant les précédentes exigences et en faisant inclure le volet social lors d’éventuelles prochaines négociations.
L’Union Européenne vient de décider, de son côté, le décaissement immédiat de 25 millions d’euros, soit m’équivalent de près de 800 millions de dinars alors que l’Italie a octroyé 50 millions d’euros, soit l’équivalent de 180 MD environ.
Les dons au Fonds 1818 consacré au financement de la crise du Covid—19 a collecté 200 millions de dinars dont 112 MD provenant des banques nationales qui pourraient en offrir davantage dans les jours qui viennent.
A tout cela, on ajoute le plus à gagner par la Trésorerie tunisienne de la chute spectaculaire du prix du baril de pétrole et dont certains experts évaluent jusqu’à 2700 millions de dinars. Soit une enveloppe globale de plus de 5 milliards de dinars.
Ainsi, l’Etat tunisien va pouvoir manier le double de la somme qu’il a estimé nécessaire pour faire face à la crise du Coronavirus. C’est le moment, aussi, que le chef du gouvernement, qui avait fait ces estimations en précisant qu’il va falloir piocher dans les fins fonds des réserves et qu’il ne faudrait pas parler de croissance, est appelé à faire une sortie et à faire un nouvel état des lieux.
Bien entendu, ceci ne veut nullement qu’on est sorti de l’auberge. Loin de là, des journées difficiles sont encore à prévoir, mais l’étau semble se desserrer un peu surtout si des lueurs d’espoir de sortie assez proche de la crise sanitaire venaient à se dessiner.
Outre la situation découlant du Coronavirus, M. Fakhfakh devrait, impérativement, éclairer l’opinion publique sur la situation héritée du gouvernement Chahed qui l’avait qualifiée comme plein de clignotants au vert alors qu’elle décrit comme «sombre et calamiteuse » par le ministre des Finances. On sait très bien que le chef du gouvernement actuel doit sa place, entre autres, à son prédécesseur, mais là il s’agit de dire la vérité, rien que la vérité au peuple et suivre l’exemple de Nizar Yaïch, pour pouvoir poursuivre la gestion des affaires de l’Etat dans la transparence et la confiance.
Noureddine HLAOUI